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Déconventionnement des médecins : aux patients de payer la différence


Déconventionnement des médecins : aux patients de payer la différence
Mille quatre-vingts douze francs. C’est le montant que prendra en charge la CPS pour une consultation facturée 3 600 F chez un généraliste à partir du 21 février. Suite à l’échec des négociations entre la CPS et les médecins libéraux, les patients seront remboursés sur la base du tarif fixé par la loi, c’est-à-dire 70% de 1 560F. Et encore, il n’est pas dit que certains médecins n’augmentent pas leurs tarifs, qui seront désormais libres et affichés dans les cabinets.

« On incitera les médecins à conserver les tarifs actuels » relativise le docteur Gouy, médecin généraliste, membre du bureau et ancien président du SMLPF (syndicat des médecins libéraux de Polynésie française). « Mais même ainsi, il est certain qu’avec une telle somme à la charge de nos patients, notre activité va fortement diminuer, et les structures publiques devront faire face à un afflux qu’elles ne pourront pas gérer ».

Comment a-t-on pu en arriver là ? Même le Dr Gouy, qui avait signé en tant que président du syndicat la dernière convention avec la CPS, il y a trois ans, semble consterné. Dans quelques jours, il recevra par la poste, comme les autres médecins, la convention individuelle que va lui proposer la Caisse de prévoyance sociale. Lui et ses confrères ont un mois pour y répondre.  « On ne va pas se précipiter  » explique-t-il. Car les médecins jouent la montre, et entendent mettre le ministre de la santé « devant ses responsabilités ».



Recours en justice?

A l’origine du conflit, une manœuvre kamikaze de la CPS pour faire des économies, et limiter le déficit de la branche assurance maladie. L'idée Revoir entièrement la nomenclature des actes médicaux, en transposant celle qui s’applique en métropole, tout en lui appliquant un coefficient multiplicateur de 1,4 pour compenser la cherté de la vie en Polynésie française. Impensable pour les médecins généralistes comme pour les spécialistes, pour qui cela signifierait une baisse de 25 à 40% des revenus.  

« C’est de la provocation » réagit le Dr Gouy, qui voit derrière tout cela un « problème idéologique ». « Pendant des années, on a accusé les médecins de gagner trop bien leur vie. Aujourd’hui, on veut s’attaquer aux nantis. Mais ceux qui ont des chiffres d’affaires élevés, comme les radiologues, ont des frais de matériel très importants », explique le médecin, qui ne voit pas où seraient les abus des médecins dont les tarifs, fixés il y a quinze ans, n’ont « jamais évolué depuis ».

Le syndicat envisage d’ores et déjà d’attaquer le Pays en justice. Les conventions individuelles que la CPS veut faire signer aux médecins libéraux sont interdites par le code de la santé applicable en métropole, affirme le SMLPF.

le Lundi 23 Janvier 2012 à 15:23 | Lu 2738 fois