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Droits syndicaux à Fidji : mission écourtée pour une délégation onusienne


Droits syndicaux à Fidji : mission écourtée pour une délégation onusienne
SUVA, mercredi 19 septembre 2012 (Flash d’Océanie) – Une mission de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), qui dépend de l’ONU, a été écourtée en milieu de semaine et invitée à quitter l’archipel, rapporte la presse régionale mercredi.
Le concept de cette mission avait été annoncé par l’OIT lors d’une réunion régionale au Japon, fin 2012.
L’organisation onusienne avait alors exprimé des inquiétudes concernant l’évolution des droits du travail à Fidji et notamment la mise en place de nouveaux décrets fixant des limites au droit de grève, notamment dans les secteurs « prioritaires » de l’économie nationale.
La mission de l’OIT était arrivée dimanche à Fidji, sous la houlette du juge Abdul Koroma de la Cour Internationale de Justice.
Selon le bureau régional de l’OIT, basé à Fidji pour tout le Pacifique Sud, la mission a effectivement été écourtée, mais aucune raison spécifique n’a été évoquée.

Selon le dirigeant syndical Felix Anthony, opposant notoire au régime mis en place par le putsch du 5 décembre 2006 et dirigé par le Contre-amiral Franck Bainimarama, qui dirige la centrale Fiji Trades Union Congress (FTUC), la venue de cette mission onusienne avait été approuvée par le gouvernement local.
Selon les mêmes sources, citées notamment par la presse régionale australienne et néo-zélandaise, une réunion de la délégation avec le gouvernement, prévue lundi, n’a pas eu lieu.
En milieu de semaine, le bureau régional de l’OIT aurait reçu un courrier officiel dans lequel le gouvernement fidjien exprimait le souhait de voir cette mission avortée.

Refoulement de syndicalistes australiennes et néo-zélandais

Le 13 décembre 2011, une délégation de cinq dirigeants syndicaux australiens et néo-zélandais s’est vue refuser l’entrée sur le territoire fidjien à son arrivée par avion dans cet archipel, où ils avaient décidé d’entreprendre une série de contacts avec leurs homologues locaux au sujet d’éventuelles violations du droit du travail.
Cette délégation, notamment composée de la Présidente de la centrale australienne ACTU (Australian Council of Trade Unions) Ged Kearney et de son homologue néo-zélandaise Helen Kelley (pour la NZCTU, New Zealand Council of Trade Unions), avait été interceptée par les services fidjiens de l’immigration sur un vol régulier en provenance de Sydney à son arrivée à l’aéroport international de Nadi.
L’Attorney General (chef des services juridiques du gouvernement) de Fidji, Aiyaz Sayed-Khaiyum, avait ensuite confirmé que cette interdiction d’entrée avait été annoncée au cours des jours précédents, dès que ces syndicalistes avaient annoncé leur intention de mener enquête dans l’archipel.
Le gouvernement fidjien avait, lundi 12 décembre 20111, ouvertement déclaré par voie de communiqué que cette délégation n’était « pas la bienvenue » à Fidji.
Motif : un « manque d’intégrité et de crédibilité » et des « idées préconçues » concernant la situation sur place en matière de droit du travail et de l’entrée en vigueur récente de nouvelles mesures concernant directement les syndicats fidjiens.
« S’ils arrivent à Fidji, ils seront renvoyés », avait averti l’Attorney General.
M. Sayed-Khaiyum avait aussi, quelques heures auparavant, mis en garde contre l’impact négatif, selon lui, de ce genre de mission et de la mise en œuvre de menaces agitées par les syndicats australiens et néo-zélandais de placer Fidji sur une « liste noire », au même titre que le Zimbabwe ou la Birmanie.
Ces sanctions, voire ces boycotts, avait-il rappelé, n’auraient d’autre effet que de « saper l’économie locale » et de « détruire des milliers d’emplois », notamment dans le secteur de la confection.
Le jour dit, « Ils étaient bien à bord de cet avion, qui est bien arrivé à Fidji, mais ils ont été placés dans une zone de transit, en attendant le prochain avion en sens inverse vers l’Australie », avait précisé l’Attorney General.
Le groupe syndical avait effectivement repris le vol dans l’autre sens.
M. Sayed-Khaiyum a aussi fustigé deux syndicalistes locaux qui, ayant récemment rencontré en Australie des responsables régionaux, étaient venus les accueillir en personne à l’aéroport.
Ces deux dirigeants locaux, MM. Daniel Urai et Felix Anthony, ont comparu ces derniers mois devant des tribunaux locaux pour infraction aux dispositions d’urgence à Fidji, qui limitent les réunions depuis avril 2009 et ont été levées début janvier 2012.

pad

Rédigé par AFP le Mercredi 19 Septembre 2012 à 05:55 | Lu 707 fois