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Dengue : Les campagnes de pulvérisation inquiètent


La première campagne de pulvérisation a eu lieu ce jeudi, dans les quartiers de Taunoa.
La première campagne de pulvérisation a eu lieu ce jeudi, dans les quartiers de Taunoa.
Tahiti, le 30 novembre 2023 – Ce jeudi, avait lieu la première campagne de pulvérisation contre les moustiques dans les quartiers de Fāri'ipiti, où un cas de dengue de type 2 avait été identifié plus tôt dans la semaine. Une méthode qui suscite une nouvelle fois des inquiétudes chez les habitants des quartiers concernés.
 
Lundi 27 novembre dernier, le bureau de veille sanitaire confirmait un cas autochtone de dengue de type 2, provenant des quartiers de Fāri'ipiti. Une demi-surprise, compte tenu des prévisions faites plus tôt cette année par l'Agence de régulation de l’action sanitaire et sociale (Arass) : “Il y a toutes les conditions requises. Notamment avec la recrudescence de cas de dengue de type 2 en Asie”, expliquait déjà Henri-Pierre Mallet au mois d'août dernier. Pour rappel, la dengue constitue l'arbovirose la plus fréquente en Polynésie française, notamment à cause de sa forte concentration de moustiques. Un contexte que prend très au sérieux le Centre de santé environnementale (CSE), d'autant que la dengue de type 2 n'a pas pratiquement pas circulé en Polynésie française depuis le début des années 2000, exposant de fait une bonne partie de la population à une nouvelle contamination. Et ce jeudi, le CSE prenait les devants en organisant sa première journée de pulvérisation d'insecticides dans les quartiers de Fāri'ipiti.
 
“Ils nous ont prévenu. Ils sont passés la veille, déposer des affiches. Normalement, tout le quartier est au courant”, témoignait Mataraenia, habitante du quartier qui ne semblait pas inquiète concernant la gravité d’une possible épidémie de dengue de type 2 : “Je ne suis pas inquiète par rapport au cas de dengue déclaré dans la zone récemment. Je pense que l'on a vu pire. Je pense qu'il y aura pire encore peut-être. Là, ils font ce qu'ils peuvent pour préserver l'être humain, sa santé, mais forcément c'est à nous aussi de faire attention.”
 
En revanche, cette intervention du CSE a suscité d'autres interrogations : Il y a quoi à l'intérieur de ce produit ? Parce qu'ils nous disent qu'il n'y a rien de grave, qu'il ne faut pas s'inquiéter, mais lorsqu'on les regarde ils sont cloîtrés dans leur véhicule, vitres remontées, et avec des masques sur le visage. S'ils veulent nous rassurer, qu'ils montrent l'exemple en respirant comme nous ce produit. Je comprends qu'ils fassent leur devoir, mais voilà, qu'ils nous rassurent aussi.” Et pour cause : la campagne de pulvérisation d'insecticides s'est effectuée de 6 heures à 8 heures ce matin-là, pendant que les gens étaient à leur domicile. Et si aucune contre indication n'a été soulevée par les services de santé, Mataraenia, elle, a émis des doutes : “Ma mère a 88 ans et est alitée. Je ne peux pas la déplacer comme bon me semble. Que dois-je faire ? Peut-elle respirer ces produits sans crainte ? Il n'est dit nulle part qu'il faille libérer les lieux lors du passage des agents. Et puis ils passent à 6 heures du matin. Les gens sont encore chez eux, certains dorment encore.” Et effectivement, parmi les recommandations communiquées du CSE, rien sur la nécessité de libérer les lieux.

La population ne bénéficie pas d'un tel attirail  pour se protéger des insecticides.
La population ne bénéficie pas d'un tel attirail pour se protéger des insecticides.

Rédigé par Wendy Cowan le Jeudi 30 Novembre 2023 à 16:30 | Lu 2260 fois