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Des lycées toujours bloqués, des rassemblements et quelques incidents


Paris, France | AFP | mardi 04/12/2018 - Des dizaines de lycées sont à nouveau bloqués mardi en France, au lendemain de rassemblements parfois émaillés de violences: un mouvement aux revendications disparates, porté par la vague des "gilets jaunes", qui pourrait se poursuivre ces prochains jours.

Les académies de Versailles, Créteil et la ville de Marseille sont particulièrement touchées, selon les remontées des rectorats en matinée, tandis que la mobilisation dans d'autres régions était en retrait par rapport à la veille.
Les lycéens contestataires et leurs représentants syndicaux appellent à l'abandon des réformes du lycée, du bac, de la voie professionnelle et de la loi ORE, introduite l'an dernier pour l'entrée à l'université.
"On a des revendications à porter mais la colère vient de la même source que celle des +gilets jaunes+, le gouvernement a fait des réformes destructrices. On a intérêt à mobiliser avec eux", déclare à l'AFP Louis Boyard, à la tête de l'UNL, un syndicat lycéen, qui appelle à bloquer "tous les lycées" vendredi.
D'autres syndicats lycéens (le SGL et la Fidl) appellent, eux, à mobiliser jeudi.
Jusqu'à présent, les appels à la mobilisation des syndicats lycéens - qui ont perdu de leur représentativité depuis 20 ans - n'avaient rencontré que peu d'écho. Mais la contestation des "gilets jaunes" semble avoir donné un coup de fouet à leurs revendications. 
À Marseille, 23 établissements sont perturbés, dont dix totalement bloqués. Devant quelques-uns, des lycéens ont brûlé des poubelles, érigé quelques barricades, dans une ambiance parfois tendue, ont constaté des journalistes de l'AFP. 
"Je suis contre les mesures pour le bac, le Parcoursup, le service universel obligatoire et l'augmentation des frais d'inscription, faut que ça cesse", estime Charaf, 18 ans, élève de terminale S. "L'école pourrait être une bonne chose mais l'État en fait une mauvaise chose", a renchéri Imâd, un élève de seconde de 15 ans, près de lui.
 

- Voiture brûlée -

 
En région parisienne, la police a parfois dû faire usage de gaz lacrymogène, comme à Cachan (Val-de-Marne) où une voiture a été incendiée.
Au total dans cette académie de Créteil, 32 établissements sont touchés mardi matin, dont cinq bloqués totalement. Pour les autres, les lycéens contestataires ont installé des poubelles devant les grilles ou mis en place un barrage filtrant aux entrées.
Une trentaine de lycées sont également perturbés sur l'académie de Versailles, dont huit bloqués, indique le rectorat, qui signale "une vigilance particulière sur Mantes-la-Jolie" où des affrontements sont en cours.
À Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), où des scènes de violence s'étaient déroulées la veille à proximité du lycée Jean-Pierre-Timbaud, avec une voiture brûlée, quelques jeunes continuent de "jouer au chat et à la souris avec la police", mais "sans commune mesure avec les scènes de la veille", selon la rue de Grenelle.
En revanche, à Saint-Ouen, un véhicule a été incendié dans la matinée.
À Toulouse, un incendie a endommagé le hall d'entrée du lycée Saint-Exupéry de Blagnac, en banlieue de Toulouse, causé par un feu de poubelles selon les lycéens. L'agglomération de Toulouse comptait une dizaine d'établissements perturbés.  
Les rectorats signalent sept lycées perturbés sur Paris, trois établissements bloqués dans l'académie de Caen-Rouen, trois à Montpellier. À Bordeaux, quelques centaines de jeunes se sont rassemblés devant un lycée du quartier et ont mis le feu à une barricade de fortune, constituée de poubelles, selon un journaliste de l'AFP. Les forces de l'ordre sont intervenues et ont tiré des gaz lacrymogènes.
À Lyon et sa métropole, des rassemblements sont en cours devant 13 lycées, selon la préfecture du Rhône. Quelques échauffourées ont éclaté entre lycéens et forces de l'ordre durant lesquelles un policier a été blessé et à l'issue desquelles cinq interpellations ont eu lieu pour "jets de projectiles" sur agents dépositaires de l'autorité publique et "dégradations de biens".
L'académie de Rennes ne signale aucun blocage, de même qu'en Alsace et en Franche-Comté.
La veille, le ministère avait évoqué dans la matinée une centaine de lycées perturbés, notamment dans les académies de Toulouse, Créteil et Versailles. En fin de journée, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a indiqué que 188 lycées avaient été touchés.

le Mardi 4 Décembre 2018 à 05:20 | Lu 220 fois