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Dans les outre-mer, toujours plus d'homicides et d'agressions qu'ailleurs en France


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Cayenne, France | AFP | mercredi 30/01/2024 - Un gendarme tué en mars en Guyane, de nombreuses armes à feu en circulation aux Antilles, un été meurtrier en Martinique: le nombre d'homicides ne cesse de croître dans les régions ultramarines, plus largement que dans l'Hexagone.

La Guyane compte 20,6 homicides pour 100.000 habitants en 2023, contre 1,5 en moyenne dans toute la France, selon le bilan du service statistique du ministère de l'Intérieur (SSMSI) publié mercredi. 

"80% des affaires traitées aujourd'hui sont des affaires criminelles et 20% délictuelles. En métropole, c'est l'inverse", peste le président du tribunal judiciaire de Cayenne, Mahrez Abassi. 

La particularité de la Guyane en termes de délinquance, comparé aux autres territoires ultramarins, est sa continentalité. Ses longues frontières - la Guyane partage 730 km de frontière avec le Brésil et 510 avec le Suriname - difficiles à contrôler, favorisent l'orpaillage illégal, les trafics d'armes et de stupéfiants. 

"50% des règlements de comptes constatés par la gendarmerie nationale le sont en Guyane", a rappelé jeudi le général Lionel Lavergne, commandant de la gendarmerie d'outre-mer lors d'une audition au Sénat. 

Selon lui, la moitié des agressions contre les forces de gendarmerie ont eu lieu dans les territoires ultramarins en 2023, faisant écho au décès du gendarme Arnaud Blanc.

Ce membre du GIGN est mort à 35 ans le 25 mars alors qu'il participait à une opération contre l'orpaillage illégal sur le site clandestin de Dorlin, au coeur de la Guyane, non loin de Maripasoula. Un jeune Brésilien de 20 ans, auteur présumé du tir, avait été interpellé début avril.

"Motifs futiles" 

En Guadeloupe, le taux d'homicide pour 100.000 habitants atteint 9,4 en 2023, en hausse de 33,3% par rapport à l'année précédente dans ce département où, comme en Martinique, les armes à feu circulent de plus en plus, selon plusieurs sources policières. 

"Chaque jour, la police nationale et la gendarmerie constatent un à deux faits commis avec armes à feu", souligne le général Vincent Lamballe, commandant de la gendarmerie des Îles de Guadeloupe, qui recense également quelque 400 armes saisies dans l'archipel en 2023.

La Martinique a enregistré 25 homicides en 2023, deuxième année la plus meurtrière en cinq ans. Un chiffre stable par rapport à 2022, année durant laquelle 26 meurtres ont été perpétrés.

"Un tiers des meurtres commis en Martinique sont liés à des règlements de comptes" sur fond de trafic de stupéfiants, a déclaré la procureure de la République de Fort-de-France Clarisse Taron en décembre dernier aux membres de la commission d'enquête sénatoriale sur le narcotrafic.

Néanmoins, ce sont trois homicides commis au cœur des grandes vacances qui ont marqué l'opinion martiniquaise. Un motard, un livreur de journaux et un jeune majeur ont été tués par arme à feu entre le 31 juillet et le 24 août.

"Un tiers des vols à main armée par arme à feu ont été perpétrés en Guyane, un tiers des vols à main armée commis par arme blanche à Mayotte", a souligné le général Lionel Lavergne devant la délégation sénatoriale aux Outre-mer.

La forte circulation des armes dans les territoires ultramarins explique par ailleurs des taux de vol avec arme par habitant nettement supérieurs à la moyenne nationale (0,1 pour 1.000). C'est le cas en Guyane (3 pour 1.000), à Mayotte (2,5 pour 1.000), en Guadeloupe (1,3 pour 1.000) et en Martinique (0,6 pour 1.000). 

L'attrait des armes à feu en Guadeloupe est tel qu'on les "utilise pour des motifs futiles", analyse la procureure de la République de Pointe-à-Pitre Caroline Calbo, comme le vol d'une chaîne en or, ou un scooter. Des faits qui impliquent des auteurs "de plus en plus jeunes".

le Jeudi 1 Février 2024 à 01:02 | Lu 1240 fois