Tahiti, le 5 octobre 2020 - À la demande des étudiants, une enquête menée par le syndicat Avenir étudiant estime à environ 155 018 Fcfp le coût moyen de la rentrée à l'université 2020 – 2021. Une étude qui met en exergue les écarts entre les différentes catégories sociales, mais que le syndicat invite à prendre avec précaution vu le nombre de données manquantes.
Motivé par une demande de plus en plus pressante des étudiants, le coût de la rentrée post-bac en Polynésie française a fait l'objet d'une toute première enquête réalisée par le syndicat Avenir étudiant. "Ils sont nombreux à venir nous voir pour parler de leur problème de finances au moment de s'inscrire, ils découvrent l'accumulation des charges entre le loyer, le mā'a, internet, les outils informatiques" justifie Keanu Faatau président du syndicat.
Sur la même méthode et les mêmes critères que ceux de la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE) (lire encadré), l'étude distingue les frais de vie courante (transport aérien, logement, installation, internet, alimentation, produits d'hygiène, fournitures) et les frais de scolarité en fonction de l'établissement. Résultat : le logement (60%), les frais d'inscriptions (12%) et les transports aériens (10%) arrivent en tête des postes de dépenses pour les étudiants de l'UPF.
Mais le coût de la vie marque surtout des écarts importants selon le profil de l'étudiant : son archipel d'origine, son type d'hébergement (familial, cité universitaire, CHE de Outumaoro, logement privatif) et l'accès à une bourse, plus avantageuse si elle est versée par l'État que par le Pays. "Le simple fait d'être boursier ou non déjà peut creuser un fossé" précise Léo Puputauki, membre du conseil d'administration. Autre élément susceptible de peser dans la balance : l'âge. Les étudiants de moins de 21 ans, ne sont pas soumis aux cotisations obligatoires à la CPS (entre 6000 et 10 000 Fcfp).
282 000 Fcfp le coût moyen en Métropole
Ainsi le coût de la rentrée pour un boursier de l'Etat logé en famille dans les îles du Vent et âgé de moins de 21 ans s'élève à 27 500 Fcfp, contre 344 167 Fcfp pour un non-boursier des Marquises, âgé de 21 à 26 ans, hébergé dans un logement locatif privé. Rapporté aux 3 000 étudiants de l'UPF, ces deux extrêmes donnent une moyenne de 155 018 Fcfp pour un étudiant inscrit à l'université. Un chiffre à prendre cependant avec précaution, nuance le syndicat. Faute d'accès à bon nombre d'indicateurs (origine, profil social, âge, résidence), les instigateurs de l'enquête n'ont pas pu pondérer les coûts avec rigueur.
Dans ce contexte, impossible de comparer ce résultat avec celui de la métropole, de l'ordre de 2 361 euros (282 000 Fcfp). "On a utilisé les mêmes indicateurs, mais on n'a pas pu appliquer la pondération. On ne connaît pas le nombre d'étudiants qui viennent des archipels, notamment des Marquises, qui habitent dans un logement universitaire, et qui ont entre 21 et 26 ans, argumente Léo Puputauki. Si cette fraction d'étudiants est plus importante que les autres, elle va forcément tirer le coût moyen vers le haut." Et inversement. Bien que le transport inter-îles compte dans la définition du coût moyen, cette tranche d'étudiants est loin d'être majoritaire. "Si on s'aperçoit les années suivantes, avec des données affinées, que ce chiffre est encore en dessous de ce qu'on croit, ça va tirer la moyenne vers le bas."
Près de 300 étudiants en grande précarité
L'exercice s'annonce difficile alors que même la DGEE ou l'UPF ne sont pas en mesure d'extraire les données nécessaires. L'université recense bien l'indicateur de l'origine des étudiants, mais uniquement pour la clé de répartition des logements universitaires, avec une priorité aux jeunes les plus éloignés (des îles ou de la Presqu'île). Le syndicat compte dès lors sur l'adhésion de nouveaux partenaires, avec pour mission de glaner des données plus précises dans leur établissement respectif. Outre les difficultés de collecte, le Covid est aussi passé par là, mettant un sérieux coup de frein aux recherches. "On a dû tout faire à distance, résume Keanu Faatau, on aurait accéléré un peu les choses si on avait pu aller au contact."
L'étude a cependant le mérite d'exister et de poser la question de l'adéquation des aides avec les besoins des étudiants. "Certaines aides correspondent à certains profils, d'autres non. Il y a des déséquilibres. Si par exemple les boursiers du Pays peuvent bénéficier de la prise en charge des billets d'avion, ce n'est pas le cas pour les boursiers de l'Etat" cite Léo Puputauki. Il y a aussi le cas des étudiants qui peinent à obtenir une bourse tout court et qui sont contraints de trouver un emploi. "Le coût de la vie augmente avec les années. Si les études leur coûtent trop cher, forcément ils vont être tentés de chercher du boulot, avec un risque de décrochage" met en garde Keanu Faatau. Selon le syndicat Avenir étudiants, près de 300 étudiants seraient en grande précarité. "On parle d'étudiants qui n'ont parfois vraiment rien… À peine de quoi manger".
Motivé par une demande de plus en plus pressante des étudiants, le coût de la rentrée post-bac en Polynésie française a fait l'objet d'une toute première enquête réalisée par le syndicat Avenir étudiant. "Ils sont nombreux à venir nous voir pour parler de leur problème de finances au moment de s'inscrire, ils découvrent l'accumulation des charges entre le loyer, le mā'a, internet, les outils informatiques" justifie Keanu Faatau président du syndicat.
Sur la même méthode et les mêmes critères que ceux de la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE) (lire encadré), l'étude distingue les frais de vie courante (transport aérien, logement, installation, internet, alimentation, produits d'hygiène, fournitures) et les frais de scolarité en fonction de l'établissement. Résultat : le logement (60%), les frais d'inscriptions (12%) et les transports aériens (10%) arrivent en tête des postes de dépenses pour les étudiants de l'UPF.
Mais le coût de la vie marque surtout des écarts importants selon le profil de l'étudiant : son archipel d'origine, son type d'hébergement (familial, cité universitaire, CHE de Outumaoro, logement privatif) et l'accès à une bourse, plus avantageuse si elle est versée par l'État que par le Pays. "Le simple fait d'être boursier ou non déjà peut creuser un fossé" précise Léo Puputauki, membre du conseil d'administration. Autre élément susceptible de peser dans la balance : l'âge. Les étudiants de moins de 21 ans, ne sont pas soumis aux cotisations obligatoires à la CPS (entre 6000 et 10 000 Fcfp).
282 000 Fcfp le coût moyen en Métropole
Ainsi le coût de la rentrée pour un boursier de l'Etat logé en famille dans les îles du Vent et âgé de moins de 21 ans s'élève à 27 500 Fcfp, contre 344 167 Fcfp pour un non-boursier des Marquises, âgé de 21 à 26 ans, hébergé dans un logement locatif privé. Rapporté aux 3 000 étudiants de l'UPF, ces deux extrêmes donnent une moyenne de 155 018 Fcfp pour un étudiant inscrit à l'université. Un chiffre à prendre cependant avec précaution, nuance le syndicat. Faute d'accès à bon nombre d'indicateurs (origine, profil social, âge, résidence), les instigateurs de l'enquête n'ont pas pu pondérer les coûts avec rigueur.
Dans ce contexte, impossible de comparer ce résultat avec celui de la métropole, de l'ordre de 2 361 euros (282 000 Fcfp). "On a utilisé les mêmes indicateurs, mais on n'a pas pu appliquer la pondération. On ne connaît pas le nombre d'étudiants qui viennent des archipels, notamment des Marquises, qui habitent dans un logement universitaire, et qui ont entre 21 et 26 ans, argumente Léo Puputauki. Si cette fraction d'étudiants est plus importante que les autres, elle va forcément tirer le coût moyen vers le haut." Et inversement. Bien que le transport inter-îles compte dans la définition du coût moyen, cette tranche d'étudiants est loin d'être majoritaire. "Si on s'aperçoit les années suivantes, avec des données affinées, que ce chiffre est encore en dessous de ce qu'on croit, ça va tirer la moyenne vers le bas."
Près de 300 étudiants en grande précarité
L'exercice s'annonce difficile alors que même la DGEE ou l'UPF ne sont pas en mesure d'extraire les données nécessaires. L'université recense bien l'indicateur de l'origine des étudiants, mais uniquement pour la clé de répartition des logements universitaires, avec une priorité aux jeunes les plus éloignés (des îles ou de la Presqu'île). Le syndicat compte dès lors sur l'adhésion de nouveaux partenaires, avec pour mission de glaner des données plus précises dans leur établissement respectif. Outre les difficultés de collecte, le Covid est aussi passé par là, mettant un sérieux coup de frein aux recherches. "On a dû tout faire à distance, résume Keanu Faatau, on aurait accéléré un peu les choses si on avait pu aller au contact."
L'étude a cependant le mérite d'exister et de poser la question de l'adéquation des aides avec les besoins des étudiants. "Certaines aides correspondent à certains profils, d'autres non. Il y a des déséquilibres. Si par exemple les boursiers du Pays peuvent bénéficier de la prise en charge des billets d'avion, ce n'est pas le cas pour les boursiers de l'Etat" cite Léo Puputauki. Il y a aussi le cas des étudiants qui peinent à obtenir une bourse tout court et qui sont contraints de trouver un emploi. "Le coût de la vie augmente avec les années. Si les études leur coûtent trop cher, forcément ils vont être tentés de chercher du boulot, avec un risque de décrochage" met en garde Keanu Faatau. Selon le syndicat Avenir étudiants, près de 300 étudiants seraient en grande précarité. "On parle d'étudiants qui n'ont parfois vraiment rien… À peine de quoi manger".
Repas à 150 francs, guichet unique et indemnité d'équipement
À l'horizon 2021, quelques perspectives d'améliorations apparaissent. Comme celle d'étendre la bourse du Pays à dix mois au lieu de neuf, afin d'avoir "une durée équivalente à celle de l'État." Le syndicat compte également demander l'extension de l'indemnité premier équipement qui s'élève à 30 000 Fcfp aux étudiants boursiers des îles autres que Tahiti et Moorea. Applicable avant la fin de l'année selon Avenir étudiant, le dispositif de repas à 1 euro devrait être relayé à la cafétéria de l'UPF, pour les boursiers. "Ce sera un repas à 150 Fcfp environ au lieu de 550 Fcfp aujourd'hui" souligne Léo Puputauki. En parallèle, une réflexion est engagée sur la pérennisation de l'aide au logement étudiant. "On n'est pas sûr qu'elle soit versée l'année prochaine" craint le syndicat. "On cherche aussi à un moyen de baisser les coûts des loyers ou des billets d'avion" ajoute Keanu Faatau, président du syndicat.
Enfin, la création d'un guichet unique de type Crous est à l'étude depuis un an. Opérateur central de la vie étudiante et gestionnaire de la majorité des aides sociales, le guichet doit simplifier les démarches administratives des étudiants. "On a les mêmes problèmes de compétences que la Calédonie, l'enseignement supérieur relève de l'État, la vie étudiante du Pays" résume Léo Puputauki.
Enfin, la création d'un guichet unique de type Crous est à l'étude depuis un an. Opérateur central de la vie étudiante et gestionnaire de la majorité des aides sociales, le guichet doit simplifier les démarches administratives des étudiants. "On a les mêmes problèmes de compétences que la Calédonie, l'enseignement supérieur relève de l'État, la vie étudiante du Pays" résume Léo Puputauki.