Paris, France | AFP | mardi 26/11/2024 - Le gouvernement français a réitéré mardi à l'Assemblée nationale sa ferme opposition au traité de libre-échange avec le Mercosur "tel que la Commission (européenne) l'envisageait" et enregistré le soutien de poids de la Pologne qui vient d'officialiser son refus de l'accord en l'état.
"Dans les conditions actuelles", ce projet d'accord entre l'Union européenne et des pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) ne garantit pas des "conditions de concurrence loyales pour nos agriculteurs", a déclaré la ministre de l'Agriculture Annie Genevard depuis le Palais Bourbon.
Cependant, il serait "irresponsable pour la France de s'opposer par anticipation et par principe à tout accord de libre-échange", a-t-elle ajouté en ouverture des débats qui seront suivis d'un vote non contraignant des députés.
La France n'est en tout cas plus seule dans son refus: "le Conseil des ministres polonais a décidé de voter contre", s'est félicitée Annie Genevard, une annonce confirmée par Varsovie.
Une bonne partie de la gauche et le RN craignent toutefois que cette opposition de l'exécutif au traité, seulement en l'état et pas de manière définitive, ne soit pas suffisante.
Ursula Von Der Leyen, la présidente de la Commission européenne, "pourra s'engouffrer dedans et à la fin il y aura le Mercosur", a prévenu Marc Fesneau, chef du groupe MoDem et ancien ministre de l'Agriculture, lors de la conférence des présidents de l'Assemblée.
"Cet accord sera la goutte d'eau qui fera exploser la colère des électeurs français si le chef de l'État ne prend pas des dispositions fortes avec l'appui des députés français", a mis de son côté en garde l'éleveur Jérôme Bayle, figure de proue de la mobilisation de l'hiver dernier, invité par deux députés dans l'hémicycle.
Sur le terrain, les agriculteurs continuaient à multiplier leurs actions.
A Strasbourg, une cinquantaine de tracteurs d'agriculteurs de la Coordination rurale (CR, 2e syndicat agricole) ont été bloqués par les forces de l'ordre à environ un kilomètre du Parlement européen, où ils souhaitaient dire leur opposition à l'accord.
"On nous interdit des insecticides, des herbicides, des semences OGM, des produits qu'on considère dangereux pour la santé humaine, et tous ces pays d'Amérique du Sud travaillent avec ça, à grands renforts de déforestation. C'est aberrant", a déclaré Cyril Hoffmann, venu de Côte d'Or.
Dans le Gers, une quarantaine d'agriculteurs ont déversé des pneus, de la boue et de l'engrais devant le site de Danone à Villecomtal-sur-Arros, également à l'appel de la CR, avec l'intention de bloquer la plateforme pour la nuit, a constaté une photographe de l'AFP.
De son côté, l'alliance majoritaire FNSEA-Jeunes agriculteurs a lancé partout en France de nouvelles actions jusqu'à jeudi, visant "tout ce qui entrave la vie des agriculteurs", notamment les administrations (préfectures, agences de l'eau, etc.), a précisé sur France 2 le président de la FNSEA Arnaud Rousseau.
"Stop les papiers on en a marre" ou "Ras-le-bol", clamaient des pancartes accrochées à des tracteurs venus bloquer la cité administrative de Lille.
A Perpignan, une centaine d'agriculteurs vêtus de noir ont défilé derrière un cercueil, jusqu'à la préfecture. Un barrage filtrant a été installé par une dizaine de tracteurs sur un rond-point à Villeneuve-sur-Lot, où un véhicule transportant de la viande d'origine irlandaise a été bloqué.
"Nous avons trouvé de la viande irlandaise dans un camion qui allait livrer +McDo+, a déclaré à un correspondant de l'AFP le coprésident des JA pour le Lot-et-Garonne, Aurélien Tuffery. Nous l'avons bloqué et nous demandons au responsable de McDo de venir s'expliquer".
- En ordre dispersé -
A la mi-journée, quelque 660 agriculteurs menaient une vingtaine d'actions dans 15 départements, selon le dernier bilan des autorités, qui évoque notamment des rassemblements à Rouen (Seine-Maritime) ou Laon (Aisne), un barrage filtrant à Poitiers et des opérations sur des plateformes logistiques de supermarchés comme à Saint-Quentin-Fallavier (Isère).
Moins d'un an après une mobilisation historique, les agriculteurs estiment n'avoir pas obtenu suffisamment d'avancées concrètes.
Si les deux premiers syndicats partagent des revendications - comme de pouvoir utiliser des pesticides aujourd'hui autorisés en Europe et interdits en France du fait de leur toxicité -, ils occupent le terrain en ordre dispersé, dans un climat tendu à quelques semaines de leurs élections professionnelles.
La Coordination rurale, qui espère briser l'hégémonie de la FNSEA dans les chambres d'agriculture lors des élections de janvier, a multiplié les coups d'éclat, comme le blocage du port de Bordeaux, le saccage d'un bureau de l'Office français de la biodiversité dans la Creuse ou en perturbant un déplacement d'Arnaud Rousseau à Agen.
Loin du duel entre les deux premiers syndicats, la Confédération paysanne, 3e syndicat représentatif, continue aussi ses mobilisations contre le Mercosur, avec une action en Dordogne.
"Dans les conditions actuelles", ce projet d'accord entre l'Union européenne et des pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) ne garantit pas des "conditions de concurrence loyales pour nos agriculteurs", a déclaré la ministre de l'Agriculture Annie Genevard depuis le Palais Bourbon.
Cependant, il serait "irresponsable pour la France de s'opposer par anticipation et par principe à tout accord de libre-échange", a-t-elle ajouté en ouverture des débats qui seront suivis d'un vote non contraignant des députés.
La France n'est en tout cas plus seule dans son refus: "le Conseil des ministres polonais a décidé de voter contre", s'est félicitée Annie Genevard, une annonce confirmée par Varsovie.
Une bonne partie de la gauche et le RN craignent toutefois que cette opposition de l'exécutif au traité, seulement en l'état et pas de manière définitive, ne soit pas suffisante.
Ursula Von Der Leyen, la présidente de la Commission européenne, "pourra s'engouffrer dedans et à la fin il y aura le Mercosur", a prévenu Marc Fesneau, chef du groupe MoDem et ancien ministre de l'Agriculture, lors de la conférence des présidents de l'Assemblée.
"Cet accord sera la goutte d'eau qui fera exploser la colère des électeurs français si le chef de l'État ne prend pas des dispositions fortes avec l'appui des députés français", a mis de son côté en garde l'éleveur Jérôme Bayle, figure de proue de la mobilisation de l'hiver dernier, invité par deux députés dans l'hémicycle.
Sur le terrain, les agriculteurs continuaient à multiplier leurs actions.
A Strasbourg, une cinquantaine de tracteurs d'agriculteurs de la Coordination rurale (CR, 2e syndicat agricole) ont été bloqués par les forces de l'ordre à environ un kilomètre du Parlement européen, où ils souhaitaient dire leur opposition à l'accord.
"On nous interdit des insecticides, des herbicides, des semences OGM, des produits qu'on considère dangereux pour la santé humaine, et tous ces pays d'Amérique du Sud travaillent avec ça, à grands renforts de déforestation. C'est aberrant", a déclaré Cyril Hoffmann, venu de Côte d'Or.
Dans le Gers, une quarantaine d'agriculteurs ont déversé des pneus, de la boue et de l'engrais devant le site de Danone à Villecomtal-sur-Arros, également à l'appel de la CR, avec l'intention de bloquer la plateforme pour la nuit, a constaté une photographe de l'AFP.
De son côté, l'alliance majoritaire FNSEA-Jeunes agriculteurs a lancé partout en France de nouvelles actions jusqu'à jeudi, visant "tout ce qui entrave la vie des agriculteurs", notamment les administrations (préfectures, agences de l'eau, etc.), a précisé sur France 2 le président de la FNSEA Arnaud Rousseau.
"Stop les papiers on en a marre" ou "Ras-le-bol", clamaient des pancartes accrochées à des tracteurs venus bloquer la cité administrative de Lille.
A Perpignan, une centaine d'agriculteurs vêtus de noir ont défilé derrière un cercueil, jusqu'à la préfecture. Un barrage filtrant a été installé par une dizaine de tracteurs sur un rond-point à Villeneuve-sur-Lot, où un véhicule transportant de la viande d'origine irlandaise a été bloqué.
"Nous avons trouvé de la viande irlandaise dans un camion qui allait livrer +McDo+, a déclaré à un correspondant de l'AFP le coprésident des JA pour le Lot-et-Garonne, Aurélien Tuffery. Nous l'avons bloqué et nous demandons au responsable de McDo de venir s'expliquer".
- En ordre dispersé -
A la mi-journée, quelque 660 agriculteurs menaient une vingtaine d'actions dans 15 départements, selon le dernier bilan des autorités, qui évoque notamment des rassemblements à Rouen (Seine-Maritime) ou Laon (Aisne), un barrage filtrant à Poitiers et des opérations sur des plateformes logistiques de supermarchés comme à Saint-Quentin-Fallavier (Isère).
Moins d'un an après une mobilisation historique, les agriculteurs estiment n'avoir pas obtenu suffisamment d'avancées concrètes.
Si les deux premiers syndicats partagent des revendications - comme de pouvoir utiliser des pesticides aujourd'hui autorisés en Europe et interdits en France du fait de leur toxicité -, ils occupent le terrain en ordre dispersé, dans un climat tendu à quelques semaines de leurs élections professionnelles.
La Coordination rurale, qui espère briser l'hégémonie de la FNSEA dans les chambres d'agriculture lors des élections de janvier, a multiplié les coups d'éclat, comme le blocage du port de Bordeaux, le saccage d'un bureau de l'Office français de la biodiversité dans la Creuse ou en perturbant un déplacement d'Arnaud Rousseau à Agen.
Loin du duel entre les deux premiers syndicats, la Confédération paysanne, 3e syndicat représentatif, continue aussi ses mobilisations contre le Mercosur, avec une action en Dordogne.