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Edouard Fritch veut rassurer les syndicats de salariés


PAPEETE, le 13 janvier 2016. Edouard Fritch a adressé ce mercredi ses vœux aux syndicats de salariés. Il a rappelé que le code du travail devra être revu et que la réforme de la Protection sociale généralisée deviendra "active" cette année.

Code du travail
Edouard Fritch a souligné que le code du travail devra être adapté "aux mutations de la société et de l’économie polynésiennes". Il a listé trois objectifs. Le premier "est de promouvoir la santé et la sécurité au travail pour sécuriser les parcours professionnels et réduire significativement les dépenses de santé". Le deuxième objectif est "de promouvoir le dialogue social pour une évolution cohérente et équitable du droit du travail". Edouard Fritch a ainsi insisté sur le fait que "le gouvernement s’attachera à redonner toute sa place à la concertation globale tripartite, qui a été réunie sept fois en 2015".

Le troisième objectif est de "combattre le travail illégal" afin de mettre fin à " la concurrence déloyale entre les entreprises respectueuses du droit et les autres, de protéger les salaries employés illégalement en les rétablissant notamment dans leurs droits à la retraite et aux indemnités journalières et de participer à l’équilibre des finances publiques ainsi qu’au redressement des comptes sociaux de la CPS par le rétablissement de l’assiette des contributions sociales et fiscales."


Réforme de la PSG

Edouard Fritch promet que la réforme de la Protection sociale généralisée "entrera dans sa phase active en 2016 avec la mise en application des premiers textes destinés à garantir les soins, la solidarité pour tous et à pérenniser le paiement des retraites". Le président du Pays reconnaît que les mesures qui seront prises ne seront pas populaires. "Les décisions à prendre sont lourdes et nécessitent de la part de tous du courage", a-t-il admis. Il est revenu notamment sur la question de" faire payer l'Etat au nom de la dette nucléaire" (lire l'interview de Patrick Galenon). Cette perspective "n’est ni suffisante pour rétablir durablement les équilibres, ni réaliste compte tenu du contexte économique dans lequel se trouve la métropole", a-t-il souligné. "Néanmoins, si par chance, l’Etat se présenterait, dans les années à venir avec des moyens budgétaires plus favorables, les efforts demandés aux Polynésiens pourraient être à ce moment-là assouplis. Ou bien si notre économie se porte mieux dans les prochaines années, nous pourrions également, à ce moment-là, grâce à de meilleurs revenus fiscaux, assouplir les efforts demandés aux Polynésiens."



Les petites phrases d'Edouard Fritch

"Mon souci est le bien de notre pays, ce n’est pas ma gloire politique. Certes, je vais créer un parti. C’est un outil au service d’une politique, au service de la démocratie, ce n’est pas un outil au service de la gloire d’Edouard Fritch."


En réponse aux interrogations sur les projets chinois : "Je me méfie énormément de ces Chinois. Ce qu'ils disent à un instant peut ne pas être vrai dans 30 minutes mais c'est eux qui sont intéressés par le Pays. (?....)Il ne faut pas que l'on soit esclaves de ces gens-là. On est vigilants."

Sur la réforme de la protection sociale généralisée : "Soit on continue à faire la politique de l’autruche, comme on l’a fait depuis 10 ans, pour éviter de faire face à la réalité

Lucie Tiffenat, Otahi

Avez-vous trouvé le discours d’Edouard Fritch rassurant pour les salariés ?

"Il y a des éléments rassurants. Il semble plus ouvert à nos demandes alors que l’année dernière nous n’avons pas été entendus au sujet de plusieurs lois du Pays adoptées. Je compte sur lui pour que cette année nous soyons mieux entendus."

Vous êtes inquiète concernant les nouvelles modalités d’admission au RST.

"Oui, parce que je ne pense pas qu’une étude ait été faite. Et d’après les chiffres qui nous ont été communiqués, il n’y aurait que 6 % de fraudeurs. Il y a deux seuils d’admission au RST : 87 000 Fcfp pour les personnes seules et 97 000 pour les autres. Ces seuils sont calés sur le Smig de 1994. Il a presque doublé depuis. Il faut savoir que c’est facile pour une personne seule d’atteindre ce seuil, de se retrouver exclue du RST et de devoir contribuer. On est incapable aujourd’hui de mesurer l’impact de ces nouvelles modalités d’admission sur la population. Mais je suis certaine que de nombreuses familles vont être impactées et se retrouver dans une situation un peu plus difficile."

Ronald Terorotua, O OE TO OE RIMA

C'est un discours comme tant de discours et je n'y crois pas du tout, quel que soit le gouvernement. Dans les discours, on nous dit toujours que c'est bon et qu'on peut faire confiance. Des projets ont été discutés depuis 10 ans maintenant et je ne crois pas que cette année, ces projets se mettront en place. C'est à l'encontre de l'économie de ce Pays et de notre CPS.
Le problème pour le Mahana Beach, on veut sacrifier ce Pays pour 500 milliards, au nom de l'emploi, non il faut arrêter. Il ne faut pas vendre l'âme de ce Pays, je ne peux pas accepter, tant que c'est avec les chinois. Le projet en lui-même ? Why Not ? Mais revoyons les choses à notre niveau et surtout avec les bons investisseurs en qui on peut avoir confiance.
Pour la création de concours, c'est normal. Nos enfants sont très diplômés aujourd'hui. Je parle pour la CPS, ce matin, j'ai entendu dire qu'on a embauché deux expatriées, dont une, est la compagne d'un magistrat. Qu'en est-il de nos enfants qui ont le même diplôme ? Pourquoi le directeur se permet d'embaucher des expatriés alors que nous avons des enfants diplômés. Le directeur de la CPS insulte les salariés et la population de la Polynésie Française.



Cyril Legayic, CSIP

Je suis comme Saint Thomas, je crois en ce que je vois. Il a un tableau signalétique à mettre en place, il le fait. Il y a de bons sujets à l'intérieur et il faut laisser le temps au gouvernement de tout mettre en place.
Cependant, il y a un sujet qui me préoccupe énormément, c'est la révision du code du travail et sur la PSG. Là, on va être vigilants, sur les autres projets d'investissement, etc. on va attendre et voir s'ils vont se réaliser.
Pour la mise en place des concours, je suis surpris que dans le secteur privé, on gèle les salaires et que dans la fonction publique, ils sont en train d'augmenter de 1 %, alors que les plus grands bénéficiaires de la manne financière c'est eux. C'est encore le privé qui paie et ce que je trouve anormal et discriminatoire, c'est que dans la fonction publique, ils ne sont mêmes pas pénalisés par les absences pour le délai de carence, pourtant on a imposé cela, même au sein de l'administration. Il y a des droits privés qui touchent les ANFA qui sont pénalisés lorsqu'ils sont au 3ème arrêt de maladie, alors que le personnel de la fonction publique, non. Je trouve ça discriminatoire.



Heifara Parker, A ti'a i Mua

Etes-vous rassuré à l’issue de cette rencontre ?

"Je suis de nature optimiste. Notre souci est la création d’emploi. C’est vrai qu’il a évoqué la réforme de la PSG et celle du code du travail. Nous sommes ouverts et très vigilants, notamment en ce qui concerne le nouveau code du travail. Les employeurs présentent cette réforme comme nécessaire pour dynamiser l’économie du pays. Nous ne sommes pas contre une réforme mais nous resterons vigilants."

Les réformes de la PSG et du code du travail n’annoncent-elles pas de nouveaux efforts demandés aux salariés ?

"Nous avons bien rencontré le président à ce sujet et formulé des propositions, notamment au sujet des annuités de cotisation (retraites, ndlr). Nous avons bien entendu le président annoncer qu’il faudrait aussi revoir l’âge (du départ à la retraite, ndlr) ; de le repousser de 60 à 62 ans voir 64 ans, de manière progressive. Pourquoi pas ? Mais parmi les salariés, il y en a qui sont exposés à de la pénibilité. Pour ceux-là, un tel report n’est pas envisageable. Il s’agira de coller au plus juste à la réalité du travail de chaque salarié."






Patrick Galenon, CSTP-FO

Vous avez demandé à ce que l'Etat participe à l'effort pour la protection sociale généralisée au nom des effets des essais nucléaires.
"La CPS assume depuis de nombreuses années les conséquences des essais nucléaires. Aujourd’hui, cette prise en charge atteint 54 milliards. Je pense qu’il serait bon que le gouvernement s’applique à expliquer au président de la République, lors de son passage bientôt, que c’est une dette. (…)
Près de 600 malades du cancer sont évasanés chaque année, et le coût du service oncologie et celui des évasans s’élève à près de 2,5 milliards. Ce serait normal que cette charge soit prise en compte par l’Etat."

Le discours du gouvernement vous rassure-t-il pour les prochains mois ?
"Le président a été clair : il fait ce qu’il peut. Les projets de Hao et du Mahana Beach ne se feront pas demain. Nous allons avoir une année difficile. Il s’agit de nous préparer pour les années 2017-2018. S’il réussit à faire venir ces investisseurs, pourquoi pas. Nous ce que l’on souhaite c’est que le droit commun soit appliqué en Polynésie française et non pas le droit chinois.
Je suis rassuré vis-à-vis de cette problématique, parce que je connais nos forces. Ce n’est pas parce que des milliardaires arrivent avec 250 ou 350 milliards que nous allons changer le droit français."

Rédigé par MELANIE THOMAS ET CORINNE TEHETIA le Mercredi 13 Janvier 2016 à 18:29 | Lu 2245 fois