PAPEETE, le 15 septembre 2014. (COMMUNIQUE) Mercredi à 19h25, Polynésie 1ère diffusera un documentaire inédit et de circonstance : « Destremau, un destin polynésien ». Réalisé par Pascale Berlin Salmon et coproduit par Archipel Production et Polynésie 1ère, ce film, dont la sortie coïncide avec la commémoration du centenaire du bombardement de Papeete, permet de comprendre le rôle qu’a joué le commandant Destremau dans l’histoire polynésienne lors de la Première Guerre Mondiale. A travers une superbe réalisation mettant en scène témoignages, images d’archives et reconstitutions en 3D, vous découvrirez comment Destremau a mis en échec la flotte impériale allemande pour protéger Papeete.
Tahiti Infos a rencontré la réalisatrice et la directrice de production, Silvy Deschamps.
Tahiti Infos a rencontré la réalisatrice et la directrice de production, Silvy Deschamps.
Pascale, quel est le point de départ de ce documentaire sur Maxime Destremau ?
Tout a commencé avec mon amie Thérèse Destremau en 2012. Elle rentrait d’un tour du monde que ses enfants lui avaient offert pour ses 82 ans. Lors du récit de son voyage, elle me dit qu’elle ira à Papeete - où elle ne s’était pas arrêtée - pour le centenaire de l’hommage à son aïeul Maxime Destremau. Ayant moi-même des origines tahitiennes et ayant vécu à Tahiti étant enfant, ce nom m’évoquait quelque chose. Comme tout le monde, je connais la rue Destremau à Papeete… Ce nom est en quelque sorte passé dans notre inconscient collectif, mais pour autant, peu d’entre nous connaissent l’histoire de ce personnage. En discutant avec Thérèse, j’ai alors découvert un homme au destin fantastique et une histoire aussi méconnue qu’intéressante et décisive.
C’est-à-dire ?
Comme le rappel l’historienne Marie-Noëlle Frémy, l’union sacrée s’est faite autour du drapeau français pour combattre ensemble dans la grande guerre. La réunion des deux histoires, locale et mondiale, se fait le 22 septembre 1914 grâce à Maxime Destremau et à l’amiral Von Spee, qui maraudait dans les eaux polynésiennes.
Quel est ce destin incroyable dont tu parles ?
Maxime Destremau a un destin de personnage de tragédie grecque. Il est venu à Tahiti par la mer, il a sauvé Papeete en organisant la défense de l’île, car il est parvenu à repousser l’armada allemande. Il est ensuite reparti par la mer, démit de ses fonctions, déshonoré et on ne l’a plus jamais revu. Maxime Destremau meurt un mois après avoir quitté Papeete, jeune – il a 40 ans - et de désespoir. Il est auréolé de gloire car il a sauvé Papeete mais il est déchu, car il ne s’est pas entendu avec le gouverneur de l’île, William Fawtier.
Que s’est-il passé ?
A l’époque, il y a avait un profond antagonisme entre le pouvoir politique et le pouvoir militaire. Le gouverneur Fawtier, garant de la paix sociale et économique – les Comptoirs Commerciaux étaient essentiellement tenus par de grandes familles allemandes – souhaitait que tout continue à fonctionner sans entrave. Maxime Destremau est nommé commandant d’arme de Papeete, la guerre est déclarée le 3 août 1914, mais à Papeete, on ne l’apprend que fin août. Destremau est donc perçu par Fawtier comme un oiseau de mauvais augure car de fait, il y a entre eux un conflit d’intérêt à priori insoluble ! Et lorsque l’on apprend que des navires allemands viennent marauder, mi septembre, Destremau flambe un peu dans sa superbe : il avait raison et Papeete serait bel et bien défendu puisqu’il avait tout prévu. C’est l’histoire de deux hommes rigides, stricts dans leur position, et, à l’époque, l’armée ne pouvait que donner raison au pouvoir politique pour maintenir une paix sociale.
Comment es-tu parvenue à retrouver des témoignages de cette partie de l’histoire?
Cela représente un an de recherches. Il a fallu retrouver des livres plus édités, partir à la rencontre de la famille Destremau, disséminée un peu partout en France et dans le monde. Je suis allée partout, je les ai tous interviewés pour reconstituer avec eux le puzzle de la mémoire de leur aïeul. Thérèse, Frédéric, Didier et Jean-Noël Destremau, mais également l’historienne Marie-Noëlle Frémy, Rainui Daunassans Pomaré, la petite fille de la princesse Tekau avec qui Maxime était ami : tous font partis de cette aventure. Parce que nous manquions d’images d’archives filmées, nous avons fait appel à un spécialiste des effets 3D, Olivier Michon, qui a entre autres réalisé de superbes reconstitutions de la Zélée. Je souhaite aussi souligner que nous avons pour ce documentaire une musique originale de Marc Deschamps ; quant à la voix de Maxime Destremau – il était baryton ! – elle est interprétée par une « vraie » voix de cinéma, celle de Daniel Njo Lobé. Enfin, je n’oublie pas l’équipe de Polynésie 1ère qui a été formidable et plus particulièrement Julien Marckt, qui a effectué un formidable travail de montage. Tous ensemble, nous avons tissé cette histoire dans l’Histoire et fait la lumière sur un homme formidable, qui a quelque peu été oublié car il était dans l’instant. Il a créé un mouvement puis il est parti. Quand les gens ne sont plus dans la présence, on les oublie. C’est un hommage que nous lui rendons.
Silvy, comment s’est faite la rencontre entre Pascale et toi ?
Pascale et moi sommes amies de longue date, elle vient depuis toujours en Polynésie. Lorsqu’elle a eu cette idée de documentaire, je suis une des premières personnes qu’elle ait appelée ! La productrice, Cathy Marconnet, a immédiatement été séduite par le projet. L’équipe d’Archipel Production a travaillé de façon rapprochée avec Pascale pour les recherches d’archives, de contacts, etc. Pour le financement du documentaire, nous avons eu l’aide de l’APAC pour l’écriture, Polynésie 1ère nous a soutenue et nous avons obtenu une subvention du CNC. Nous sommes d’ailleurs une des premières productions polynésiennes à en avoir bénéficié. On a également obtenu la labellisation « centenaire ».
Tout a commencé avec mon amie Thérèse Destremau en 2012. Elle rentrait d’un tour du monde que ses enfants lui avaient offert pour ses 82 ans. Lors du récit de son voyage, elle me dit qu’elle ira à Papeete - où elle ne s’était pas arrêtée - pour le centenaire de l’hommage à son aïeul Maxime Destremau. Ayant moi-même des origines tahitiennes et ayant vécu à Tahiti étant enfant, ce nom m’évoquait quelque chose. Comme tout le monde, je connais la rue Destremau à Papeete… Ce nom est en quelque sorte passé dans notre inconscient collectif, mais pour autant, peu d’entre nous connaissent l’histoire de ce personnage. En discutant avec Thérèse, j’ai alors découvert un homme au destin fantastique et une histoire aussi méconnue qu’intéressante et décisive.
C’est-à-dire ?
Comme le rappel l’historienne Marie-Noëlle Frémy, l’union sacrée s’est faite autour du drapeau français pour combattre ensemble dans la grande guerre. La réunion des deux histoires, locale et mondiale, se fait le 22 septembre 1914 grâce à Maxime Destremau et à l’amiral Von Spee, qui maraudait dans les eaux polynésiennes.
Quel est ce destin incroyable dont tu parles ?
Maxime Destremau a un destin de personnage de tragédie grecque. Il est venu à Tahiti par la mer, il a sauvé Papeete en organisant la défense de l’île, car il est parvenu à repousser l’armada allemande. Il est ensuite reparti par la mer, démit de ses fonctions, déshonoré et on ne l’a plus jamais revu. Maxime Destremau meurt un mois après avoir quitté Papeete, jeune – il a 40 ans - et de désespoir. Il est auréolé de gloire car il a sauvé Papeete mais il est déchu, car il ne s’est pas entendu avec le gouverneur de l’île, William Fawtier.
Que s’est-il passé ?
A l’époque, il y a avait un profond antagonisme entre le pouvoir politique et le pouvoir militaire. Le gouverneur Fawtier, garant de la paix sociale et économique – les Comptoirs Commerciaux étaient essentiellement tenus par de grandes familles allemandes – souhaitait que tout continue à fonctionner sans entrave. Maxime Destremau est nommé commandant d’arme de Papeete, la guerre est déclarée le 3 août 1914, mais à Papeete, on ne l’apprend que fin août. Destremau est donc perçu par Fawtier comme un oiseau de mauvais augure car de fait, il y a entre eux un conflit d’intérêt à priori insoluble ! Et lorsque l’on apprend que des navires allemands viennent marauder, mi septembre, Destremau flambe un peu dans sa superbe : il avait raison et Papeete serait bel et bien défendu puisqu’il avait tout prévu. C’est l’histoire de deux hommes rigides, stricts dans leur position, et, à l’époque, l’armée ne pouvait que donner raison au pouvoir politique pour maintenir une paix sociale.
Comment es-tu parvenue à retrouver des témoignages de cette partie de l’histoire?
Cela représente un an de recherches. Il a fallu retrouver des livres plus édités, partir à la rencontre de la famille Destremau, disséminée un peu partout en France et dans le monde. Je suis allée partout, je les ai tous interviewés pour reconstituer avec eux le puzzle de la mémoire de leur aïeul. Thérèse, Frédéric, Didier et Jean-Noël Destremau, mais également l’historienne Marie-Noëlle Frémy, Rainui Daunassans Pomaré, la petite fille de la princesse Tekau avec qui Maxime était ami : tous font partis de cette aventure. Parce que nous manquions d’images d’archives filmées, nous avons fait appel à un spécialiste des effets 3D, Olivier Michon, qui a entre autres réalisé de superbes reconstitutions de la Zélée. Je souhaite aussi souligner que nous avons pour ce documentaire une musique originale de Marc Deschamps ; quant à la voix de Maxime Destremau – il était baryton ! – elle est interprétée par une « vraie » voix de cinéma, celle de Daniel Njo Lobé. Enfin, je n’oublie pas l’équipe de Polynésie 1ère qui a été formidable et plus particulièrement Julien Marckt, qui a effectué un formidable travail de montage. Tous ensemble, nous avons tissé cette histoire dans l’Histoire et fait la lumière sur un homme formidable, qui a quelque peu été oublié car il était dans l’instant. Il a créé un mouvement puis il est parti. Quand les gens ne sont plus dans la présence, on les oublie. C’est un hommage que nous lui rendons.
Silvy, comment s’est faite la rencontre entre Pascale et toi ?
Pascale et moi sommes amies de longue date, elle vient depuis toujours en Polynésie. Lorsqu’elle a eu cette idée de documentaire, je suis une des premières personnes qu’elle ait appelée ! La productrice, Cathy Marconnet, a immédiatement été séduite par le projet. L’équipe d’Archipel Production a travaillé de façon rapprochée avec Pascale pour les recherches d’archives, de contacts, etc. Pour le financement du documentaire, nous avons eu l’aide de l’APAC pour l’écriture, Polynésie 1ère nous a soutenue et nous avons obtenu une subvention du CNC. Nous sommes d’ailleurs une des premières productions polynésiennes à en avoir bénéficié. On a également obtenu la labellisation « centenaire ».
Le Résumé :
Le 22 septembre 1914 Maxime Destremau entre dans l’Histoire et la Polynésie française dans la Première Guerre Mondiale. Le commandant Destremau, seul, avec quelques hommes et sa chère canonnière "Zélée", est prêt à soutenir l'attaque de la grande flotte impériale allemande, représentée par l'amiral von Spee.
L'attaque surprise des bateaux ennemis est déjouée par celui qu'on va appeler le "Tomana api", le nouveau chef. Son charisme, son excellence dans beaucoup de domaines ne lui attirent pas que des amis. Notamment dans les plus hautes sphères du pouvoir.
La rivalité entre Destremau, représentant de l’autorité militaire, et le gouverneur Fawtier, représentant de l’autorité civile, était presque personnelle. C’est lui en tout cas qui fera tout pour obtenir la chute de Destremau.
Venu par la mer pour sauver Tahiti et reparti par la mer, Maxime Destremau entre, aux yeux de certains, au panthéon des dieux tahitiens. Sa mémoire est honorée en cette commémoration du centenaire de ces faits héroïques.
Le 22 septembre 1914 Maxime Destremau entre dans l’Histoire et la Polynésie française dans la Première Guerre Mondiale. Le commandant Destremau, seul, avec quelques hommes et sa chère canonnière "Zélée", est prêt à soutenir l'attaque de la grande flotte impériale allemande, représentée par l'amiral von Spee.
L'attaque surprise des bateaux ennemis est déjouée par celui qu'on va appeler le "Tomana api", le nouveau chef. Son charisme, son excellence dans beaucoup de domaines ne lui attirent pas que des amis. Notamment dans les plus hautes sphères du pouvoir.
La rivalité entre Destremau, représentant de l’autorité militaire, et le gouverneur Fawtier, représentant de l’autorité civile, était presque personnelle. C’est lui en tout cas qui fera tout pour obtenir la chute de Destremau.
Venu par la mer pour sauver Tahiti et reparti par la mer, Maxime Destremau entre, aux yeux de certains, au panthéon des dieux tahitiens. Sa mémoire est honorée en cette commémoration du centenaire de ces faits héroïques.