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Des pistes de réflexion pour sauver la ressource halieutique de Bora Bora


Bora Bora, le 16 octobre 2023 - La gestion des ressources marines est un sujet qui concerne tous les utilisateurs du lagon de la perle du Pacifique, en particulier les familles qui s’en nourrissent au quotidien. Pour le professeur René Galzin, qui a tenu une conférence sur le sujet dans le cadre des “Mercredis du savoir”, la préservation passe par une politique active de sensibilisation et d’aménagement concerté.
 
Force est de constater que l’action humaine ne fait que fragiliser la ressource halieutique à Bora Bora. C’est ce qu’a mis en valeur René Galzin, spécialiste des poissons coralliens et de l’écologie marine, lors d’un exposé qu’il a présenté au public mercredi dernier en présence du maire de l’île Gaston Tong Sang, dans le cadre du cycle de conférences des “Mercredis du savoir”. Le professeur a fait part de ses inquiétudes, après l’étude qu’il a menée sur les populations de poissons à Bora Bora.
 
L’importance de la préservation des espaces où ils vivent a tout d’abord été mise en lumière, 90% des poissons occupant des territoires inférieurs à 20 m2. Le bétonnage des littoraux, lié à la pression immobilière, met en danger de nombreuses espèces, puisque les plages naturelles sont souvent des zones de nurserie. “Pour gérer les stocks, il faut gérer la pêche, mais aussi l’aménagement”, a soutenu René Galzin.
 
En outre, il a souligné que la santé du lagon dépend étroitement de celle des récifs. Ainsi, après les épisodes d’invasion de la taramea, espèce géante d’étoile de mer dévoreuse de corail, le nombre de poissons a toujours été déterminant. En effet, les algues se développent sur les zones mortes, empêchant la renouvellement du corail. Seuls les poissons, s’ils sont en nombre suffisant, sont capables de dévorer ces algues, favorisant ainsi la renaissance du corail. Sans eux, le récif meurt très rapidement. Or, la pression exercée par la pratique de la pêche, intérieure ou côtière, met en péril certaines espèces, capturées en trop grand nombre ou avant leur maturité sexuelle. Ainsi, les mū et les pa’ati, surpêchés, voient leurs effectifs diminuer de manière inquiétante, tout comme les tāea, les huriva’a et les para’i, pris trop précocement pour pouvoir se reproduire.
 
Face à ce constat, le professeur Galzin a présenté une dizaine de propositions, parmi lesquelles la mise en place d’un rahui, espace protégé qui n’est efficace selon lui que s’il est surveillé. Cette solution controversée est loin d’être l’unique possibilité avancée par le professeur, qui affirme qu’“il faut assurer la protection des poissons du lagon comme ressource de subsistance pour les populations précaires”. Le respect des tailles de maturité sexuelle, le respect des zones côtières favorables aux jeunes poissons ainsi que la création d’une chaire universitaire de pêche halieutique font partie des propositions de René Galzin, qui en appelle à la responsabilité du gouvernement pour assurer la subsistance des Polynésiens.

Rédigé par Lucie Scarparo le Lundi 16 Octobre 2023 à 15:37 | Lu 1243 fois