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Des difficultés d'ordre juridique pour la poursuite du Tahiti Mahana Beach


PAPEETE, le 20 octobre 2014. Le grand projet de développement touristique sur le site d'Outumaoro a besoin d'une clarification juridique et financière, c'est en substance ce qu'a livré le président du Pays, Edouard Fritch au sujet du Tahiti Mahana Beach. De son côté, le ministre du tourisme Jean-Christophe Bouissou part prochainement à la rencontre de possibles investisseurs chinois.
Le projet Tahiti Mahana Beach est-il dans une impasse ? Du côté du gouvernement on ne se lasse pas de répondre qu'il faut aller au bout de cet aménagement touristique majeur pour le développement économique du Pays. Mais on n'ignore pas les difficultés techniques du projet, et pour la première fois à la fois le Président du Pays et son ministre du tourisme ont levé le voile sur les retards à l'allumage de ce grand projet qui paraît depuis quelques mois trainer en longueur, depuis la présentation des esquisses d'aménagement à la fin du mois de juillet dernier. Le président Edouard Fritch ne mâche pas ses mots : "On a les esquisses avec un gars qui voit les choses comme nous, mais qui n'a pas d'argent. A côté, il y a un autre mec qui a l'argent mais n'a pas la conception".

Le ministre du tourisme, Jean-Christophe Bouissou est moins direct dans ses propos. "Nous sommes assez secrets, on ne parle pas beaucoup de ce projet car il est complexe" reconnait-il. "On a le terrain, on a mis en jeu un grand projet et nous avons des réponses sous forme d'esquisses, nous devons désormais établir un programme précis. Est-ce qu'on veut un palais des congrès ? Est-ce qu'on veut un remblai de 18 hectares ? A partir du projet, on va se positionner sur un programme qui déterminera un cahier des charges que l'on remettra en jeu et c'est là qu'il nous faudra trouver des investisseurs" poursuit-il. Lancé dans une opération transparence sur ce projet, le nouveau gouvernement polynésien avait annoncé la création d'un comité élargi de concertation autour du Tahiti Mahana Beach. Comité dont la création traîne également.

Edouard Fritch, le président du Pays met ouvertement le doigt là où ça fait mal. Entre le groupe hawaiien 70 International dont l'esquisse a été retenue et les Chinois de Forebase il va falloir négocier ferme. "Si Forebase pouvait financer l'esquisse proposée par le groupe 70 ce serait gagné pour nous" admet-il. Mais, justement, Forebase qui a également proposé une esquisse d'aménagement fin juilet au gouvernement polynésien n'a visiblement pas le désir immédiat de réaliser un projet qui ne vient pas de la maison. Les trois lauréats en compétition sur ce projet ont tous été payés 25 millions de Fcfp pour fournir une esquisse d'aménagement de ce site au Pays ; si l'achat de l'esquisse par le Pays était un préliminaire chacun des trois groupes avait bien l'intention de remporter, dans la foulée, l'exécution physique de ce projet.

Edouard Fritch va plus loin et explique que sitôt les esquisses acquises par le Pays "on a demandé au groupe 70 d'aller au-delà de l'esquisse qui avait été financée. Il est donc sorti du marché initial, de son cahier des charges pour essayer de peaufiner le projet. Mais là on est dans un autre modèle de marché : on passe d'un marché à 25 millions de Fcfp à une demande de leur part qui va passer à 50 ou 70 millions de Fcfp. Mais ça ne peut pas se faire comme ça, car il s'agit d'un marché public avec les contraintes incontournables des marchés publics" argumente encore le président qui ne veut pas subir les foudres d'un contrôle de la Chambre territoriale des comptes et d'éventuelles poursuites judiciaires. A force d'aller vite en besogne sur ce dossier, il semble donc que certains garde-fous n'aient pas été complètement respectés. Sans faire machine arrière, le nouveau gouvernement en charge veut donc prendre des garanties.

Visiblement les avocats internationaux du Pays se sont déjà penchés sur cette problématique glissante du projet Tahiti Mahana Beach. La solution qu'ils préconisent est celle de la création d'une société "pour se dégager des contraintes des marchés publics". Après tout, peu de temps après l'arrivée de Gaston Flosse au pouvoir des textes législatifs sur les partenariats public/privé (PPP) avaient été adoptés dans ce sens, "les textes sur les PPP sont là pour réglementer ce genre d'association, mais c'est compliqué et on peut se foutre dedans en moins que rien". Pour ne pas finir sur une note pessimiste, il conclut néanmoins : "Forebase, Hainan (les deux groupes chinois déjà venus prospecter des investissements touristiques en Polynésie-NDLR) sont toujours intéressés. Il faut négocier".





Rédigé par Mireille Loubet le Lundi 20 Octobre 2014 à 16:53 | Lu 4054 fois