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Démonstrations aériennes et foule compacte: le salon du Bourget est de retour


Crédit Emmanuel DUNAND / AFP
Crédit Emmanuel DUNAND / AFP
Le Bourget, France | AFP | lundi 19/06/2023 - Une foule compacte de professionnels a déferlé lundi dans les allées du salon du Bourget, admirant aéronefs civils, avions de combat et objets volants novateurs, pour ce plus grand rendez-vous aéronautique mondial, organisé tous les deux ans et qui effectue son retour après une annulation forcée par le Covid-19 en 2021.

Le président français Emmanuel Macron, qui passe une grande partie de la journée sur place afin de mettre en valeur ce secteur premier contributeur à la balance commerciale française, est arrivé vers 10H00 (08H00 GMT) à bord d'un H160, dernier-né de la gamme d'Airbus Helicopters.

Clin d'œil appuyé de l'Elysée à la nécessaire décarbonation du secteur aérien face au changement climatique, l'appareil était avitaillé à 30% de carburant d'aviation durable (SAF de son acronyme en anglais), d'origine non fossile.

M. Macron a ensuite assisté à de premières démonstrations aériennes. Hélicoptères, avion de combat Rafale ou encore Airbus A321 XLR, version à long rayon d'action du monocouloir européen vedette, ont enchaîné les arabesques sous un ciel nuageux.

Au sol, les délégations étrangères civiles ou en uniforme arpentent les allées en direction des chalets des industriels, là où tout se passe dans le plus grand secret. 

Dès l'aube, des visiteurs ont convergé vers cet événement organisé jusqu'à dimanche. Le tout en tentant de triompher d'embouteillages monstres autour de l'aéroport historique du Bourget, situé près de Paris.

Plus important au monde en nombre de visiteurs - 320.000 personnes attendues, le grand public y ayant accès à partir de vendredi -, ce salon est traditionnellement marqué par des mégacommandes d'avions, des démonstrations en vol et des présentations technologiques.

Mais au-delà, cette 54e édition est placée sous le signe de la crise du climat et des pressions sociétales qui s'exercent sur un secteur contribuant à près de 3% des émissions de CO2 mondiales.

M. Macron a profité de sa visite pour défendre un modèle économique et social basé sur l'"innovation" et la "stratégie industrielle" afin d'atteindre une sobriété écologique "raisonnable", "transparente" et "non punitive", contre un modèle où il faudrait "renoncer à la croissance".

"Salon de la reprise" 

Parmi les 2.500 exposants, Emmanuel Macron a rencontré quelques unes des 1.130 entreprises françaises présentes, du géant Thales à la start-up Aura Aero. Il a déjà annoncé vendredi un plan de 2,2 milliards d'euros pour accompagner la maturation des technologies permettant de réduire l'empreinte carbone de l'avion.

Cela passe par le développement des SAF. M. Macron s'est fait présenter sur le stand d'Airbus la feuille de route technologique du groupe pour atteindre la neutralité carbone en 2050, objectif du secteur aérien mondial.

Le rassemblement du Bourget est présenté comme "le salon de la reprise" après la pandémie qui a asséché les finances des compagnies aériennes et durablement désorganisé les chaînes d'approvisionnement des fabricants.

C'est "le retour du bon vieux temps de l'excitation du salon", s'enthousiasme Guillaume Faury, patron d'Airbus et du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas), l'organisateur de la manifestation.

L'affluence montre que "la passion pour l'aérien n'a pas disparu, c'est quand même une bonne nouvelle", explique à l'AFP le directeur général d'Easyjet pour la France et le Benelux, Bertrand Godinot.

Mais pour 14 ONG de défense de l'environnement, le salon du Bourget illustre au contraire "un déni climatique". "Sans limiter le trafic aérien, nous ne pourrons pas suffisamment réduire les émissions, le bruit ou la pollution dues au secteur, dans le temps imparti", ont affirmé ces organisations réunies sous la bannière "Stay Grounded" ("restez au sol", mais aussi "soyez réaliste").

Alors que le trafic aérien mondial est en passe de retrouver son niveau d'avant-Covid, les compagnies cherchent à renouveler leurs flottes par des avions plus rentables, qui consomment moins de carburant et émettent donc moins de CO2.

Et face à des avionneurs dont les créneaux de livraisons sont quasi-pleins jusqu'en 2029, les compagnies anticipent leur croissance alors que le trafic aérien mondial devrait doubler d'ici 25 ans.

Combien d'Airbus, de Boeing? "Tout le monde va regarder les grandes commandes", estime Guillaume Faury. Des commandes il y en aura, assure de son côté Stan Deal, patron de la branche avions commerciaux de Boeing. "Mais notre objectif principal reste de continuer à travailler avec l'industrie pour se remettre du Covid".

L'enjeu est majeur pour les deux avionneurs, confrontés aux difficultés de leurs chaînes de fournisseurs à suivre les remontées en cadence pour livrer les appareils.

le Lundi 19 Juin 2023 à 05:27 | Lu 350 fois