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Don du sang : "la transfusion sanguine est une cause polynésienne"


Le CTS a besoin de prélever au moins quinze personnes par jour pour maintenir son stock stable
Le CTS a besoin de prélever au moins quinze personnes par jour pour maintenir son stock stable
Papeete, le 29 mars 2016 - Comment donner son sang ? Pourquoi le donner, et est-ce vraiment indispensable ? Julien Broult, directeur du Centre de Transfusion sanguin de Polynésie française nous explique l'importance de donner son sang.

Qu'est-ce que le don du sang ?
Le don du sang est indispensable dans le traitement de certaines maladies, mais pas seulement, il permet aussi de sauver des vies. La démarche dure environ une heure et elle est vitale. Le don du sang, c'est un acte d'amour, ce sont des vies sauvées.

Pourquoi faut-il donner son sang ?
A l'heure actuelle, on consomme environ 5.000 globules rouges par ans, 1.500 plasma et 350 culots plaquettaires tous les ans avec une augmentation sensible d'année en année. Il n'y a pas de période creuse, il me faut du stock, il nous faut sensibiliser interpeller, que l'on soit au plus près des donneurs pour satisfaire tous les besoins en parfaite autonomie.
Les besoins sont en augmentation constante depuis une dizaine d'années. On prend environ 4 à 5% par an en production et en consommation, donc il faut suivre. Elle est due à l'accroissement de la population, la population qui vieillit, la prise en charge de certaines pathologies que nous ne prenions pas en charge avant, par exemple l'oncologie, on traite maintenant des cancers, qui sont des maladies qui consomment. Il y a aussi la greffe rénale qui s'est surajouté. Puis les nouveaux protocoles de transfusion massive qui nécessitent une quantité de plaquettes importantes.



La Polynésie a-t-elle des besoins particuliers ?
La transfusion est une cause territoriale, une cause polynésienne. Pourquoi, parce qu'aujourd'hui ce pays est un pays autonome, il est indépendant à l'heure actuelle dans sa transfusion, c'est rare pour certains pays ultramarins. Ce qui n'est pas le cas pour les DOM-TOM qui sont encore liés à la métropole. Nous avons l'obligation d'être totalement autonomes, en cas de défaillance ou en cas de stress sur les stocks, nous ne pouvons compter que sur nous-même et sur la population qui je le rappelle et le répète est une population généreuse. Ma population de donneurs est très réactive et très sensible quand j'ai besoin d'eux.

Cette indépendance de la transfusion est à double tranchant, en cas de besoin massif pouvons-nous répondre à la demande ?
Bien sûr, nous avons été prudents. Nous avons signé des conventions de protocoles avec la métropole en cas de rupture, ça peut arriver un cyclone ou une épidémie massive qui touche toute la population ou dans ce cadre-là, on ne pourrait plus prélever, on pourrait faire venir des poches de sang de métropole. Mais c'est une organisation très lourde et coûteuse qu'il faudrait mettre en place. Heureusement, nous n'avons jamais eu besoin de l'activer.

La distribution du territoire est-il un défi particulier ?
L'éclatement géographique du territoire est pour nous aussi un défi. Le territoire si on place Papeete sur Paris, les marquises c,'est Oslo, La Norvège, les Gambiers, c'est la Roumanie, Bora-Bora c'est déjà la Normandie. La population à un droit élémentaire qui est l'accès au sang.
Alors pour essayer de respecter ce droit, nous avons mis en place deux dépôts de sang. Un sur les Marquises et un dépôt de sang à Raiatea. Ce sont des structures hospitalières capables de prendre en charge des pathologies, des hémorragies… Nous sommes en train de mettre en place un dépôt de sang sur Moorea et à terme en placer un à Taravao. On ne peut pas en mettre ailleurs parce que les autres centres médicaux n'ont pas les structures nécessaires.

Qui fait les prélèvements ? Et où puis donner mon sang ?
C'est une équipe composée de trois médecins, 4 infirmiers, du personnel technique qualifié pour préparer et distribuer les produits sanguins. Nous travaillons tous les jours du lundi au dimanche en distribution. Les heures d'ouverture pour le prélèvement, c'est 7h-15h sur site fixe à l'hôpital. Nous réalisons trois collectes par semaine dans les lycées, les administrations, les entreprises. Tout le monde nous ouvre ses portes, ils sont tous conscients du caractère important et incontournable du don du sang sur le territoire. Plus de sang tout s'arrête, ce serait une catastrophe sanitaire majeure. Ce que la population n'accepterait pas. Il n'est pas question de laisser mourir quelqu'un d'une hémorragie massive au XXIe siècle. Il faut être capable de juguler la situation.

Le don du sang peut-il mettre en danger la vie du donneur ?
Absolument pas. Les quantités prélevées sont minimes, on prélève entre 450 et 480ml de sang. En aucun, elles peuvent mettre en danger la vie du donneur. Dans tous les cas, le sang du donneur est testé. Il faut savoir que si quelque chose apparaît dans les résultats, nous appelons le donneur pour le prévenir.
D'ailleurs après le prélèvement, le donneur est placé sous surveillance de l'équipe et on lui donne un casse-croûte pour se restaurer.

Les 4 étapes du don de sang :

Don du sang : "la transfusion sanguine est une cause polynésienne"
Le don du sang est très réglementé. Ainsi, les démarches sont toujours les mêmes et l'action se déroule en quatre étapes spécifiques.
Dans un premier temps, le donneur est accueilli par une secrétaire de collecte qui lui remet un formulaire à remplir.
Ensuite, le donneur s'entretien avec un médecin qui détermine les aptitude au don et qui analyse les réponses du questionnaire afin de déterminer si le donneur potentiel peut ou non faire don de son sang.
Le don de sang dure entre 5 et 10 minutes. L'infirmier prélève environ 480 ml de sang. La quantité prélevée dépend de la taille, du sexe et du poids du donneurs.
Enfin, une fois la prise de sang terminée, le donneur reste sous la surveillance de l’équipe médicale dans l’espace repos. Une collation et une boisson est offerte. Après un don, il est important de boire beaucoup et de manger.

Conseils pratiques avant de donner son sang

Une élève du Lycée Gauguin donne son sang pour "sauver des vies"
Une élève du Lycée Gauguin donne son sang pour "sauver des vies"
Pour donner son sang il faut, être âgé de 18 à 70 ans se présenter muni d’une pièce d’identité avec photo. Le don du sang ne peut s'effectuer qu'après avoir été reconnu(e) apte au don, peser au moins 50 kg et avoir un taux d’hémoglobine suffisant.
Attention, si vous avez été malade, sortez de chez le dentiste ou avez pris des antibiotiques, il y a des délais d'attente.
Après la fin d’un traitement par antibiotiques ou des soins dentaires, le temps d'attente pour donner son sang est de sept jours
Après un épisode infectieux, le délai est de 14 jours après l’arrêt des symptômes.
Après un piercing, un tatouage, une intervention chirurgicale ou encore un voyage dans un pays où il y a le paludisme il faut attendre quatre mois
Enfin un homme peut donner son sang quatre fois par an avec un temps de deux mois entre chaque prélèvement. Les femmes quant à elle peuvent donner leur sang trois fois par an.
Il est recommandé de s’alimenter avant un don et de bien boire après avoir fait un don.

Rédigé par Marie Caroline Carrère le Mercredi 23 Mars 2016 à 14:06 | Lu 2504 fois