PPEETE, le 15 avril 2014 - Ce mardi la dernière journée des doctoriales s’est éloignée des sciences dures pour se consacrer à des thèmes plus sociaux. Les visiteurs ont ainsi pu réfléchir aux systèmes d’organisation de nos états, ou aux règles régissant la concurrence.
Autonomies et gouvernance
Jean-Claude Peyrolle est un maitre de conférences à la retraite. Aujourd’hui, il recommence une thèse dans un domaine proche du doctorat qu’il avait obtenu il y a près d’un demi-siècle, pour soutenir l’inverse de ses conclusions de l’époque. Il argumente que depuis l’avènement du toyotisme (le système d’organisation industriel héritier du fordisme), nous assistons dans le monde à une évolution des modes de gouvernance « où la pensée n’est plus séparée de l’action ». Appliquées à la politique, ses idées impliquent que la meilleure organisation est celle qui permet à ceux qui sont les plus proches de la population d’identifier et de résoudre les problèmes. C’est à la base de « sans arrêt faire des propositions d’amélioration ». Une administration centrale qui gouverne à coup de grandes idéologies est totalement dépassée. Pas de chance pour la France qui a complètement raté sa décentralisation : les états centralisés sont à la peine. L’organisation politique qui a désormais le plus de succès est un rassemblement de régions autonomes, sur le modèle allemand ou américain.
Mais pour lui, les conversations sur l’indépendance ou l’autonomie telles que nous en avons en Polynésie sont « des pièges sémantiques. Je prends comme champ d’observation l’Europe. La Catalogne veut l’indépendance, l’Ecosse veut l’indépendance, la Vénétie aussi. Mais aucune de ces petites nations ne veulent quitter l’Europe. Leurs revendications sont presque historiques, mais ils veulent garder l’euro et tout le reste. Ce sont les cellules de base des futurs Etats-Unis d’Europe. Mais ce qu’explique un économiste catalan c’est que ces régions appartiennent à un ensemble plus vaste et qu’elles sont en situation d’interdépendance. Il prend l’exemple de Québec. La province tire sa puissance et sa richesse du fait qu’elle fasse partie d’un « empire », l’empire nord-américain. Quoi qu’il arrive au Québec, il ne faut surtout pas rompre les ponts avec ce monde anglo-saxon dont il diffère au niveau culturel, mais dont il fait en réalité partie. » La Polynésie Française ne peut donc pas partir seule à l’aventure de la mondialisation. Mais quand à savoir à quel empire elle devrait appartenir… Il assure que ce sera aux Polynésiens de choisir. « L’histoire va se faire. »
Jean-Claude Peyrolle est un maitre de conférences à la retraite. Aujourd’hui, il recommence une thèse dans un domaine proche du doctorat qu’il avait obtenu il y a près d’un demi-siècle, pour soutenir l’inverse de ses conclusions de l’époque. Il argumente que depuis l’avènement du toyotisme (le système d’organisation industriel héritier du fordisme), nous assistons dans le monde à une évolution des modes de gouvernance « où la pensée n’est plus séparée de l’action ». Appliquées à la politique, ses idées impliquent que la meilleure organisation est celle qui permet à ceux qui sont les plus proches de la population d’identifier et de résoudre les problèmes. C’est à la base de « sans arrêt faire des propositions d’amélioration ». Une administration centrale qui gouverne à coup de grandes idéologies est totalement dépassée. Pas de chance pour la France qui a complètement raté sa décentralisation : les états centralisés sont à la peine. L’organisation politique qui a désormais le plus de succès est un rassemblement de régions autonomes, sur le modèle allemand ou américain.
Mais pour lui, les conversations sur l’indépendance ou l’autonomie telles que nous en avons en Polynésie sont « des pièges sémantiques. Je prends comme champ d’observation l’Europe. La Catalogne veut l’indépendance, l’Ecosse veut l’indépendance, la Vénétie aussi. Mais aucune de ces petites nations ne veulent quitter l’Europe. Leurs revendications sont presque historiques, mais ils veulent garder l’euro et tout le reste. Ce sont les cellules de base des futurs Etats-Unis d’Europe. Mais ce qu’explique un économiste catalan c’est que ces régions appartiennent à un ensemble plus vaste et qu’elles sont en situation d’interdépendance. Il prend l’exemple de Québec. La province tire sa puissance et sa richesse du fait qu’elle fasse partie d’un « empire », l’empire nord-américain. Quoi qu’il arrive au Québec, il ne faut surtout pas rompre les ponts avec ce monde anglo-saxon dont il diffère au niveau culturel, mais dont il fait en réalité partie. » La Polynésie Française ne peut donc pas partir seule à l’aventure de la mondialisation. Mais quand à savoir à quel empire elle devrait appartenir… Il assure que ce sera aux Polynésiens de choisir. « L’histoire va se faire. »
Une feuille de route pour la collectivisation des Marquises
Joseph Frébault, un étudiant marquisien de 25 ans, prépare sa thèse sur une possible évolution institutionnelle des îles Marquises. « L’objectif de ma présentation est de proposer la possibilité pour l’archipel de devenir sa propre collectivité. Elle y gagnerait les mêmes avantages que la Polynésie Française actuelle, c’est-à-dire un budget à allouer directement, un exécutif propre, une assemblée délibérante et en résumé une autonomie économique et financière très fortement accrue. »
Pour mettre en place un tel processus il faut d’abord une volonté forte des élus marquisiens « qui est déjà présente me semble-t-il. Ensuite ce sera au Président de la République Française d’organiser un référendum. Enfin ce sera à la population de se décider. Ce souhait d’émancipation vis-à-vis de Tahiti a toujours existé chez les marquisiens et leurs élus, mais ils n’ont jamais disposé d’un processus clair. C’est mon objectif avec cette thèse : leur présenter les possibilités, le processus, les avantages et les inconvénients de chaque type d’évolution institutionnelle. » Il note enfin qu’une telle collectivisation des Marquises leur permettrait de ne pas être piégé par une éventuelle indépendance de la Polynésie Française. Selon la loi internationale, dans la situation actuelle un référendum d’indépendance approuvé par les Polynésiens mais pas par les Marquisiens enchaînerait tout de même le Fenua Enata au sort des autres archipels.
Joseph Frébault, un étudiant marquisien de 25 ans, prépare sa thèse sur une possible évolution institutionnelle des îles Marquises. « L’objectif de ma présentation est de proposer la possibilité pour l’archipel de devenir sa propre collectivité. Elle y gagnerait les mêmes avantages que la Polynésie Française actuelle, c’est-à-dire un budget à allouer directement, un exécutif propre, une assemblée délibérante et en résumé une autonomie économique et financière très fortement accrue. »
Pour mettre en place un tel processus il faut d’abord une volonté forte des élus marquisiens « qui est déjà présente me semble-t-il. Ensuite ce sera au Président de la République Française d’organiser un référendum. Enfin ce sera à la population de se décider. Ce souhait d’émancipation vis-à-vis de Tahiti a toujours existé chez les marquisiens et leurs élus, mais ils n’ont jamais disposé d’un processus clair. C’est mon objectif avec cette thèse : leur présenter les possibilités, le processus, les avantages et les inconvénients de chaque type d’évolution institutionnelle. » Il note enfin qu’une telle collectivisation des Marquises leur permettrait de ne pas être piégé par une éventuelle indépendance de la Polynésie Française. Selon la loi internationale, dans la situation actuelle un référendum d’indépendance approuvé par les Polynésiens mais pas par les Marquisiens enchaînerait tout de même le Fenua Enata au sort des autres archipels.
Protectionnisme et concurrence
Outre les présentations des doctorants, des étudiants en première année de thèse présentaient sur des posters les recherches auxquelles ils vont consacrer leurs prochaines années.
L’un d’eux est Jean-François Gay qui présente une thèse axée sur l’économie. « La théorie économique depuis 100 ans a prouvé que le protectionnisme et le manque de concurrence étaient néfastes, plus encore pour les petites économies insulaires comme celle de la Polynésie. » La solution est de supprimer les taxes et les quotas d’importation. « Les études montrent que ça créerait une manne financière énorme pour la société. Or le but d’une économie est d’augmenter la richesse et ensuite de la redistribuer pour diminuer les inégalités. » Jean-François va également essayer de déterminer quels sont les freins politiques au changement, car la Polynésie « a un énorme retard par rapport aux autres pays sur l’établissement d’une loi sur la concurrence, qui est en place depuis 100 ans aux Etats-Unis et depuis 40 ans en Europe. »
Dans la même veine, Vanessa Lo prépare sa thèse sur le droit de la concurrence. La juriste confirme que nous avons un gros vide juridique en Polynésie sur le droit de la concurrence, alors que le Pays en a la compétence. Elle va analyser l’intérêt ou non de réguler la concurrence et les monopoles, et surtout l’intérêt ou non d’établir une réglementation commune à tous les Outre-mer français. Sur l’exemple des monopoles, elle assure qu’historiquement, ils sont utiles au développement des petites économies mais sont destinés à disparaître pour faire jouer la concurrence, ce qui crée des emplois et des richesses.
Outre les présentations des doctorants, des étudiants en première année de thèse présentaient sur des posters les recherches auxquelles ils vont consacrer leurs prochaines années.
L’un d’eux est Jean-François Gay qui présente une thèse axée sur l’économie. « La théorie économique depuis 100 ans a prouvé que le protectionnisme et le manque de concurrence étaient néfastes, plus encore pour les petites économies insulaires comme celle de la Polynésie. » La solution est de supprimer les taxes et les quotas d’importation. « Les études montrent que ça créerait une manne financière énorme pour la société. Or le but d’une économie est d’augmenter la richesse et ensuite de la redistribuer pour diminuer les inégalités. » Jean-François va également essayer de déterminer quels sont les freins politiques au changement, car la Polynésie « a un énorme retard par rapport aux autres pays sur l’établissement d’une loi sur la concurrence, qui est en place depuis 100 ans aux Etats-Unis et depuis 40 ans en Europe. »
Dans la même veine, Vanessa Lo prépare sa thèse sur le droit de la concurrence. La juriste confirme que nous avons un gros vide juridique en Polynésie sur le droit de la concurrence, alors que le Pays en a la compétence. Elle va analyser l’intérêt ou non de réguler la concurrence et les monopoles, et surtout l’intérêt ou non d’établir une réglementation commune à tous les Outre-mer français. Sur l’exemple des monopoles, elle assure qu’historiquement, ils sont utiles au développement des petites économies mais sont destinés à disparaître pour faire jouer la concurrence, ce qui crée des emplois et des richesses.