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Démissions au CHPF, de la parole aux actes


Tahiti, le 2 juin 2024 - La démission de nombreux chefs de service au CHPF de Taaone a été remise jeudi soir au ministre de la Santé, marquant, un peu plus encore, la fracture entre personnels soignants et gouvernement.
 
C’est massivement que les chefs de différents services de l’hôpital de Taaone avaient annoncé la veille de la conférence de presse bilan de la première année de mandature de Moetai Brotherson qu’ils présentaient leur démission.
 
C’est à nouveau quelques jours avant la présentation du remaniement ministériel de ce lundi que ces derniers sont passés de la parole aux actes.
 
Jeudi dernier, près des deux-tiers d’entre eux ont ainsi remis leur démission auprès du ministre de la Santé, Cédric Mercadal, qui s’est empressé de les refuser.
 
Fatigués par des services surchargés, des médecins et aides-soignants manquants, des locaux dont les premiers signes de vétusté se font déjà bien sentir, et une désorganisation au niveau des services RH, ils ont massivement choisi de poser le stéthoscope.
 
“Le temps commence à se faire long !”
 
Il y a des fuites partout et donc de la moisissure aussi, notamment dans les chambres de nos patients”, témoignait une infirmière dans nos colonnes il y a deux semaines. “Nos climatiseurs fuient. On nous dit que cela va être réglé bientôt… Eh bien le temps commence à se faire long ! Et pour vous dire, aujourd'hui, l'hôpital n'est même pas capable de nous fournir du papier et des stylos. Même pour ces choses-là, ce sont les différents services qui doivent s'équiper eux-mêmes. Et c'est ce qui nous agace aussi : même sur les petites choses, l'hôpital n'est pas capable de faire ce qu'il faut.”
 
“Tout le monde est fatigué de la situation”, expliquait alors, Mireille Duval, la secrétaire générale de la Fédération des interprofessionnels des services de santé en Polynésie (Fissap). “Mais la tendance est désormais aux dépôts d'arrêts maladies. Ils risquent d'être très nombreux. Et ça mettrait encore plus les équipes en difficulté, surtout avec les Jeux olympiques qui approchent, car il y aura une réorganisation des effectifs et qu'il faudra plus de personnel.”
 
Un énième geste symbolique pour tirer la sonnette d’alarme sur l’état de la profession au Fenua. Une épine de plus dans le pied du ministre de la Santé qui doit aussi gérer bon nombre de dossiers par ailleurs, de la déshérence à la Direction de la santé, jusqu’à la grogne montante dans les hôpitaux périphériques, le tout avec un cabinet qui, constate-t-on rue Dupetit-Thouars, se dégarnit.
 
Des réponses attendues
 
En réponse aux demandes répétées des professionnels de santé, la présidence avait fait voter il y a peu un collectif budgétaire incluant 1,9 milliard de francs pour le CHPF, avec une promesse du ministre, la révision du statut du CHPF qui doit pouvoir disposer d'un budget pluriannuel pour avoir “plus de perspective et plus de souffle”.
 
Un second collectif budgétaire devrait abonder les caisses de l’hôpital dans un second temps au deuxième semestre 2024.
 
Enfin, en toile de fond, un dernier problème, la présidence du CHPF, qui est aussi de plus en plus souvent dénoncée.
 
Le président du Pays ainsi que le ministre de la Santé seront immanquablement, et une nouvelle fois, interrogés sur les réponses concrètes qu’ils vont apporter à tout un système de santé qui va mal.

Rédigé par Bertrand PREVOST le Lundi 3 Juin 2024 à 10:24 | Lu 4687 fois