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Des syndicats se préparent à un mois de mai protestataire


PAPEETE, le 16 avril 2015 - Les ports, les hôpitaux, et bientôt les fonctionnaires… Plusieurs syndicats agitent la menace d'une nouvelle vague de grèves. Entre les revendications spécifiques à chaque entreprise, deux grandes inquiétudes collectives : la création d'emplois, et les réformes de la PSG et du code du travail.


Des négociations tendues avec le patronat ou le gouvernement ont lieu en ce moment même parmi les pêcheurs, les manutentionnaires du Port, les hôpitaux de Taravao, Moorea et de Taaone, dans certaines sociétés de transport (dont Air France), des imprimeries, EDT ou encore à l'Huilerie de Tahiti. Certains sont déjà en grève (comme l'Huilerie, voir encadré), d'autre pourraient s'y remettre dès ce weekend (comme au CHPF où les syndicats dénoncent le non-respect d'un point du protocole d'accord concernant les "congés rayons X" pour les techniciens des scanners).

À croire que les grèves à la CPS, à l'OPT et au CHPF n'étaient qu'un préambule à un printemps social plus intense. Mais les syndicats font surtout monter la pression pour le mois de mai, en particulier les confédérations CSTP/FO, O oe to oe Rima et CSIP qui tenaient une conférence de presse ce mercredi.

Un mouvement dans la fonction publique ?

Le mouvement pouvait commencer par un grand défilé le 1er mai, puis pourrait enchainer sur un mouvement qui inclurait "tous les secteurs d'activité", de l'hôtellerie au commerce en passant par les transports… Et les grèves prendront de l'ampleur si les fonctionnaires territoriaux s'y mettent aussi. La CSTP/FO représente presque la moitié des salariés de la fonction publique territoriale, et son secrétaire général souligne qu'ils ont aussi de nombreuses revendications, entre changements de statut et 6 ans de gel du point d'indice de leurs salaires. "J'ai beaucoup de pression dans la fonction publique pour partir en grève. Qu'est-ce que je leur réponds ? Il y a un moment je ne pourrai plus les retenir" glisse Patrick Galenon.

Mais Cyril Le Gayic, de la CSIP, modère ces annonces en soulignant que les négociations dans les entreprises privées gérées par le syndicat avancent dans la plupart des cas sans qu'il y ait besoin de grève… Mais que la confédération est prête à suivre les salariés souhaitant arrêter le travail.

La grève pour la relance

Outre les nombreuses revendications individuelles, il y a plusieurs revendications collectives. Pour Patrick Galenon, "le message est clair. Il faut que le gouvernement commence à s'assoir autour d'une table avec les partenaires sociaux, et que l'on fasse une politique sociale. Il faut faire une relance, il n'y a plus d'emplois, on croyait toucher le fond mais ça continue de couler. Le Tahiti Mahana Beach c'est pour dans 4, 5 ans, les CAE n'ont pas suffi… Il faut créer plus d'emplois. Au lieu de ça le gouvernement veut remettre en cause les conventions collectives. Demander 1,4 milliard à l'Etat c'est bien, mais en échange de nos conventions collectives, non."

Cyril Le Gayic, lui, insiste sur le fait que les syndicats seraient écartés des réformes en cour de préparation de la protection sociale et du droit du travail, alors même que "les partenaires sociaux ont déjà travaillé sur ces sujets, il y a des propositions de loi qui sont prêtes, mais le nouveau gouvernement veut tout refaire encore une fois. On n'avance plus !"

Les syndicats se défendent enfin d'avoir un agenda politique. "Nous on fait de la politique sociale, pas de la politique politicienne" explique Cyril Le Gayic, ancien secrétaire général du syndicat CSIP. Même son de cloche du côté de Patrick Galenon, secrétaire général de la CSTP/FO, qui assure que la proposition de Gaston Flosse de passer le SMIG à 120 000 Fcfp dans la zone du Tahiti Mahana Beach a été perçue dans sa fédération comme une déclaration de guerre. La recrudescence de mouvements sociaux au moment même où le "camp Fritch" prend son indépendance du Vieux Lion serait donc totalement coïncidentelle. Selon les syndicalistes, c'est plutôt la sensation que toutes les mesures de ce nouveau gouvernement sont favorables au patronat qui hérisse les organisations représentant les salariés.

Malgré tout, si ces grèves ont bien lieu en mai, elles percuteront le calendrier des élections sénatoriales, prévues pour le 3 mai.

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Jeudi 16 Avril 2015 à 17:13 | Lu 1477 fois