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Drame de Furiani: plus de matches de foot professionnel en France les 5 mai


ERIC CABANIS / AFP
ERIC CABANIS / AFP
Paris, France | AFP | jeudi 14/10/2021 - Il n'y aura plus de matches de football professionnel les 5 mai en France: près de 30 ans après la catastrophe du stade de Furiani, le 5 mai 1992 en Corse, le Parlement a sacralisé cette date en hommage aux 19 morts et plus de 2.300 blessés.

Le Sénat a adopté à main levée jeudi, sans modifications, la proposition de loi portée par le député corse Michel Castellani (Libertés et territoires), signant l'adoption définitive du texte.

Le 5 mai 1992, avant le coup d'envoi de la demi-finale de Coupe de France entre Bastia et l'Olympique de Marseille, la partie haute d'une tribune provisoire du stade de Furiani s'était effondrée.

Un drame qui depuis 30 ans "continue de hanter la Corse", a relevé Michel Savin (LR), qui a invité le gouvernement à promulguer le texte "dans les plus brefs délais", afin qu'il puisse s'appliquer dès 2022.

La proposition de loi a été examinée dans le cadre d'une "niche" parlementaire réservée au groupe écologiste, qui compte en son sein le sénateur de la Haute-Corse, Paul Toussaint Parigi.

Soutenue par le gouvernement, elle prévoit de modifier le code du sport pour "qu'aucune rencontre ou manifestation sportive" de Ligue 1, de Ligue 2, de Coupe de France et du Trophée des Champions ne soit jouée le 5 mai.

Pour le football amateur, le texte prévoit l'organisation d'une minute de silence et le port d'un brassard noir les 5 mai.

La ministre chargée de la Ville Nadia Hai a précisé que le texte ne comporte pas de sanctions, car le ministère des Sports "travaille avec les instances de football" pour que le gel des matches soit respecté.

Il s'agit selon elle de poser "un cadre de commémoration pérenne afin de lutter contre l'oubli".

Le vote du Parlement répond à la demande du collectif des victimes et leurs familles, représenté dans les tribunes du Sénat, face aux réticences de la Ligue et de la Fédération. 

De portée juridique limitée, l'adoption de ce texte est en revanche hautement symbolique, à quelques mois du trentième anniversaire du drame de Furiani.

"Le recours à la loi constitue l'ultime espoir pour le collectif des victimes d'être entendu", a plaidé le rapporteur Thomas Dossus (écologiste), défendant le "caractère équilibré du dispositif", qui "ne concerne pas les matches amateurs ni les matches internationaux".

D'ici 2040, seules huit journées du championnats pourraient être concernées.

"Un message à la Corse"

Pour M. Parigi, il s'agit d'inscrire "dans le marbre de la loi que ni l'argent ne peut étouffer la vie, ni l'oubli sacrifier la mémoire".

Ce vote "envoie aussi un message à la Corse", a souligné le sénateur de Corse du Sud Jean-Jacques Panunzi (LR), déplorant que "les autorités sportives nationales n'aient pas été au rendez-vous pendant de nombreuses années".

Sur tous les bancs, des sénateurs ont néanmoins exprimé leurs réserves ou leurs interrogations sur ce texte.

Comment expliquer qu'il soit examiné "quasiment 30 ans après le drame", a questionné Didier Rambaud (RDPI à majorité En Marche). 

"En accord avec le fond (...) nous nous interrogeons sur la pertinence de recourir à la loi", a déclaré le président du groupe RDSE à majorité radicale Jean-Claude Requier.

Le socialiste Jean-Jacques Lozach a évoqué "un acte de remise en cause de l'autonomie du mouvement sportif".

"Le recours à la loi s'impose comme un pis-aller à défaut d'un consensus national qui aurait du s'installer", a rétorqué le centriste Claude Kern.

Le gel des matches ne fait pas non plus l'unanimité. Certains auraient préféré un moment solennel de recueillement en début de rencontre ou encore le port d'un brassard.

"La mémoire ne résonne pas dans le silence (...) nous devons honorer les victimes par le jeu", a jugé M. Requier.

"La pratique du football ne fera jamais insulte aux supporters", a renchéri Dany Wattebled (Indépendants).

Des sénateurs ont regretté l'absence au banc du gouvernement de la ministre Roxana Maracineanu, en déplacement au côté du président Emmanuel Macron, a précisé Mme Hai, pour la construction de nouveaux équipements sportifs en vue des J0 de 2024.

le Jeudi 14 Octobre 2021 à 06:15 | Lu 283 fois