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Décès de Michel Garcia le "Monsieur plongée" de l’île de Pâques


RAPA NUI, le 31 mai 2018- C’est une figure marquante du monde de la plongée sous-marine qui a récemment disparu, en la personne de Michel Garcia, ce Français de 61 ans, qui avait tant fait pour le développement du tourisme subaquatique à l’île de Pâques depuis quarante ans. Très connu en Polynésie française, mais également bien au-delà, Michel a été emporté trop tôt par un cancer.

Né en décembre 1956 à Antibes, dans le sud de la France, rien ne prédisposait spécialement le jeune Michel Garcia à vivre un jour sur l’une des pointes du vaste triangle polynésien. Dans le sillage de son frère, Henri, il débarqua pourtant en 1978 à l’île de Pâques, avec ses diplômes de plongeur professionnel acquis en 1977.


Plongée loisir et pétrolier

Le sigle du centre de plongée créé par Michel et Henri Garcia, un centre à la réputation internationale, qui poursuit aujourd’hui ses activités sous la férule de la fille de Michel, Mareva.
Le sigle du centre de plongée créé par Michel et Henri Garcia, un centre à la réputation internationale, qui poursuit aujourd’hui ses activités sous la férule de la fille de Michel, Mareva.
Henri, son frère aîné (décédé en juillet 2015 à 64 ans, à l’île de Pâques), était un ancien de la Calypso qui avait sillonné les océans aux côtés du commandant Cousteau et qui avait décidé de tout plaquer pour vivre à Rapa Nui.
Ensemble, les deux frères fondèrent la société SEEM Orca Ltda, qui eut très vite plusieurs activités : le développement d’un centre de plongée pour accueillir les touristes, bien sûr, mais aussi le dépotage du cargo amenant à l’île le kérosène des avions de la Lan Chile (Latam aujourd’hui), mais aussi l’essence et le gas-oil des véhicules et de diverses installations. Un travail qui se passe au large du secteur du Vinapu et qui demande une très grande maîtrise technique ; le pétrolier en effet ancre dans la baie et c’est sous l’eau qu’il faut raccorder le tanker aux canalisations amenant les carburants dans leurs différents réservoirs situés à terre. Au crédit de Michel, qui prit en main cette activité, l’absence pendant des décennies, de tout incident et de toute marée noire qui eut pu avoir des conséquences désastreuses pour l’île.


Découvreur d’une porcelaine

L’une des plus grandes fiertés de Michel fut la découverte de la porcelaine sans aucun doute la plus rare du monde, baptisée en son honneur Cribrarula garciai.
L’une des plus grandes fiertés de Michel fut la découverte de la porcelaine sans aucun doute la plus rare du monde, baptisée en son honneur Cribrarula garciai.
Michel, curieux de tout ce qui avait trait à la mer, s’est très tôt mobilisé pour la création de réserves sous-marines, les « parcs sous-marins de l’île de Pâques ». On lui doit aussi d’avoir participé, en tant que cheville ouvrière, à d’innombrables expéditions scientifiques dans les eaux de Rapa Nui et même de Sala y Gomez. Il avait aussi été l’homme de confiance de l’équipe de Kevin Reynolds lors du tournage du film « Rapa Nui » en 1997 dont il avait assuré toute la logistique marine.
Parmi les fiertés de Michel, la découverte, à grande profondeur, d’une nouvelle porcelaine baptisée en son honneur Cribrarula garciai (Lorenz & Raines 2001), une petite merveille de 17 à 30 mm de longueur, sans doute aujourd’hui l’un des coquillages les plus chers du monde tant il est rare – plus cher encore que la mythique Cypraea leucodon !


Avec « l’homme-dauphin »

L’une des photos favorites de Michel Garcia le représentant sur l’un des motu au large du Rano Kau, avec, à droite de l’image, l’apnéiste français Jacques Mayol tenant un œuf en main (photo : DP).
L’une des photos favorites de Michel Garcia le représentant sur l’un des motu au large du Rano Kau, avec, à droite de l’image, l’apnéiste français Jacques Mayol tenant un œuf en main (photo : DP).
Un grand moment de la vie de Michel fut, en juillet 1999, la visite de Jacques Mayol, « l’homme-dauphin » venu chez les « hommes-oiseaux », en repérage une semaine à l’île de Pâques (avant son suicide à l’île d’Elbe en 2001).
Photographe et cameraman sous-marin réputé, Michel avait documenté en images une multitude d’organismes, éditeurs et télévisions, étant un parfait connaisseur de la faune endémique des eaux entourant son île.
Michel Garcia est décédé à Santiago, le 17 mai dernier, à 1h10 du matin. Sa maladie avait été découverte en décembre dernier, mais, toujours discret, ce plongeur émérite avait gardé sa souffrance pour lui seul. Ses cendres ont été dispersées sur deux sites qu’il aimait particulièrement à l’île de Pâques, Ovahe et Papa Tekena. Bien sûr, les activités qu’il dirigeait depuis tant d’années avec succès lui survivront et les plongeurs polynésiens pourront toujours aller à Rapa Nui mouiller leurs palmes au sein du centre Orca Diving que sa fille, Mareva, supervise désormais.
Michel laisse un vide énorme dans le monde du silence polynésien. A son épouse, Patricia, à ses enfants et à ses proches et amis, Tahiti Infos présente ses sincères condoléances.

Daniel Pardon








En 2000, Michel Garcia avait publié un livre sur la faune sous-marine de son île. En couverture, le moai de résine laissé par l’équipe ayant tourné le film « Rapa Nui ».
En 2000, Michel Garcia avait publié un livre sur la faune sous-marine de son île. En couverture, le moai de résine laissé par l’équipe ayant tourné le film « Rapa Nui ».

Rédigé par Daniel Pardon le Jeudi 31 Mai 2018 à 10:47 | Lu 9652 fois