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Deux ans de prison ferme pour un enfer conjugal


Un homme a été condamné ce mardi à 5 ans de prison dont 3 avec sursis pour violence et d'agressions sexuelles sur sa compagne. Crédit photo : Thibault Segalard.
Un homme a été condamné ce mardi à 5 ans de prison dont 3 avec sursis pour violence et d'agressions sexuelles sur sa compagne. Crédit photo : Thibault Segalard.
Tahiti, le 5 septembre 2023 - Un homme a été jugé coupable ce mardi au tribunal correctionnel de Papeete, de violence et d'agression sexuelle sur sa compagne. Les faits remontent à 2019. Pendant plusieurs mois, la victime a été l'objet de violences physiques et verbales quotidiennes mais également de viols réguliers. L'homme a été condamné à cinq années de réclusion dont trois avec sursis.

Au cœur d'un enfer conjugal, un homme d'une vingtaine d'années a été jugé ce mardi par le tribunal correctionnel de Papeete pour violences et agressions sexuelles sur sa compagne. Les faits remontent à septembre 2019. En effet, le prévenu a fait vivre un véritable enfer à sa femme, avec qui il a également un enfant. Au départ pourtant, cette affaire se présentait comme de “simples” violences domestiques, puisque les forces de l'ordre ont été dépêchées au domicile du couple, à Mahina, suite à un appel de la mère de la victime, qui venait d’être témoin d'un acte de violence à l'encontre de sa fille. “Il lui a saisi la nuque et lui a arraché un piercing. Il l'a ensuite frappée d'un coup de poing au niveau de la tempe”, a-t-elle témoigné à l'époque aux forces de l’ordre. Mais ce n'est que lors de l'audition de la victime, que les enquêteurs ont découvert le douloureux envers du décor. Questionné sur sa vie avec son conjoint, la femme a alors déclaré être victime d'insultes, de violences, mais également de viols quotidiens. Des agissements qui auraient commencé “10 mois” après leur rencontre selon la victime et a enduré jusqu'en septembre 2019.
 
Des accusations qu'elle a maintenues devant le juge d'instruction jusqu'à mardi. En effet, certainement pour couvrir son mari et éviter de l'envoyer en prison, elle a décidé, à la barre, de revenir sur sa précédente version et de ne pas se constituer partie civile. “Je retire tout ce que j'ai dit. J'ai amplifié les faits, comme ceux des violences sexuelles (...). C'est par colère que j'ai dit ça lors de l'audition.” Interrogée par le procureur elle avoue qu'elle ne serait “pas capable de vivre” sans son compagnon. La même représentante du ministère public qui voit ces faits comme étant “l'affaire de la société et pas seulement de l'intimité d'un couple” : “Le couple est un lieu hautement criminogène mais dont les affaires peinent à sortir en raison de la dépendance affective et économique. Probablement que la victime ne serait pas revenue sur sa version si le prévenu était resté en détention provisoire.” En France, un procès peut avoir lieu même si la victime retire sa plainte et/ou qu'elle ne se constitue pas partie civile. Par conséquent, conformément à la procédure pénale, l'affaire a été jugée, malgré le souhait de la victime ne pas “voir son mari en prison et de ne pas vouloir le faire souffrir”.
 
Violences quotidiennes...
 
Comme expliqué, les faits de violence pour lesquels la victime a été, en premier lieu, entendue par les enquêteurs ne sont que la partie émergée de l'iceberg. En effet, la jeune femme aurait vécu de long mois de sévices. Elle a déclaré au juge d'instruction recevoir régulièrement des coups et des insultes de la part de son concubin. Plusieurs sms d'injures ont d'ailleurs été retrouvés dans le téléphone de la jeune femme par les enquêteurs. Si au départ, le prévenu a tout nié en bloc, il a fini par admettre malgré tout, après plusieurs dizaines de minutes à la barre, lui avoir adressé “quelques tapes”, sans plus : “Je ne l'ai pas tapé au point de la rosser.”
 
À noter que l'homme a déjà été condamné pour des faits de violence conjugale sur sa précédente compagne. Il avait alors été contraint de suivre un stage de citoyenneté, qui n'a visiblement pas eu l'effet escompté.
 
Le prévenu s'en est également pris, selon le premier témoignage de la victime à son enfant. “Il brulait mon fils avec une bouteille d'eau glacée. Je l'entendais crier derrière la porte et demander à son père d'arrêter.” L’institutrice de l'enfant a même déclaré à l'époque aux enquêteurs avoir un jeune garçon “qui était touché” par son environnement familial et qui “s'isolait” régulièrement. Encore une fois, l'homme qui a pourtant bien reconnu les faits devant le juge d'instruction, déclare n'avoir pas commis ces actes.
 
... et agressions sexuelles
 
Des violences quotidiennes, qui dans la chambre du couple, se transformaient en agressions sexuelles en viols réguliers, parfois plusieurs fois par semaine. “Il m'enlevait de force ma culotte et me disait qu'il allait faire vite (...). Je ne disais rien, de peur de recevoir des coups”, a-t-elle expliqué aux gendarmes lors de son audition. À l'évocation de son témoignage, trop émue, la victime, présente dans la salle d'audience a fondu en larmes et a quitté la salle. Conséquences de ces viols : des infections urinaires à répétition, mais également des saignements. “Quand je voulais le quitter, il me faisait du chantage en me disant que je ne travaillais pas et que ça allait être difficile pour moi (...). Il me disait que son oncle était gendarme et qu'il allait mettre mon dossier à la poubelle si je portais plainte... Que je ne reverrai jamais mon fils.” La victime ayant même indiqué qu'elle avait tenté de se suicider. Toujours indécis face à ces accusations et même s'il a déclaré avoir vu “qu'elle saignait”, le prévenu a expliqué ne pas se souvenir de tels agissements. “Comment ne peut-on pas se souvenir de ça”, lui a demandé la représentante du ministère public quelques instant avant de requérir : "Quatre ans après, vous êtes toujours ici à nous dire qu'elle ment ?”.

Si l'avocat de la défense a plaidé le manque d'éléments tangibles dans ce dossier, le tribunal a jugé l'homme coupable. Il est condamné à cinq années de prison (sans mandat de dépôt) dont trois assortis d'un sursis. Il lui reste donc 20 mois à purger en comptant les quatre déjà passés en détention provisoire en 2019. Il a de nouveau été contraint de suivre un stage de responsabilisation pour la prévention des violences domestiques. Son nom sera également inscrit au fichier des délinquants sexuels.

Rédigé par Thibault Segalard le Mardi 5 Septembre 2023 à 18:26 | Lu 1598 fois