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Documentaire - 700 requins dans la nuit : " Une fierté pour toute la Polynésie "

Le plongeur Laurent Ballesta tenait à montrer le film en Polynésie avant de le montrer ailleurs. " Si cela étonne sur place, cela veut dire qu'on est sur la bonne voie " avait-il retenu de ses participations aux productions de Nicolas Hulot. Le documentaire est effectivement étonnant, voire époustouflant. A voir en replay sur Arte absolument.


Une seule proie attire des dizaines de requins
Une seule proie attire des dizaines de requins
Le documentaire fait déjà sensation en métropole, alors que le public vient de le découvrir sur la chaine Arte. Le plongeur Laurent Ballesta avait tenu à la projeter jeudi, juste avant, dans une salle de cinéma de Papeete. Les quelques personnes présentes ont trouvé le film fascinant. Il permet au spectateur de rentrer dans l’intimité des requins gris, les raira, qui vivent en groupe au fond de la passe de Fakarava, aux Tuamotu.
 
En raison de ses courants faibles, cette passe propose une configuration de vie unique pour la faune sous-marine. Pas moins de 700 requins gris ont été comptés. Laurent Ballesta a pu mener à bien une expédition d’une vingtaine de scientifiques visant à filmer et à tenter de comprendre les chasses nocturnes de ce regroupement de requins.
 
Horde sauvage ou meute organisée ? Grâce aux prises de vue utilisant les dernières technologies, comme une arche munie de Gopro permettant de visualiser une scène en 3D, les scientifiques ont permis de montrer que les requins fonctionnent souvent en binôme. Le premier requin débusque la proie et c’est systématiquement le deuxième ou le troisième qui l’avale, preuve d’une intelligence « de groupe. »
 
Une maquette en 3D de la passe a été acheminée jusqu’à Fakarava, rendant très visuelle et instructive toute cette aventure. Le documentaire met également en valeur la beauté des Tuamotu avec des images prises en drone. Un documentaire à ne pas rater (en replay sur arte) qui montre à quel point notre faune sous-marine est préservée, une « fierté pour toute la Polynésie », selon Laurent Ballesta. SB

Le replay

Laurent Ballesta est l'initiateur de cette aventure scientifique
Laurent Ballesta est l'initiateur de cette aventure scientifique
Parole à Laurent Ballesta :
 
Qu’est-ce qui vous a poussé à faire ce film ?
 
« On était venus à Fakarava en 2014 uniquement pour le rassemblement de mérous puis on a découvert ces chasses nocturnes qui nous ont fascinés. C’était tellement énorme, on osait pas s’approcher. On est revenus l’année d’après et, petit à petit, on est passé de la fascination à la volonté de compréhension. On a compris qu’on était pas des cibles mais des obstacles dans leur chasse et qui si on restait calmes, il ne nous arriverait rien de grave et qu’on pourrait faire des observations inédites. On a enchainé comme ça, une année, puis une autre, puis je me suis dit qu’il y avait une vraie étude à faire. Ailleurs, il faut une vie pour voir ce qu’on voit en une plongée à Fakarava. »
 
Ce qui est unique, c’est cette chasse de groupe ?
 
« Oui, les requins chassent de nuit, jusqu’à présent on ne savait pas grand-chose de ces chasses nocturnes. Les rassemblements de nuit ne se retrouvaient pas ailleurs. On supposait des chasses solitaires où des petits sous-groupes, là on vient de montrer qu’il y a des sous-unités et qu’il y a quelque chose de particulier à Fakarava où ils restent tous ensemble. »
 
Quelques mots sur la mise en scène ?
 
« Il y a eu un énorme travail de réalisation. Les sept semaines de tournage, les huit mois de montage, c’est énorme. C’est un peu notre marque de fabrique que de rester parfaitement honnêtes avec ce qu’on a vécu, que cela marche ou pas, de montrer nos relations comme elles sont, parfois tendues, parfois très franchouillardes. Pas de mise en scène mais une grande aptitude du réalisateur et du cadreur d’aller capturer des moments authentiques. »
 
Un dernier mot, un remerciement ?
 
« Qu’un tel lieu - cette passe de Fakarava -, qu’un tel événement - ces chasses nocturnes - existent encore, bien sûr que cela nous fait un peu peur mais cela doit nous rassurer que ça existe encore parce qu’il y a tellement d’endroits où c’est terminé cette vie sauvage. Cela doit être une fierté pour les gestionnaires de la réserve et pour toute la Polynésie qui a su au XXIe siècle conserver des lieux où il y a une vie sauvage pareille. » Propos recueillis par SB

L'arche permet de se déplacer en 3D autour de la scène
L'arche permet de se déplacer en 3D autour de la scène

Rédigé par SB le Lundi 11 Juin 2018 à 16:28 | Lu 5618 fois