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Éco-contribution, l'avenir du secteur associatif


L'hôtel Te Moana et ses partenaires, privés et associatifs, espèrent inspirer d'autres établissements dans ces démarches responsables et caritatives.
L'hôtel Te Moana et ses partenaires, privés et associatifs, espèrent inspirer d'autres établissements dans ces démarches responsables et caritatives.
Tahiti, le 11 octobre 2023 – Fort de son engagement pour la protection environnementale et animale, l'hôtel Te Moana lançait le 1er octobre dernier son programme de soutien aux associations via la mise en place d'une éco-contribution proposée à sa clientèle, basée sur le volontariat. Une manière innovante de créer des liens entre de potentiels donateurs et des associations en manque de visibilité.
 
Si le tourisme vert et responsable s'est largement développé ces dix dernières années, la crise Covid semble avoir accentué le phénomène. En effet, pour le touriste, il s'agit de moins en moins de prendre des vacances pour rester dans sa chambre d'hôtel et faire uniquement des activités au sein de l'établissement, mais davantage d'aller à la rencontre des gens, de leur mode de vie et de comprendre les problématiques propres à chaque territoire. Conscients de cette évolution, les hôtels manifestent de plus en plus leur engagement responsable au travers différents programmes de sensibilisation.
 
Le privé comme vitrine du secteur associatif
 
Un contexte dans lequel s'inscrit aujourd'hui l'hôtel Te Moana de Punaauia : “Le projet est simple mais il nous tient particulièrement à cœur”, déclare Benjamin Archambaud, directeur commercial de l'établissement. “Le principe est de mettre en place sous forme d'éco-contribution une participation volontaire de nos clients, répartie de façon équitable et dans son intégralité, à chacune des associations.” Concrètement, cette éco-contribution est fixée à 300 francs/nuit et est basée sur le volontariat. Le client est donc libre d'y participer ou pas. Et enfin, l'hôtel s'engage en tant que vitrine pour ces associations : “Plus qu'une participation pécuniaire, notre objectif est surtout de mettre en avant les associations et leurs actions, avec une communication en interne sur le plan local et en externe à l'échelle internationale.”     
 
Au nombre de cinq, ces associations, ou partenaires choisis pour le projet, sont axées sur la préservation de l'environnement terrestre (Aoa Polynesian Forrests) ou marin (Tamarii o te moana), mais également sur la protection animalière (Les 4 pattes de Papara, le service de protection animale en Polynésie (SPAP) et Ia maita'i te animara). Une aubaine pour ces associations en manque de visibilité : “On ne dit jamais non pour plus de visibilité. Aujourd'hui, si nous sommes beaucoup suivis sur les réseaux sociaux, il s'agit bien souvent d'un public déjà acquis à notre cause. Tandis qu'au travers de ce genre de démarche, nous pouvons avoir accès à un autre public, plus large et diversifié”, témoigne Wendy Wong, secrétaire pour la SPAP, qui insiste également sur la réalité du domaine associatif. “Nous avons besoin de dons, toujours, et c'est très important. Avec toutes les stérilisations que l'on gère quotidiennement, les frais qui en découlent, ou encore les sauvetages que l'on effectue… ça va très vite. Chaque franc compte.”
 
Le Pays, un partenaire peu fiable
 
De plus, les partenariats privés et associatifs constituent de nombreux avantages pour les associations, trop souvent dans l'attente d'une réaction des pouvoirs publics ou embourbées dans des démarches administratives de demande de subventions : “Traiter avec le Pays, c'est quand même devoir répondre à de nombreuses contraintes particulières, tandis qu'avec le privé, le soutien extérieur se fait plus facilement. Il est également plus facile de renforcer sa crédibilité auprès d'autres mécènes privés, afin d'établir encore davantage de partenariats”, explique Bastien Allegret, président de l'association Tamarii no te moana. D'autant que parmi les structures partenaires, certaines ne sont pas des associations et donc ne peuvent se permettre de compter uniquement sur les aides du Pays : “À Aoa, nous sommes une entreprise, avec des charges régulières, une vingtaine de salariés, et donc nous ne pouvons pas dépendre des subventions car elles sont trop aléatoires. Tandis que dans ce modèle de partenariat privé/associatif ou privé/privé, les opportunités peuvent être plus nombreuses et ce sont des choses à encourager”, soutient Christophe Balsan, directeur général de Aoa Polynesian Forrests. Du côté de l'association Ia maita'i te animara, on ne mâche pas ses mots : “Historiquement, le Pays n'a jamais montré beaucoup d'intérêt à la cause animale. Parmi tous les dossiers à traiter, nous sommes malheureusement en bas de la pile. Mais la réalité, c'est quoi ? Aujourd'hui, nous piquons une dizaine de chiens par jour et la maltraitance animale ne cesse d'augmenter. Si ce sont des images choquantes dont ils ont besoin pour se réveiller, nous en avons !”

Rédigé par Wendy Cowan le Mercredi 11 Octobre 2023 à 20:34 | Lu 1971 fois