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Eglise protestante mā'ohi : Oui au don d'organes, non au mariage homosexuel


Le 135e synode de l'Eglise protestante mā'ohi a fermé ses portes dimanche, à Moorea.
Le 135e synode de l'Eglise protestante mā'ohi a fermé ses portes dimanche, à Moorea.
MOOREA, le 28 juillet 2019 - Le 135e synode de l'Eglise Protestante Mā'ohi s'est clôturé ce dimanche, à Moorea, devant plusieurs centaines de fidèles. Divers thèmes ont ainsi été abordés durant la semaine : le don d'organes, l'homosexualité ou encore le nucléaire.

La salle omnisport de Afareaitu était bondée de monde, ce dimanche, pour la fermeture du 135e synode de l'Eglise Protestante Mā'ohi.

Durant une semaine, pasteurs, porte-paroles de chaque paroisse, représentants des divers comités, membres dirigeants de l'Eglise se sont retrouvés à Moorea pour définir les actions futures qui seront menées, ces prochains mois, ici et là. Si quelques pasteurs ont reçu leur affectation, d'autres ont pris leur retraite, à l'issue de cette grande rencontre.

Cette année, plusieurs thèmes ont été abordés : le don d'organes, l'homosexualité, le nucléaire ou encore la vie au sein de l'Eglise. En ce qui concerne le don d'organes, l'Eglise approuve cette pratique. En revanche, pour le mariage homosexuel, l'Eglise ne change pas de position. "Les couples homosexuels font ce qu'ils veulent, nous n'avons pas à leur dicter leurs actes. Par contre, l'Eglise refuse d'unir ces personnes. Nous restons sur ce que Dieu a fait, l'homme et la femme", déclare François Pihaatae, président de l'Eglise protestante mā'ohi.

Le prochain synode se tiendra à Mahina, l'an prochain.


Les thèmes abordés durant le synode

Le statut libre et libérateur de l'Eglise

L'Eglise Protestante Mā'ohi est libre depuis le 1er septembre 1963, c'est la raison pour laquelle le synode encourage "les fidèles à protéger la dignité du peuple en se servant de la vérité et de la justice, comme moyen de libération du peuple mā'ohi."

La mondialisation

La mondialisation est un monde nouveau généré par les riches. Elle est porteuse de mort et de souffrance pour le peuple mā'ohi, elle détruit sa dignité, ainsi que la fondation œuvrée par Dieu. Ce phénomène a aggravé la fracture sociale entre les riches et les pauvres. Le synode exhorte donc, les leaders de ce pays à assumer leur rôle de parent et de sauveur. Il exhorte aussi le gouvernement à ne pas céder aux tentations, mais à respecter le peuple.

La baisse de la natalité

Le synode rappelle que chaque naissance est une bénédiction de Dieu. Le synode appelle les parents à aimer leurs enfants, à les éduquer et à les encourager à fonder leur propre famille. Le synode exhorte aussi la jeunesse à aimer son identité.

Secourir le malade par le don d'organes

Le synode approuve la pratique du don d'organes. Il recommande, cependant, le respect de la liberté individuelle et l'autorisation des familles pour le don d'organes.

Le synode refuse, par contre, l'application des dispositions de la loi votée en 2016 modifiant la partie législative du code de la santé publique : "Ce prélèvement peut être pratiqué sur une personne majeure, dès lors, qu'elle n'a pas fait connaitre, de son vivant, son refus d'un tel prélèvement".

Nucléaire

Le synode veut que l'Etat français reconnaisse sa responsabilité dans ce dossier. Il veut aussi que l'Etat facilite la mission des experts envoyés par l'ONU à Mā'ohi Nui, à la demande du gouvernement local. Ces experts étudieront la contamination nucléaire au fenua.

Autre demande de l'Eglise, l'abrogation de la loi Morin, "qui n'indemnise pas les victimes". "Le synode accorde toute sa confiance à nos élus au parlement, pour qu'une nouvelle loi soit adoptée, afin de favoriser une réelle indemnisation des victimes."

L'Eglise demande également au gouvernement à ce que le 2 juillet soit un jour férié.


Interview de

François Pihaatae
Président de l'Eglise Protestante Mā'ohi

"Notre combat est de dénoncer ce qui ne va pas dans notre pays"


Parmi les nombreux thèmes abordés, la semaine dernière, on retrouve le don d'organes. Qu'est-ce-que le synode a décidé dans ce domaine ?
"Le don d'organes est un moyen qui permet de sauver une vie. Il y a des malades qui ont des problèmes avec leurs reins, par exemple, eh bien, ils peuvent bénéficier d'un don d'organes venant d'une personne décédée. L'Eglise s'est donc basée sur l'écriture biblique, où Jésus dit : "Ceci est mon corps, ceci est mon sang". Il nous a donné la vie. L'Eglise est donc en adéquation avec cette opération. Cependant, la décision finale revient à la personne qui souhaite faire don de ses organes, cela ne revient pas à la famille, ni à l'Eglise. Nous sommes là pour encourager uniquement le donneur."

Vous avez abordé également l'homosexualité. Qu'avez-vous décidé à ce sujet ?
"Nous n'avons rien décidé à ce sujet. Les couples homosexuels font ce qu'ils veulent, nous n'avons pas à leur dicter leurs actes. Par contre, l'Eglise refuse d'unir ces personnes. Nous restons sur ce que Dieu a fait, l'homme et la femme. Mais chacun est libre de faire ce qu'il veut. Nous n'interdisons pas non plus ces personnes à se joindre aux différentes actions de l'Eglise. On en a dans notre religion, et nous les respectons."

Au sujet du nucléaire ?
"Lorsque nous nous sommes rendus à l'ONU au mois de juin, nous avons demandé à ce que les essais nucléaires et ses conséquences restent d'actualité. Cela fait partie de notre histoire, et notre jeunesse a le droit de connaitre ce qu'il s'est passé au fenua. Et c'est la raison pour laquelle, nous avons demandé à l'Etat et au gouvernement local de reconnaître tous ces méfaits qui ont été faits chez nous. Il faut qu'ils acceptent aussi de faciliter l'accompagnement des anciens travailleurs de Moruroa, qui sont malades. Ils sont 5 000 personnes à être inscrites au sein de l'association Moruroa e Tatou, et aujourd'hui, il n'y en a plus que 500 qui sont encore en vie. Il y a des malades aussi dans leurs familles et ils n'ont aucune aide. L'Eglise demande à ce que la loi Morin soit annulée, elle est la cause du retard dans la procédure d'indemnisation des victimes du nucléaire. Nous demandons à ce qu'une nouvelle loi soit mise en place, afin de faciliter l'aide de ces personnes. Si on ne nous écoute pas ici, eh bien, nous continuerons de nous rendre à l'ONU. C'est une étape importante pour nous, pour que le monde entier voie ce qu'il se passe chez nous. Lorsque le gouvernement local s'y rend, il ne parle qu'en faveur de la France."

Quel est votre bilan en tant que président de l'Eglise ?
"Ce qui est important à retenir, c'est cette unité que l'on retrouve au sein des membres qui composent le synode. Chacun a sa vision, mais tout le monde a réussi à trouver un consensus. Durant quatre ans, je serai à la tête de l'Eglise, et je compte avancer avec tout le monde. Nous sommes là, pour accompagner nos fidèles et pour prendre les bonnes décisions. Depuis que l'Eglise protestante mā'ohi est libre, eh bien, notre combat est de dénoncer ce qui ne va pas dans notre pays."



La parole à

Taarii Maraea
Ancien président de l'Eglise protestante mā'ohi

"Nous continuerons nos actions, même si on ne veut pas nous écouter"


Quel est votre bilan pour ce 135e synode ?
"Tout s'est bien passé. Une nouvelle page va être écrite."

Quels sont vos projets ?
"Je rentre sur Tahaa, fin août, pour diriger l'école pastorale et pour m'occuper des paroisses de Vaitoare et Poutoru. Je pense que c'est le plus beau moyen pour finir ma mission au sein de l'Eglise. J'ai confiance en François Pihaatae, c'est une personne fiable et juste. C'est un homme courageux et il sait ce qu'il a à faire."

Quel serait votre message ?
"Le plus important est de réunir tous nos fidèles. La tâche ne sera pas facile, certes, mais il va falloir tout mettre en œuvre pour que cela se réalise. Et puis, au sujet du nucléaire, nous continuerons nos actions, même si on ne veut pas nous écouter."




le Dimanche 28 Juillet 2019 à 19:09 | Lu 2478 fois