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Du koeha aux coraux, les hoa de Hao regorgent de vie


Hao, le 29 décembre 2023 - On ne le présente plus tellement il est populaire, mais au-delà de son succès culinaire et de sa valeur marchande, le Tridacne maxima, bénitier commun en français, koeha en paumotu et pāhua en tahitien, est indispensable à l’écosystème et participe activement avec d’autres espèces au sein des hoa à la pureté de notre environnement.

Hao, malgré son image quelque peu écornée en raison son passé lié au Centre d’expérimentation du Pacifique, recèle de lieux préservés et abondants, en particulier dans les zones reculées de l’atoll des Tuamotu, où seuls quelques coprahculteurs et pêcheurs locaux passent de temps à autres, où la nature s’exprime dans toute sa diversité. Et parmi ces lieux, certains sont très particuliers et très importants : les hoa.

Un poumon pour le lagon

Un atoll se compose d’un récif corallien d’un ou plusieurs îlots appelés motu, formés par accumulation de sable à l’arrière de ce récif et entourant une dépression centrale (un trou) qui n’est autre que le lagon. Entre ces motu, il y a les hoa que l’on peut définir comme des chenaux de faible profondeur (allant de 20 à 50 cm sur le platier externe jusqu’à 2 m sur le platier interne) de communication d’eau de mer entre le lagon et l’océan. Les hoa ont un rôle très important pour la bonne santé du lagon, à la fois du point de vue physico-chimique que biologique. Car outre le fait que ces échanges d’eau favorisent l’oxygénation du lagon et donc sa survie, les hoa abritent une faune et une flore sous-marines très variées composées d’organismes vivants aux multiples compétences. Les hoa servent également de nurseries pour beaucoup d’espèces car les atolls des Tuamotu ne possédant pas de mangroves, ce sont donc les hoa qui jouent ce rôle dans ces endroits reculés.

Association d’espèces dans les hoa

Parmi la grande diversité d’espèces qui peuplent ces hoa, il y a la grande famille des coraux bien évidemment mais aussi des algues, des crustacés, des échinodermes, des poissons et bien d’autres encore. Le koeha ou bénitier, lui, joue un rôle de nettoyeur.

Le koeha est un bivalve, il possède un siphon inhalant et un siphon exhalant qui lui permettent de se nourrir en filtrant l’eau de mer. Il en existe de toutes les tailles allant de quelques millimètres jusqu’à 1,40 m pour la variété Tridacna gigas ou bénitier géant, dont on retrouve souvent la coquille à l’entrée des églises et des cathédrales. On le distingue très clairement grâce à ses lèvres charnues et ses couleurs d’une large gamme souvent marbrée, tachetée ou zébrée, qui lui viennent de la photosynthèse et de sa symbiose avec une algue appelée zooxanthelle.

Dans les hoa de l’atoll de Hao, une multitude de koeha de toutes formes et de toutes couleurs peuplent les fonds. Ils sont fixés sur des roches calcaires, des coraux ou à même le sable. Bien que très présente sur le territoire polynésien, l’espèce est protégée, inscrite sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature et de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction. La commercialisation de spécimens prélevés dans la nature est interdite et seuls les juvéniles issus de reproduction en aquarium sont tolérés à la vente.

Toutefois, localement, les habitants ont l’habitude de le consommer de diverse façon : cru directement sur site, en salade avec de la vinaigrette ou du citron, ou encore cuit avec du curry et du lait de coco. Avant consommation, les parties intestinales du koeha sont retirées.

Tandis que le koeha filtre l’eau de mer, une autre espèce filtre, elle, les fonds marins. Il s’agit du concombre de mer ou holothurie. Animal marin de la famille des échinodermes au corps mou et cylindrique, il peut avaler plus de 45 kg de sédiments par an et ses excellentes capacités digestives lui permettent de rejeter un sédiment fin, pur et homogène. Ainsi, le concombre de mer joue un rôle capital dans le processus biologique des fonds marins. Cette espèce peuple également abondamment les hoa de l’atoll. Et pour ajouter de la couleur et du relief à tout cela, on peut compter sur les coraux, véritables oasis de vie. On en croise de toutes formes avec des couleurs vives presque improbables.

Accéder aux motu, cela se mérite

Lorsqu’on arrive sur un atoll par avion, on ne se rend pas forcément compte des trésors qui s’y cachent et ce n’est pas parce l’on foule ce sol que l’accès à ces trésors se fait simplement. Accéder aux motu, cela se mérite, nécessite des moyens, une préparation ainsi qu’un bon guide. La nature sur ces sites exceptionnels est fragile, la faune et la flore y vivent en symbiose. Il faut aujourd’hui et plus que jamais adopter un comportement responsable vis-à-vis d’elle. Accéder aux motu, les explorer, se délecter de l’explosion de vie qu’offrent les hoa est une véritable bénédiction qui permet de se reconnecter à la nature en faisant le plein d’énergie positive.


Rédigé par Teraumihi Tane le Vendredi 29 Décembre 2023 à 16:12 | Lu 3944 fois