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“Dieu est mort”, une pièce drôle et décalée


Selon l’auteur, Régis Vlachos, “beaucoup de croyants viennent nous voir et sont ravis ; ils ne se sentent pas blessés du tout”.
Selon l’auteur, Régis Vlachos, “beaucoup de croyants viennent nous voir et sont ravis ; ils ne se sentent pas blessés du tout”.
TAHITI, le 30 août 2022 - Dieu est mort et moi non plus j'me sens pas très bien sera jouée au Petit théâtre du 9 au 11 septembre. Cette pièce de Régis Vlachos, qui est aussi interprète, cherche à déconstruire l’idée de Dieu de manière drôle et décalée. Pour autant, elle reste respectueuse des idées et croyances de chacun. L'auteur a écrit la pièce après l'attentat de Charlie Hebdo, en pensant à Charb et Tignous.

Entre les Monty Python et Woody Allen, Nietzsche et Coluche, Voltaire et Devos, la pièce de théâtre Dieu est mort et moi non plus j'me sens pas très bien est un spectacle engagé, drôle et poétique. Elle a été écrite par Régis Vlachos qui est aussi interprète avec Charlotte Zotto. Il explique : “J’ai voulu déconstruire l’idée de Dieu qui est pour moi une hypothèse improbable”. Il a souhaité le faire sous forme théâtrale avec des scènes décalées. Il y a par exemple des prophètes qui s’ennuient dans le désert, un pape qui annonce que Dieu n’existe pas…

La pièce raconte le parcours d’un petit garçon qui a grandi dans une éducation catholique, où la sexualité est condamnée, où chantent Sardou plutôt que Brassens. Le petit garçon, devenu un homme, règle ses comptes avec sa mère, son psy et Dieu. Il devient tour à tour pape, prophète, chanteur, professeur de philosophie pour mieux défaire les religions. L’homme n’est pas seul sur scène, “mais je garde le personnage féminin comme une surprise pour ne pas dévoiler les enjeux”, indique Régis Vlachos qui précise à propos de Charlotte Zotto : “Elle a beaucoup de talent, elle peut faire pleurer le public ou, par un simple regard, le faire éclater de rire. C'est très rare !

À l’attention de Charb et Tignous

Pour mieux appréhender la pièce, Régis Vlachos tient à revenir sur son origine. Avant de l’écrire, il avait rencontré trois ou quatre fois les dessinateurs Charb et Tignous entre 2011 et 2013. Ceux-ci étaient venus voir une des pièces de Régis Vlachos au Festival d’Avignon 2010. “C’était des types formidables. Quand il y a eu le massacre à Charlie Hebdo, j’ai vraiment été bouleversé, comme si j’avais perdu deux amis. Alors j’ai voulu écrire quelque chose qui pourrait les faire rire.”

Dans la pièce, un petit garçon, devenu un homme, règle ses comptes avec sa mère, son psy et Dieu.
Dans la pièce, un petit garçon, devenu un homme, règle ses comptes avec sa mère, son psy et Dieu.
Régis Vlachos tient à préciser que Dieu est mort et moi non plus j'me sens pas très bien est fréquemment censurée en métropole. “Les professionnels, les programmateurs qui la voient sont ravis mais nous disent souvent qu’ils ne peuvent programmer un tel titre. Je sais que cela paraît incroyable, mais c'est la vérité.” L’auteur a pris conscience qu’il y avait une forte conscience chrétienne dans le milieu du théâtre, et donc la volonté de ne pas vouloir froisser la partie de son public qui aurait des affinités avec la religion catholique. “Pourtant, de très nombreux croyants viennent nous voir et sont ravis. Ils ne se sentent pas blessés du tout.

Il s’agit du quatrième texte de Régis Vlachos qui choisit toujours des sujets politiques ou polémiques. “Mais mon style c'est de m’adresser à tous. Il n’y a aucun sous-entendu culturel, il n’y a pas besoin d’avoir le bac pour comprendre mes pièces. C’est un engagement politique de ma part ; écrire des choses intelligentes et drôles, qui peuvent parler de sujets complexes mais pour tous !

Il souligne tout le travail de mise en scène au-delà du texte qui reste sans cela “de la littérature”. Il affirme avoir eu la chance de rencontrer “des metteurs en scène de talent”. Pour Dieu est mort et moi non plus j'me sens pas très bien, il a fait confiance à Franck Gervais et Christophe Luthringer qui ont su accentuer la folie et le décalage. “Même un enfant qui ne comprendrait pas tout ce qui se joue peut y apprécier l’aspect visuel. Ça bouge tout le temps, il ne s’ennuiera pas.” La pièce est conseillée à partir de 12 ans.

Heureux d’avoir beaucoup ri


Il semble que, souvent, les spectateurs remercient l’auteur d’aborder un tel thème. “Dieu est un sujet délicat, mais on a le droit de le critiquer”, assure Régis Vlachos qui cite le titre du livre de l’avocat de Charlie Hebdo, Richard Malka : “Le droit d’emmerder Dieu”. Ces remerciements se conjuguent au rire, “les gens sont très heureux d’avoir beaucoup ri sur une telle polémique”, et à l’émotion. “Ils affirment avoir été touchés sur la vie de ce petit garçon.” Des questions reviennent à propos de points particuliers du spectacle. “Je ne peux cependant pas les dévoiler. Je pose deux ou trois questions scientifiques pour emmerder Dieu, et les gens veulent savoir la réponse.” La pièce n’est pas là pour y répondre. En attendant, les deux comédiens se réjouissent de venir en Polynésie. “On va tout donner pour que les gens s’éclatent… et pensent !

Chirac et les dossiers secrets de la 5e République

Régis Vlachos joue depuis quatre ans, en parallèle à Dieu est mort et j'me sens pas très bien, la pièce Cabaret Louise. Il s'agit d'une œuvre polémique sur Louise Michel (institutrice, écrivaine, militante, ndlr) et la Commune de Paris. Elle aussi utilise les ressorts de l’humour et des gags qui “vont très loin”. De nombreuses révélations historiques “qui scotchent le public” sont faites tout au long de la pièce. Le succès doit beaucoup, selon l’auteur, au travail de mise en scène de Marc Pistolesi. “Alors avec lui et Charlotte, on va créer pour l’année prochaine une pièce que j’ai écrite sur Jacques Chirac où je révèle les dossiers secrets de la cinquième République. Je parle, bien évidemment, du scandale du nucléaire et des essais en Polynésie française ! J’aborde des choses très graves, comme la Françafrique, mais cela sera tout de même une comédie”. Régis Vlachos a fait sienne cette phrase de Bertolt Brecht : “Un théâtre où on ne rit pas est un théâtre dont on doit rire”.

Pratique

Le 9 et 10 septembre à 19h30 et le 11 septembre à 17 heures au Petit théâtre de la Maison de la culture. À partir de 12 ans.
Tarif : à partir de 3 900 Fcpf (- de 16 ans)
En vente dans les magasins Carrefour, Radio1 et en ligne.

Rédigé par Delphine Barrais le Mardi 30 Août 2022 à 21:11 | Lu 909 fois