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« Dans les îles du Pacifique, l'océan est la vie »


Les « Ambassadeurs de l’Océan » est un groupe international de dirigeants de haut niveau politique, réunis pour sauvegarder les écosystèmes marins - de gauche à droite James Alix Michel, Heraldo Munoz, Dona Bertarelli, Carlotta Leon Guerrero et John Kerry (crédit Pew)
Les « Ambassadeurs de l’Océan » est un groupe international de dirigeants de haut niveau politique, réunis pour sauvegarder les écosystèmes marins - de gauche à droite James Alix Michel, Heraldo Munoz, Dona Bertarelli, Carlotta Leon Guerrero et John Kerry (crédit Pew)
PAPEETE, le 7 juin 2019 - Une délégation de plusieurs représentants de la société civile du Pacifique se réunit cette semaine en Polynésie française pour renforcer la collaboration internationale sur la protection des océans. Cet échange international, à l’initiative de la fédération environnementale Te Ora Naho, de l’ONG Pew et de la fondation Bertarelli, se terminera en célébrant la Journée Mondiale des Océans le samedi 8 juin à la pointe Vénus, avec le festival Effet Mer (ouvert au public). Aujourd’hui, nous donnons la parole à Carlotta Leon Guerrero, une ancienne sénatrice de Guam membre des « Ambassadeurs de l’Océan ».

L’île de Guam se trouve dans l’archipel des îles Mariannes, une juridiction des Etats Unis située en Micronésie, à l’est des Philippines et à environ 1 400 kilomètres au sud du Japon. La fosse des Mariannes, à 11 034 mètres sous la mer, est l’endroit le plus profond de la planète. En 2009, à la suite d’une forte mobilisation de la population locale, le président George W. Bush a décidé de protéger ce lieu d’exception, aux caractéristiques biologiques et géologiques uniques. Il a alors créé la réserve marine de la fosse des Mariannes, une zone hautement protégée qui s’étend sur 42 000 kilomètres carrés d'eaux et de terres submergées.

Carlotta Leon Guerrero, était la Sénatrice de Guam de 1994 à 2000. Elle a milité pour la création de la réserve marine des îles Mariannes et a défendu la cause de la protection des océans tout au long de sa carrière politique, notamment en menant un effort régional sur la protection des requins. Elle est maintenant directrice exécutive de la Fondation Ayuda, basée à Guam, et elle fait partie du groupe international des « Ambassadeurs de l’Océan », un groupe de dirigeants de haut niveau politique unis pour promouvoir la création d’Aires Marines Protégées dans le monde.

Article rédigé par Jérôme Petit, directeur du programme Pew Bertarelli en Polynésie française

La fosse des îles Mariannes, zone la plus profonde de la planète, a été hautement protégée par une réserve marine en 2009 (crédit Pew)
La fosse des îles Mariannes, zone la plus profonde de la planète, a été hautement protégée par une réserve marine en 2009 (crédit Pew)

FOCUS

Les Ambassadeurs de l’Océan

Les « Ambassadeurs de l’Océan » est un groupe de dirigeants internationaux partageant le même intérêt : préserver l’océan pour les générations futures. Les cinq leaders qui composent ce groupe s’efforcent d’attirer l’attention du public sur les menaces qui pèsent sur l’océan, sur les pratiques de pêche néfastes et sur les effets dévastateurs du changement climatique. Ils encouragent la création d’Aires Marines Protégées pour restaurer et maintenir des ressources marines saines, pour garantir la prospérité des économies locales et pour préserver les pratiques culturelles des communautés insulaires. Le groupe des « Ambassadeurs de l’Océan », réuni à l’initiative de l’ONG Pew et de la fondation Bertarelli, est composé de : John Kerry, ancien secrétaire d'État américain (2013-2017); David Cameron, ancien Premier ministre du Royaume-Uni (2010-2016); James Alix Michel, ancien président des Seychelles (2004-2016) ; Heraldo Muñoz, ancien ministre des Affaires étrangères du Chili (2014-2018) et Carlotta Leon Guerrero, ancienne sénatrice de Guam (1994-2000). 

TRIBUNE

 Carlotta Leon Guerrero, membre des « Ambassadeurs de l’Océan »

« Dans les îles du Pacifique, l'océan est la vie. Pendant des milliers d'années, il a fourni de la nourriture, dicté la météo et servi de système de transport à notre population. Pourtant, en l’espace d’une génération seulement, notre océan est devenu plus chaud, plus acide, plus pollué et de plus en plus vidé de sa vie marine, une combinaison mortelle qui menace la viabilité de nombreuses communautés côtières, voire de nations insulaires. Il est clair que le moment d'agir est venu. Et l’un des meilleurs moyens pour gérer de manière responsable les océans est de préserver intacts certains écosystèmes marins en créant des Aires Marines Protégées. Les scientifiques nous montrent que les grandes zones de protection fonctionnent. Elles protègent les milliers de créatures qui dépendent d'une chaine alimentaire saine. Elles apportent plus de poissons, des poissons plus gros et une biodiversité plus riche que dans les zones non protégées, garantissant ainsi la santé et l'équilibre des écosystèmes. Et surtout, ces zones aident notre océan à renforcer sa résilience face au changement climatique. C’est pour promouvoir ces mesures que j’ai rejoint le groupe des « Ambassadeurs de l’Océan ». Il rassemble plusieurs dirigeants du monde entier engagés pour la création de vastes aires marines protégées. La protection de l'environnement marin n'est pas nouvelle pour les insulaires du Pacifique. Depuis des millénaires, quand nous reconnaissons qu’une zone a été trop exploitées, nous la désignons comme une zone interdite à la pêche jusqu'à ce qu'elle retrouve sa productivité naturelle. En Micronésie, ce concept a plusieurs noms : « mo » aux Îles Marshall, par exemple, et « bul » à Palaos. Bien que les pays créant des grands sanctuaires marins soient de plus en plus nombreux ces dernières années, les avancées sont loin de répondre aux besoins. En tant que société mondiale, nous nous approchons très rapidement d’un choix définitif : protéger une partie de l’océan, cette ressource irremplaçable, ou perdre à jamais les bénéfices qu’il nous fournit. J'espère sincèrement que nous aurons la conscience collective - et la volonté politique - de choisir la bonne voie. »

le Vendredi 7 Juin 2019 à 09:43 | Lu 1224 fois