Paris, France | AFP | lundi 24/04/2023 - Le groupe de distribution français Casino, à la situation financière toujours précaire, a annoncé lundi avoir reçu une proposition d'augmentation de capital du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, une piste alternative aux discussions sur un rapprochement avec le groupe Teract - qui intéresse aussi Intermarché.
Casino, entreprise d'origine stéphanoise, se débat depuis plusieurs années avec des problèmes d'endettement, d'abord des sociétés holding par lesquelles le PDG de Groupe Casino, Jean-Charles Naouri, détient le contrôle du distributeur (sociétés Rallye, Foncière Euris, Finatis et Euris), puis du groupe lui-même.
Dans ce contexte, le cours de Bourse de Casino, qui emploie 200.000 personnes dans le monde dont un gros quart en France, dégringole. Sa capitalisation a chuté aux alentours de 600 millions d'euros, soit moins que la valeur de ses activités de distribution - dont Franprix, Monoprix ou encore l'e-commerçant CDiscount.
Intermarché intéressé
Cette situation suscite des convoitises. Début février, Casino avait annoncé être entré en discussions avec une entité nouvellement créée, Teract, au sujet d'un potentiel rapprochement.
Créé en 2022, Teract détient des enseignes de jardinerie (Jardiland, Gamm Vert, Delbard) et de boulangerie (Boulangeries Louise). Son actionnaire majoritaire est le mastodonte de l'agro-industrie InVivo, qui est l'union de 188 coopératives agricoles françaises.
Teract, au conseil d'administration duquel siègent les hommes d'affaires Xavier Niel et Matthieu Pigasse, est dirigé par Moez-Alexandre Zouari, acteur important de la distribution en France, et l'un des principaux franchisés du groupe Casino en Ile-de-France.
Casino et Teract entendent conclure d'ici la fin du second trimestre 2023 un "accord engageant" pour la création de deux sociétés distinctes, l'une côté distribution, l'autre côté approvisionnement, l'ensemble devant constituer un "leader français de la distribution responsable et durable", proche du concept de l'enseigne Grand Frais.
Lundi, le groupement de magasins indépendants Intermarché, troisième acteur de la distribution en France (où Casino est 7e derrière, dans l'ordre, E.Leclerc, Carrefour, Intermarché, Système U, Auchan et Lidl), s'est joint aux "discussions exclusives".
Déjà allié de Casino sur le volet des achats - les distributeurs s'allient parfois pour avoir un meilleur rapport de force dans les négociations avec leurs fournisseurs industriels -, Intermarché aimerait racheter un certain nombre de supermarchés et hypermarchés Casino représentant au total plus d'1 milliard d'euros de chiffre d'affaires.
Intermarché veut aussi prendre une participation minoritaire dans l'une des entités qui serait issue des discussions, et étendre le partenariat aux achats. Ce groupement "ne peut prendre le risque d'un effondrement ou d'un dépeçage de son partenaire à l'achat", a commenté l'expert en consommation Olivier Dauvers sur son blog.
L'option Kretinsky
Face à un tel scénario, une autre option a émergé lundi, à l'initiative du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, qui a en parallèle formulé une promesse d'achat pour le rachat de la filiale d'édition Editis, propriété du géant français des médias Vivendi.
Actionnaire de Casino depuis fin 2019, l'homme d'affaires détient aujourd'hui 10% du capital de l'entreprise, ce qui en fait le deuxième actionnaire derrière les sociétés du PDG Jean-Charles Naouri.
Avec le troisième actionnaire Fimalac, propriété du milliardaire français Marc Ladreit de Lacharrière, Daniel Kretinsky a proposé une augmentation de capital - 750 millions d'euros pour lui, 150 millions d'euros pour Fimalac, 200 millions d'euros à la discrétion des autres actionnaires.
Cela permettrait, explique-t-on de source proche du dossier, "de renforcer significativement les fonds propres de Casino pour faire face à ses échéances" de remboursement de dettes, dont la plus importante intervient en 2025.
Cette offre est conditionnée notamment à la "réduction très substantielle de la dette brute non-sécurisée" de Casino, c'est-à-dire de ses créances non garanties, a précisé le distributeur.
Casino a indiqué qu'il allait "analyser la proposition (...) au cours des prochaines semaines". Il doit notamment échanger avec certains de ses créanciers pour "étudier la possibilité de demander la nomination de conciliateurs, sans que cette démarche ne constitue un défaut ou un cas de défaut" de paiement.
Olivier Dauvers a de son côté observé qu'"aucun des protagonistes n'a le même agenda ou le même intérêt, ce qui rend difficile de trouver un point d'atterrissage commun". Casino tient son assemblée générale le 10 mai prochain.
A la Bourse de Paris lundi, l'action de Casino perdait 2,55%, à 6,31 euros, à 16H10.
Casino, entreprise d'origine stéphanoise, se débat depuis plusieurs années avec des problèmes d'endettement, d'abord des sociétés holding par lesquelles le PDG de Groupe Casino, Jean-Charles Naouri, détient le contrôle du distributeur (sociétés Rallye, Foncière Euris, Finatis et Euris), puis du groupe lui-même.
Dans ce contexte, le cours de Bourse de Casino, qui emploie 200.000 personnes dans le monde dont un gros quart en France, dégringole. Sa capitalisation a chuté aux alentours de 600 millions d'euros, soit moins que la valeur de ses activités de distribution - dont Franprix, Monoprix ou encore l'e-commerçant CDiscount.
Intermarché intéressé
Cette situation suscite des convoitises. Début février, Casino avait annoncé être entré en discussions avec une entité nouvellement créée, Teract, au sujet d'un potentiel rapprochement.
Créé en 2022, Teract détient des enseignes de jardinerie (Jardiland, Gamm Vert, Delbard) et de boulangerie (Boulangeries Louise). Son actionnaire majoritaire est le mastodonte de l'agro-industrie InVivo, qui est l'union de 188 coopératives agricoles françaises.
Teract, au conseil d'administration duquel siègent les hommes d'affaires Xavier Niel et Matthieu Pigasse, est dirigé par Moez-Alexandre Zouari, acteur important de la distribution en France, et l'un des principaux franchisés du groupe Casino en Ile-de-France.
Casino et Teract entendent conclure d'ici la fin du second trimestre 2023 un "accord engageant" pour la création de deux sociétés distinctes, l'une côté distribution, l'autre côté approvisionnement, l'ensemble devant constituer un "leader français de la distribution responsable et durable", proche du concept de l'enseigne Grand Frais.
Lundi, le groupement de magasins indépendants Intermarché, troisième acteur de la distribution en France (où Casino est 7e derrière, dans l'ordre, E.Leclerc, Carrefour, Intermarché, Système U, Auchan et Lidl), s'est joint aux "discussions exclusives".
Déjà allié de Casino sur le volet des achats - les distributeurs s'allient parfois pour avoir un meilleur rapport de force dans les négociations avec leurs fournisseurs industriels -, Intermarché aimerait racheter un certain nombre de supermarchés et hypermarchés Casino représentant au total plus d'1 milliard d'euros de chiffre d'affaires.
Intermarché veut aussi prendre une participation minoritaire dans l'une des entités qui serait issue des discussions, et étendre le partenariat aux achats. Ce groupement "ne peut prendre le risque d'un effondrement ou d'un dépeçage de son partenaire à l'achat", a commenté l'expert en consommation Olivier Dauvers sur son blog.
L'option Kretinsky
Face à un tel scénario, une autre option a émergé lundi, à l'initiative du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, qui a en parallèle formulé une promesse d'achat pour le rachat de la filiale d'édition Editis, propriété du géant français des médias Vivendi.
Actionnaire de Casino depuis fin 2019, l'homme d'affaires détient aujourd'hui 10% du capital de l'entreprise, ce qui en fait le deuxième actionnaire derrière les sociétés du PDG Jean-Charles Naouri.
Avec le troisième actionnaire Fimalac, propriété du milliardaire français Marc Ladreit de Lacharrière, Daniel Kretinsky a proposé une augmentation de capital - 750 millions d'euros pour lui, 150 millions d'euros pour Fimalac, 200 millions d'euros à la discrétion des autres actionnaires.
Cela permettrait, explique-t-on de source proche du dossier, "de renforcer significativement les fonds propres de Casino pour faire face à ses échéances" de remboursement de dettes, dont la plus importante intervient en 2025.
Cette offre est conditionnée notamment à la "réduction très substantielle de la dette brute non-sécurisée" de Casino, c'est-à-dire de ses créances non garanties, a précisé le distributeur.
Casino a indiqué qu'il allait "analyser la proposition (...) au cours des prochaines semaines". Il doit notamment échanger avec certains de ses créanciers pour "étudier la possibilité de demander la nomination de conciliateurs, sans que cette démarche ne constitue un défaut ou un cas de défaut" de paiement.
Olivier Dauvers a de son côté observé qu'"aucun des protagonistes n'a le même agenda ou le même intérêt, ce qui rend difficile de trouver un point d'atterrissage commun". Casino tient son assemblée générale le 10 mai prochain.
A la Bourse de Paris lundi, l'action de Casino perdait 2,55%, à 6,31 euros, à 16H10.