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Ecologie: l'exécutif défend une petite "pause" dans sa grande cause


Crédit Thibaud MORITZ / AFP
Crédit Thibaud MORITZ / AFP
Paris, France | AFP | vendredi 02/02/2024 - Vertement critiqué pour la "pause" annoncée sur le plan de réduction des pesticides, le gouvernement défend l'idée de "sortir de l'écologie punitive", mais ses opposants dénoncent une rupture avec le "quinquennat écologique" promis par Emmanuel Macron.

Les barrages se lèvent, les boucliers aussi. Après deux semaines de fronde agricole, l'exécutif a mis fin au mouvement au prix de nombreuses concessions. Notamment sur le 4e plan Ecophyto qui fixait un objectif de réduction de 50% de l'usage des pesticides d'ici 2030 (par rapport à 2015-2017) et que le gouvernement a décidé jeudi de "mettre en pause".

Une "mise à l'arrêt" justifiée par le Premier ministre, Gabriel Attal, "le temps de mettre en place un nouvel indicateur" pour mesurer l'usage des pesticides dans les champs et les vergers.

Les élus écologistes ont aussitôt dénoncé un "recul inacceptable" et "dramatique", tandis que les ONG environnementales se sont inquiétées d'une décision "rétrograde" alors que la protection de la biodiversité et la santé des agriculteurs sont en jeu. 

Accusations rejetées en bloc vendredi par la porte-parole du gouvernement, Prisca Thevenot, qui a critiqué sur franceinfo les actions "inefficaces" entreprises depuis 15 ans.

Aux orties, donc les trois plans Ecophyto actés sous Nicolas Sarkozy, François Hollande puis Emmanuel Macron. Cela "faisait de beaux slogans marketing" mais sans "aucune solution pour accompagner les agriculteurs", a-t-elle asséné.

Tout l'inverse de l'exécutif actuel qui, selon elle, "travaille en ce moment sur le plan Ecophyto 2030" mais souhaite "se poser un mois de plus pour faire en sorte qu'il soit parfaitement compris". 

Une trêve avant le Salon de l'agriculture, en gage d'une volonté de "sortir de l'écologie punitive pour être dans une écologie des solutions", a insisté la porte-parole.

Dans la droite ligne de M. Attal, qui a affirmé mardi "qu'on ne fera pas l'écologie contre le peuple", dans sa déclaration de politique générale à l'Assemblée nationale. A l'adresse de ceux "qui voient l'agriculture comme une nuisance", il a prévenu jeudi que "quand on choisit la campagne, on l'accepte et on l'assume".

"Cadeau empoisonné" 

Ces prises de position contrastent avec celle d'un Emmanuel Macron en campagne pour sa réélection en 2022, qui déclarait lors d'un meeting à Marseille: "La politique que je mènerai dans les cinq ans à venir sera écologique ou ne sera pas".

"Il n'est donc pas", a ironisé la patronne des Ecologistes, Marine Tondelier sur France 2, déplorant les "planifications qui ne sont jamais respectées" au détriment "la santé des Français (et de) la biodiversité". Sans rien espérer du pouvoir en place: "Ca fait quinze ans qu'ils ont un objectif qu'ils ne respectent pas, donc je ne les crois plus".

Le chef de l'Etat avait amorcé un tournant en mai 2023 lorsqu'il avait appelé à "une pause réglementaire européenne" sur les normes environnementales, faisant valoir que l'Union européenne avait fait "plus que tous les voisins" et qu'elle avait désormais "besoin de stabilité".

Pulvérisées, les promesses initiales? "On continue à avoir des ambitions pour l'écologie, mais cette écologie doit être dans le concret des réalités", a défendu Prisca Thevenot.

La "pause" sur les pesticides est une "folie totale sur le plan écologique", a rétorqué la députée insoumise Clémentine Autain sur franceinfo.

Pire, "un cadeau empoisonné fait aux agriculteurs", a estimé Marie Toussaint sur RMC. Pour la tête de liste des Verts aux élections européennes, le gouvernement "fait feu sur l'écologie" et "cède aux revendications de la FNSEA".

Le patron du puissant syndicat agricole, Arnaud Rousseau, s'est d'ailleurs satisfait sur BFMTV/RMC d'une décision "pour recréer de la confiance" et "construire des trajectoires" en lien avec les agriculteurs qui ont déjà "fait des efforts substantiels".

le Vendredi 2 Février 2024 à 06:39 | Lu 421 fois