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Deux ans pour préparer une nouvelle vie


La famille de Martin (à gauche) a été aidée par l'Agence immobilière sociale de Polynésie française.
La famille de Martin (à gauche) a été aidée par l'Agence immobilière sociale de Polynésie française.
PAPEETE, le 31 mars 2016. L'association Agence immobilière sociale de Polynésie française (AISPF) a accompagné 111 familles en 2015. Pendant deux ans, elle leur propose de ne payer qu'un tiers du loyer de leur logement et les accompagne pour construire un nouveau projet de vie.

Tihoti habitait l'atoll de Fakarava. Puis sa femme est tombée malade. Avec ses six enfants, il l'a suivie à chacune de ses évasans. Au bout de la cinquième, ses maigres économies avaient fondu. Toute la famille s'est retrouvée "coincée" à Tahiti, explique-t-il. Martin lui avait toujours été salarié jusqu'en 2013, année où il a été licencié et qui a marqué le début des difficultés. Ces deux familles, comme 109 autres en 2015 ont été aidées par l'Agence immobilière sociale de Polynésie française (AISPF). Cette l'association a été créée en 2008 pour aider les familles aux revenus modestes à trouver un logement dans l'immobilier privé pendant deux ans. Le temps qu'elles se construisent un projet de vie, qu'elles puissent retrouver du travail ou se former par exemple.

Les familles aidées paient 1/3 du loyer. Les 2/3 restant sont pris en charge par l'association. Pour y parvenir, celle-ci reçoit une subvention du Pays. Elle est de l'ordre de 74 millions de Fcfp en 2015 et devrait atteindre "150 millions de Fcfp" en 2016, a annoncé ce mercredi matin Tearii Alpha, le ministre du logement, lors du séminaire de l'AISPF.

En 2015, 111 familles ont pu être accompagnées par les deux salariés de l'entreprise, soit 432 personnes. Au terme des deux ans, "70% des familles ressortent du dispositif d'aide au logement AISPF avec de meilleures situations sociales et professionnelles", assure Vaiatu Frogier, directrice de l'AISPF.

Nadia fait ainsi partie des familles qui ont réussi à rebondir en partie grâce à l'AISPF. Elle est arrivée de Raiatea, avec ses trois enfants et son mari. Tous ensemble, ils se sont retrouvés à la rue une semaine. Finalement l'AISPF a pu leur trouver un logement. Nadia a aussi pu suivre au Centre de formation pour adultes une formation d'agent de propreté et d'hygiène grâce au service social de Pirae. Aujourd'hui, elle travaille. Son conjoint lui est actuellement en formation. Désormais, chaque mois, ils payent leur loyer de 42 000 Fcfp. Le sourire aux lèvres, Nadia met en avant que le dossier de demande de logements auprès de l'OPH est prêt.

Face au ministre du Logement, Vaiatu Frogier a demandé à ce que les "familles méritantes" prises en charge par l'AISPF soient prioritaires lors des attributions de logement de l'OPH. Pour Nadia, son rêve serait dé décrocher un logement OPH et ne pas finir sur la longue liste des demandeurs de logements sociaux.

Les impayés augmentent

Une des difficultés de l'Agence immobilière sociale de Polynésie française (AISPF) est "l'augmentation des impayés", a souligné ce jeudi matin Antonina Bambridge, présidente de l'AISPF. En 2015, ils ont augmenté de "59% par rapport à 2014". Le montant cumulé des impayés pour la période de 2009 à 2015 est de 12.4 millions de Fcfp. "Nous avons le sentiment que pour certaines familles et accompagnants sociaux, intégrer le dispositif AISPF est une fin en soi. Mais pas du tout", a-t-elle mis en avant. "C'est le début d'un processus qui devrait, à l'issue des deux ans le dispositif, leur permettre de s'installer durablement dans un logement et assumer les charges d'une famille. C'est l'apprentissage de l'autonomie."
En cas d'impayés, l'association engage systématiquement des procédures à l'encontre des mauvais payeurs "dans le respect d'une égalité de traitement en tous", indique Antonina Bambridge.



Rédigé par Mélanie Thomas le Jeudi 31 Mars 2016 à 18:06 | Lu 2055 fois