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Dans le feu de l'action


Tahiti, le 23 juin 2022 – À l’occasion de Journée nationale des sapeurs-pompiers, ce samedi, nous avons rencontré les soldats du feu de Papeete, qui nous ont présenté leur caserne et leurs véhicules, et même emmenés sur une intervention pour transporter un blessé au Centre hospitalier de la Polynésie française. Voici les visages de ceux qui veillent sur votre sécurité 24 heures sur 24…
 
Cette année, les camions et les lances à incendie ne seront pas de sortie à l’occasion de la Journée nationale des sapeurs-pompiers, qui est célébrée samedi 25 juin à l’initiative du ministère de l’Intérieur. Qu’à cela ne tienne, pour découvrir le quotidien de ces hommes et ces femmes engagés pour la sécurité de la population, c’est à la caserne de Papeete que nous nous sommes rendus, le temps d’une matinée.
 
Nous y avons rencontré une partie des 63 sapeurs-pompiers professionnels et volontaires qui y exercent, évoluant parmi leurs engins d’intervention prêts à prendre la route. “Sur Papeete, on est bien équipé”, explique Sergio Bordes, chef de corps de la commune. “On a notre grande échelle pivotante automatique de 32 mètres, trois fourgons pompe-tonne avec réserve d’eau pour les feux, un véhicule de secours routier équipé pour procéder à des désincarcérations lors d’accidents de la circulation, deux véhicules de secours et d’assistance aux victimes type ambulances, un véhicule de lutte contre les risques technologiques (c’est-à-dire chimiques ou toxiques), un fourgon mousse grande puissance avec 1,2 kilomètre de tuyau pour les grands feux sur la ville, ainsi que diverses remorques.”
 
Mais pour pouvoir un jour les conduire, il faut faire ses preuves et passer par différentes étapes. “Un jeune pompier qui débute est d’abord un secouriste formé au PSE 1 ou 2 (premiers secours en équipe). Il va devoir suivre une formation de base en désincarcération et en lutte contre les incendies pour rejoindre notre équipe et pouvoir partir sur des interventions classiques. Ensuite, il a la possibilité d’évoluer, de se spécialiser, de monter en grade au fil des années. De simple équipier, on passe ensuite chef d’équipe, puis chef d’un véhicule (ce que l’on appelle chef d’agrès), puis chef de garde en charge de toute une brigade, et ainsi de suite jusqu’à finir chef de site, au plus haut du commandement.”
 
Dans chaque commune, les différents centres d’incendie et de secours travaillent en collaboration avec les autres services communaux, mais aussi avec ceux du Pays et de l’État. Au plus haut, au sein du haut-commissariat, la Direction de la protection civile est chargée d’évaluer tous les risques existants et de coordonner les différents services engagés pour résoudre les crises.
 
Du secours à la personne dans 75% des interventions
 
“À la caserne de Papeete, 75% des interventions consistent en du secours à la personne, c’est-à-dire des malaises, des accidents…», poursuit Sergio Bordes. “On peut même intervenir pour des chats coincés dans le plafond ou des nids de guêpe ! Pour les incendies, nous sommes les seuls à pouvoir le faire. Ensuite, il y a le secours en montagne, les risques technologiques, le secours en mer et, bien sûr, le feu de forêt, le plus dangereux. Ce sont des hectares qui brûlent donc s’il y a un changement de vent, ça peut être dramatique pour le groupe à terre. C’est pourquoi des renforts aériens de type hélicoptère sont envoyés pour le combattre, contrairement au feu urbain. Tous ces types d’interventions différentes nécessitent des formations particulières, il y a plusieurs niveaux de spécialités.”
 
Ce qui distingue vraiment les sapeurs-pompiers, c’est leur statut : professionnel ou volontaire. Mais aucune distinction de grade ou de tenue n’existe pour les différencier. Le premier est un fonctionnaire communal employé à plein temps, le second est également recruté par la municipalité mais il est indemnisé à l’acte, selon le temps mis au profit de la collectivité. Tous deux doivent passer des tests d’aptitude physique et médicale avant de pouvoir intégrer une brigade.
 
La commune de Papeete va bientôt ouvrir un concours pour recruter cinq sapeurs-pompiers. Alors si vous souhaitez vous engager au service de la population, et peut-être un jour pouvoir faire retentir la sirène ou déployer la grande échelle, rapprochez-vous du Centre de gestion et de formation pour en connaître toutes les modalités.
 

L’activité en quelques chiffres

Plus de 650 sapeurs-pompiers sont déployés dans 17 îles et atolls de Polynésie.
En 2021, 31 000 interventions ont été réalisées, dont 26 000 concernaient l’assistance et le secours à personnes, et 3 000 des incendies.
75 000 appels ont été reçus en 2021.
 

Tinirau, 40 ans, sapeur-pompier volontaire : “C’est un métier qu’il faut prendre au sérieux”

“Je suis arrivé à la caserne de Papeete fin 2015. Parfois, j’exerce un autre travail à côté mais en ce moment, je suis en recherche d’emploi. J’ai commencé en tant qu’équipier mais je passe actuellement des formations pour devenir chef d’équipe. Quand on n’est pas en intervention, on peut faire des manœuvres, ou bien on se répartit les corvées, les tâches ménagères, entre nous. Chacun s’occupe de la caserne. J’aime tout dans ce métier, depuis le début, que ce soit le secours à la personne ou la lutte contre les incendies, mais aussi le respect envers mes collègues et ma hiérarchie. C’est un métier qu’il faut prendre au sérieux, ce n’est pas un jeu. S’il y a des conflits en intervention, cela peut être dangereux.”
 

​Sergio Bordes, chef de corps à la commune de Papeete : “Il faut que ce soit une vocation”

Quelle carrière as-tu suivi ?

“J’ai commencé en 1979 en tant que pompier de Paris. Là-bas, j’ai connu des interventions qu’on ne voit pas ici, comme des suicides sur voies ferrées ou des incendies dans des grands dépôts d’hydrocarbures. Puis j’ai été obligé de rentrer à Tahiti pour des raisons familiales. J’ai d’abord travaillé à l’aéroport de Tahiti mais il n’y avait pas assez d’action pour moi. Je suis sur Papeete depuis 1987. Cette année-là, il y a d’ailleurs eu les grandes émeutes, il y avait des feux de partout, cela m’a marqué. J’ai ensuite gravi les échelons. J’ai été chef de corps volontaire pendant cinq ans sur la commune de Teva i Uta. Aujourd’hui, je suis chef de corps à Papeete, c’est-à-dire que j’organise mon service aussi bien au niveau du personnel que de l’administratif.”
 
Que dirais-tu à un jeune qui veut se lancer dans le métier ?

“Pour moi, le métier de pompier, il faut que ce soit une vocation. Il ne faut pas juste venir chercher du travail. On passe 12 heures en caserne, parfois 24 heures, on peut même rester trois ou quatre jours sur un grand feu de forêt. Il faut évidemment avoir un très bon niveau physique et médical. Il y a beaucoup d’action, le cœur en prend un coup. Le rythme cardiaque peut passer de 80 à 150 battements par minute en peu de temps. Je conseille également aux jeunes d’aller le plus loin possible dans leurs études pour pouvoir ensuite monter en grade. On manque de personnel qualifié ici. C’est ce qui peut faire la différence dans une carrière, pour devenir officier, lieutenant ou même colonel.”
 

Rédigé par Lucie Ceccarelli le Jeudi 23 Juin 2022 à 17:56 | Lu 2287 fois