Illkirch-Graffenstaden, France | AFP | samedi 21/08/2021 - Séisme à Haïti, incendies dans le Var ou en Grèce, inondations en Allemagne: au sud de Strasbourg, des cartographes de l'urgence élaborent des cartes des catastrophes du monde entier pour prêter main forte aux secours.
"L'idée est de transformer en quelques heures une image satellite en informations géographiques sur l'étendue, l'impact, l'intensité des dégâts", explique Stephen Clandillon, directeur du Service régional de traitement d'image et de télédétection (Sertit), un service "unique en France" rattaché à l'Université de Strasbourg et installé sur le campus d'Illkirch-Graffenstaden.
"On repère les dommages, les routes bloquées, les rassemblements spontanés de populations": des informations essentielles pour les secours qui, sur le terrain, manquent souvent d'une vision d'ensemble, détaille Stéphanie Battiston, responsable du service de cartographie rapide.
Sur ses deux écrans, les images satellitaires successives d'Haïti permettent d'observer la cathédrale des Cayes, troisième ville du pays, détruite par le puissant tremblement de terre du 14 août, et le regroupement des habitants sur le terrain de football.
L'observation "pâté de maison par pâté de maison" se fait essentiellement à l'oeil nu, avec "quatre yeux" pour ne rien rater, en comparant les images prises avant et après la catastrophe, une sorte de "jeu des sept erreurs" méticuleux sur fond de drame.
Géographe et chef de projet au Sertit, Robin Faivre s'était rendu aux Cayes il y a deux ans pour un programme de reconstruction après l'ouragan Matthew de 2016.
Observer cette ville de nouveau ravagée "implique émotionnellement, mais il faut faire abstraction", l'urgence prenant le pas, explique-t-il. D'autant qu'au Sertit, les catastrophes succèdent aux catastrophes, particulièrement en ce mois d'août.
Localisation des fronts de feu
Dès mardi, une première carte des incendies du Var a été tracée. Elle "donne une idée de la localisation du feu, de l'ampleur et des fronts de feu actifs", dit Mme Battiston.
Son auteur, Rémi Braun, ingénieur en télédétection, a commencé à analyser des images satellitaires de nuit, prises à peine deux heures après le début de l'incendie, afin de détecter les premières zones de feu.
"Tant que le feu n'est pas officiellement éteint, on fait du monitoring de la tâche de feu, puis, une fois qu'il est éteint, on fait la carte des dommages", décrit l'ingénieur.
Vingt-quatre heures sur 24, sept jours sur sept, les seize membres de l'équipe de cartographie rapide du Sertit, composée d'ingénieurs, de géographes, d'informaticiens et de physiciens, fournissent en quelques heures des cartes décrivant l'étendue et l'évolution des catastrophes.
"On est encore la référence en termes de qualité, de rapidité et de disponibilité", se félicite Stephen Clandillon, vingt ans après la création du service.
Vue du dessus
Pour le Var comme pour nombre de catastrophes, le Sertit opère dans le cadre d'un contrat avec Copernicus, un programme de l'Union européenne qui fournit gratuitement des informations géospatiales précises aux autorités de protection civile ou aux humanitaires en situations d'urgence.
Le service a également conclu un contrat-cadre avec le Centre national d'études spatiales (CNES) au titre de la "Charte internationale Espace et Catastrophes majeures", activée par exemple pour le séisme en Haïti à la demande de la protection civile du pays.
La cartographie rapide a fait la preuve de son utilité pour la première fois lors du tsunami de 2004 dans l'océan Indien.
Mais M. Clandillon admet que "le satellite a ses limites". Les cartes réalisées par le Sertit n'identifient que ce qui est visible depuis le ciel. Elles indiquent un glissement de terrain ou un bâtiment écroulé, mais pas s'il y a des victimes piégées.
Lors des séismes de 2015 au Népal, les bâtiments se sont effondrés à Katmandou, ce qui ne se distinguait pas sur les images satellitaires. Sans parler des images voilées par les nuages.
"L'idée est de transformer en quelques heures une image satellite en informations géographiques sur l'étendue, l'impact, l'intensité des dégâts", explique Stephen Clandillon, directeur du Service régional de traitement d'image et de télédétection (Sertit), un service "unique en France" rattaché à l'Université de Strasbourg et installé sur le campus d'Illkirch-Graffenstaden.
"On repère les dommages, les routes bloquées, les rassemblements spontanés de populations": des informations essentielles pour les secours qui, sur le terrain, manquent souvent d'une vision d'ensemble, détaille Stéphanie Battiston, responsable du service de cartographie rapide.
Sur ses deux écrans, les images satellitaires successives d'Haïti permettent d'observer la cathédrale des Cayes, troisième ville du pays, détruite par le puissant tremblement de terre du 14 août, et le regroupement des habitants sur le terrain de football.
L'observation "pâté de maison par pâté de maison" se fait essentiellement à l'oeil nu, avec "quatre yeux" pour ne rien rater, en comparant les images prises avant et après la catastrophe, une sorte de "jeu des sept erreurs" méticuleux sur fond de drame.
Géographe et chef de projet au Sertit, Robin Faivre s'était rendu aux Cayes il y a deux ans pour un programme de reconstruction après l'ouragan Matthew de 2016.
Observer cette ville de nouveau ravagée "implique émotionnellement, mais il faut faire abstraction", l'urgence prenant le pas, explique-t-il. D'autant qu'au Sertit, les catastrophes succèdent aux catastrophes, particulièrement en ce mois d'août.
Localisation des fronts de feu
Dès mardi, une première carte des incendies du Var a été tracée. Elle "donne une idée de la localisation du feu, de l'ampleur et des fronts de feu actifs", dit Mme Battiston.
Son auteur, Rémi Braun, ingénieur en télédétection, a commencé à analyser des images satellitaires de nuit, prises à peine deux heures après le début de l'incendie, afin de détecter les premières zones de feu.
"Tant que le feu n'est pas officiellement éteint, on fait du monitoring de la tâche de feu, puis, une fois qu'il est éteint, on fait la carte des dommages", décrit l'ingénieur.
Vingt-quatre heures sur 24, sept jours sur sept, les seize membres de l'équipe de cartographie rapide du Sertit, composée d'ingénieurs, de géographes, d'informaticiens et de physiciens, fournissent en quelques heures des cartes décrivant l'étendue et l'évolution des catastrophes.
"On est encore la référence en termes de qualité, de rapidité et de disponibilité", se félicite Stephen Clandillon, vingt ans après la création du service.
Vue du dessus
Pour le Var comme pour nombre de catastrophes, le Sertit opère dans le cadre d'un contrat avec Copernicus, un programme de l'Union européenne qui fournit gratuitement des informations géospatiales précises aux autorités de protection civile ou aux humanitaires en situations d'urgence.
Le service a également conclu un contrat-cadre avec le Centre national d'études spatiales (CNES) au titre de la "Charte internationale Espace et Catastrophes majeures", activée par exemple pour le séisme en Haïti à la demande de la protection civile du pays.
La cartographie rapide a fait la preuve de son utilité pour la première fois lors du tsunami de 2004 dans l'océan Indien.
Mais M. Clandillon admet que "le satellite a ses limites". Les cartes réalisées par le Sertit n'identifient que ce qui est visible depuis le ciel. Elles indiquent un glissement de terrain ou un bâtiment écroulé, mais pas s'il y a des victimes piégées.
Lors des séismes de 2015 au Népal, les bâtiments se sont effondrés à Katmandou, ce qui ne se distinguait pas sur les images satellitaires. Sans parler des images voilées par les nuages.