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Disparition des nacres sauvages : la perliculture des Gambier en danger


Mangareva, le 2 septembre 2022 - Des représentants de la Direction des ressources marines sont actuellement présents à Mangareva afin d'alerter les perliculteurs sur la faiblesse du stock de nacres sauvages, qui représente un risque pour l'activité de perliculture aux Gambier.
 
Depuis leur arrivée mardi à Mangareva, deux agents de la Direction des ressources marines, Vetea Liao et Yann Follin, interviennent auprès des perliculteurs. Durant leur mission, ils ont réalisé plusieurs plongées dans le lagon afin de recenser les nacres présentes de manière naturelle et effectuer différentes réunions d'information auprès des perliculteurs.
 
L'une d'entre elles s'est tenue mercredi à la mairie de Rikitea. La rencontre avait deux objectifs. D’une part, la restitution des résultats d'une étude effectuée sur les nacres sauvages et les courants, et d’autre part, l’organisation d'un recensement dans la zone de collectage. Une vingtaine de perliculteurs étaient présents pour échanger sur ces thématiques.
 
Un stock de nacres sauvages très faible
 
D’après les résultats de l’étude réalisée durant un an et demi, “les conclusions soulèvent quelques questions par rapport au collectage”. Pour Vetea Liao, chargé de projet sur les problématiques environnementales liées à la perliculture, “on peut conclure que le stock de nacres sauvages à Mangareva est très faible… la taille des nacres est beaucoup plus petite par rapport aux études faites par le passé et, en plus de cela, il y en a moins.”
 
Des stocks sauvages réduits et localisés, ce qui présente un risque pour la perliculture de l’île. Plusieurs hypothèses ont été citées pour expliquer cette diminution, comme l’augmentation des lignes de collectage diminuant la fixation des nacres sur les surfaces naturelles mais aussi le changement de comportement des prédateurs qui pourraient manger les nacres sauvages.

Signal d'alerte

“Nous sommes là pour lancer un signal d’alerte auprès des premiers concernés, les perliculteurs, car au fur et à mesure ils vont être confrontés à un manque de ressources et, vu que l’importation de nacres extérieures est interdite, tout repose sur ce qu’ils collectent ici à Mangareva”, expose clairement Vetea.
 
Plusieurs propositions ont été avancées, comme la remise en liberté de nacres chaque année par les perliculteurs, dans des lieux précis afin de multiplier le nombre de nacres mais aussi de sites de stockage naturel. Un projet innovant car jamais mis en place en Polynésie et qui nécessiterait un suivi de l’effectif des nacres remises à l’eau chaque année et un suivi des données de collectage, afin d’étudier son évolution.
Enfin, l’ouverture d’une écloserie a elle aussi été évoquée, elle pourrait “alléger le collectage naturel” qui reste encore difficile à contrôler et prévoir.

Kahealani Paeamara, perlicultrice : “Il faut une prise de conscience collective”

“Malheureusement, avec le phénomène de raréfaction des nacres et sachant que c'est la ressource primaire de l'île, la perliculture accueille les idées de la DRM les bras ouverts afin qu'il y ait une prise de conscience immédiate de chacun. L'avantage des spécialistes de la DRM est qu'ils donnent des solutions réalisables et prouvées scientifiquement tandis que les perlicuteurs eux restent dans le professionnalisme traditionnel : ‘je fais car mes ancêtres faisaient ainsi’. Par contre, les appréhensions restent mitigées car il y a ce qui sont prêts à participer aux actions pour le repeuplement des nacres, c'est-à-dire sacrifier des nacres, sachant qu'il y en a très peu actuellement, puis ceux qui attendent que l'action soit prouvée, c'est à dire attendre deux ans. La viabilité des propositions reste encore incertaine. Je pense qu'il faut une motivation et une prise de conscience collective afin que nous soyons plusieurs à participer aux actions à mener. Il en va de notre ressource. C'est toute une économie qui est remise en question.”

Rédigé par Shana Boosie-Mu le Vendredi 2 Septembre 2022 à 15:52 | Lu 2043 fois