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Des avocats dénoncent "le tribunal médiatique" autour des violences sexuelles


L'acteur Richard Berry a été visé fin janvier par une plainte de sa fille Coline pour "viols et agressions sexuelles", remontant également aux années 1980. Le comédien dément formellement.
L'acteur Richard Berry a été visé fin janvier par une plainte de sa fille Coline pour "viols et agressions sexuelles", remontant également aux années 1980. Le comédien dément formellement.
Paris, France | AFP | lundi 15/02/2021 - Des avocats, dont ceux de Richard Berry que sa fille ainée Coline accuse d'inceste, ont dénoncé lundi pour différentes raisons les dangers induits par "le tribunal médiatique" dans les affaires de violences sexuelles.

Dans une tribune publiée dans le Monde daté de mardi, six avocats pénalistes s'inquiètent notamment que "le parquet, informé de violences sexuelles pour lesquelles la prescription ne fait aucun doute, ouvre systématiquement une enquête préliminaire plutôt que de constater l'extinction automatique de l'action publique" et "d'expliquer le rôle de la prescription, le bien-fondé de la non-rétroactivité de la loi pénale ou l'état actuel du droit qui, désormais, rend tous ces crimes quasi imprescriptibles".

"Le tribunal médiatique a fini par contaminer l'ordre judiciaire", estiment les signataires parmi lesquels figure Me Hervé Temime, l'un des conseils de Richard Berry, qui conteste les accusations.

Ce "procédé entraîne une inégalité de traitement considérable entre les justiciables: toutes les victimes n'ont pas le pouvoir de faire savoir ce qu'elles assurent avoir subi, qui en publiant un livre, qui en réalisant un film, voire en mentionnant simplement le patronyme célèbre de tel acteur, écrivain ou personnage public", poursuivent Marie Dosé, Céline Lasek, Delphine Meillet, Christian Saint-Palais et Daniel Soulez-Larivière. 

Pour Me Sophie Obadia, qui défend aussi Richard Berry, "il y a une inégalité des armes: le tribunal médiatique met en lumière la plainte et la parole de la personne accusée n'est pas recueillie de la même manière".

"Si on amène sur la place publique des affaires prescrites que la justice n'analysera pas contradictoirement avec la saisie d'un juge d'instruction, alors ça devient impossible d'avoir un débat serein", a-t-elle regretté auprès de l'AFP.

Dans un entretien à France Info diffusé lundi, Coline Berry-Rojtman explique pourquoi elle a déposé plainte pour "viols et agressions sexuelles". Le parquet de Paris a ouvert le 25 janvier une enquête pour examiner ces faits, remontant à 1984-1985 et probablement prescrits.

"C'était ça ou j'en crève", a ajouté Coline Berry-Rojtman, entendue plusieurs heures jeudi par la brigade de protection des mineurs. 

Les accusations de la fille du comédien "sont feuilletonnées", a regretté Me Obadia, "alors que je voudrais que mon client soit rapidement entendu: il a beaucoup de choses à dire, des réponses à apporter, des clarifications à donner".

Le parquet de Paris, premier concerné par ces critiques, justifie ses investigations, en invoquant notamment la recherche d'éventuels autres faits non prescrits. Ce qui s'est produit récemment pour l'agent de mannequins Jean-Luc Brunel et l'entraîneur de patinage Gilles Beyer, tous deux mis en examen. Des victimes potentielles s'étaient signalées une fois les enquêtes ouvertes.

le Lundi 15 Février 2021 à 11:13 | Lu 393 fois