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Cyclone tropical Pam : l'aide de la France au Vanuatu


Cyclone tropical Pam : l'aide de la France au Vanuatu
PORT-VILA, vendredi 20 mars 2015 (Flash d’Océanie) – Au sein du concert régional et international de solidarité en faveur des populations sinistrées par le puissant cyclone tropical Pam, qui a frappé l’archipel de Vanuatu en fin de semaine dernière, la France a déployé depuis le milieu de cette semaine un important dispositif, s’appuyant sur ses collectivités océaniennes de Nouvelle-Calédonie voisine, mais aussi de Polynésie française.

Depuis les premières rotations aériennes effectuées dès dimanche dernier sur la capitale Port-Vila depuis Nouméa, les moyens français se sont organisés et étoffés.
Ces moyens, acheminés par les vecteurs militaires aériens et maritimes, comprennent aussi bien des équipes de personnel spécialisés dans les urgences post-catastrophe que du matériel de première nécessité et médical, ou encore des denrées alimentaires pour venir en aide à une population que le cyclone, très destructeur, a laissé dans le plus grand dénuement.

Outre l’aide humanitaire apportée aux populations de Vanuatu, les premières rotations françaises ont aussi permis d’évacuer vers Nouméa au moins six ressortissants français, résidents à Vanuatu, et dont l’état était jugé préoccupant.
À la lumière des survols aériens et des premiers constats faits au sol, il apparaît que les îles les plus touchées de Vanuatu sont aussi les plus peuplées : celle de Vaté, où se trouve la capitale Port-Vila, et celle de Tanna (Sud), où le cyclone Pam est passé le plus près.

Alors que les secours commencent à envisage
r l’étendue des dégâts sur Tanna, c’est vers cette île que l’effort français, entre autres, se tourne désormais : une nouvelle rotation aérienne d’un avion CASA des Forces Armées en Nouvelle-Calédonie (FANC) a également eu lieu jeudi, transportant notamment une équipe de quelque 25 personnes de la Direction de la Sécurité Civile et de la Gestion des Risques (DSCGR) de Nouvelle-Calédonie.

Toujours pour Tanna, la frégate Vendémiaire,
basée à Nouméa (Nouvelle-Calédonie), a mis le cap sur cette île du Sud de l’archipel, qui est aussi, géographiquement, l’une des plus proches de la Nouvelle-Calédonie (environ 500 kilomètres plus au Sud-ouest).
À son bord : des équipes d’urgence, du matériel de secours et des denrées alimentaires, dont une partie est le fruit des premiers dons effectués par les habitants de la Nouvelle-Calédonie, en mode solidarité.
Une ONG basée en Nouvelle-Calédonie, « Solidarité Tanna », coordonne et centralise une vaste opération de collecte de fonds et de dons, non seulement pour les populations de Tanna, mais aussi celles de la petite île voisine, Erromango, qui a elle aussi été durement touchée par Pam.

Le Vendémiaire, bâtiment de la marine nationale, dispose aussi d’un hélicoptère embarqué, ce qui devrait permettre aux secours d’accéder à des zones jusqu’ici coupées du reste du monde et non dotées d’infrastructures suffisantes pour accueillir l’atterrissage d’appareils gros porteurs.



Cafouillages et concurrence entre ONG

Cyclone tropical Pam : l'aide de la France au Vanuatu
Face à une affluence rarement vue de moyens déployés à la fois par les gouvernements amis (France, Australie, Nouvelle-Zélande), l’Union Européenne, des organismes comme l’ONU et ses multiples agences (UNICEF, OMS, PAM -Programme Alimentaire Mondial-, OCHA - bureau des Nations-Unies de coordination de l’aide humanitaire et sa base régionale de Suva, Fidji -, UNFPA, le Fonds onusien pour la population) ainsi que de très nombreuses ONG, associations et organismes caritatifs (Croix Rouge Internationale, Save The Children Fund, Care, World Vision, Oxfam, Tear Fund, ….), les autorités locales, jeudi, ont néanmoins exprimé leur inquiétude et leur déception, considérant que les premiers jours des opérations humanitaires ont été surtout perdus du fait d’un grand cafouillage et d’un manque évident de coordination.

« Le problème, c’est que ces groupes caritatifs ont leur propres systèmes et qu’ils sont souvent réticents à suivre les instructions de notre gouvernement »,
a expliqué jeudi Benjamin Shing, porte-parole du bureau national de gestion des catastrophes naturelles, qui déplore une « perte de temps ».
« Leur problème, c’est la visibilité. Tout le monde veut planter son drapeau pour dire ‘C’est nous qui avons fait ça’. Mais franchement, planter son drapeau dans une situation d’aide humanitaire, ça ne devrait pas être une priorité », a-t-il lâché au micro de Radio New Zealand International.
« Je suis désolé, mais il faut dire les choses franchement : nous avons déjà vu cela plusieurs fois (…) Et encore une fois, on a dû passer les trois premiers jours à tenter de mettre en place une action coordonnée. Ce temps précieux a été perdu et il aurait pu être utilisé pour effectuer les évaluations des dégâts », poursuit le responsable ni-Vanuatu.
« Six jours après le cyclone, le problème avec cette aide, c’est qu’elle n’a pas encore été distribuée », renchérit la Française d’origine Marie-Noëlle Ferrieux-Patterson, Président de l’antenne vanuatuane de l’ONG Transparency International, tout en montrant quant à elle du doigt les autorités locales.


Hôtels pris d’assaut par les équipes humanitaires

L’envoyée spéciale de la télévision néo-zélandaise TV New Zealand, Barbara Dreaver, spécialiste de l’Océanie et connue pour son franc-parler, décrit ainsi, sur place, dans la capitale Port-Vila, des hôtels pris d’assaut par les équipes humanitaires, qui, arborant les couleurs de leurs organisations respectives sur leurs T-shirts, ont transformé la réception en un centre permanent de conférence.
« Entendons-nous bien, ils sont tous ici pour aider, mais ne vous y trompez pas non plus : ils sont aussi en situation de concurrence, ils se disputent les dollars de l’aide humanitaire et des donations. Et c’est justement ce genre de situation, ce foisonnement d’agences d’aide, que le centre de gestion des catastrophes naturelles de Vanuatu essaie aussi de gérer », commente-t-elle.
Du côté de ces agences et ONG, les frustrations proviennent souvent de l’obligation qui leur est faite de se plier aux formalités administratives, y compris, par exemple, celles concernant l’importation de matériel sur le territoire de Vanuatu.
Ce qui, de leur point de vue, est autant de temps perdu dans le processus d’aide et d’acheminement aux sinistrés.
« Du matériel d’urgence comme des bâches et de l’eau potable ont, certes, commencé à être distribués, mais les entrepôts sont toujours pleins de denrées que les gens attendent désespérément », poursuit-elle dans un billet d’humeur en forme de pavé dans la mare.

Au plan des retombées économiques à prévoir sur le moyen et le long terme, les macroéconomistes de la région s’accordent sur un point : Pam aura un impact sur le développement de Vanuatu « pendant des années », dans des secteurs jusqu’ici moteurs de l’économie, comme le tourisme et l’agriculture, qui représentent chacun environ un quart du produit intérieur brut (PIB) de cet archipel.

Selon les derniers chiffres avancés par OCHA, le bilan des victimes directes de Pam a été pour le moins fluctuant.
Il est passé de 6 à 24 morts, puis revu à la baisse à 11 mercredi par les autorités locales pour finalement être réaugmenté jeudi à 13, selon le dernier rapport de situation publié jeudi par OCHA.
Pam a aussi fait près de quatre mille déplacés et sans abris toujours hébergés dans une quarantaine de centres communautaires, selon les mêmes sources.

le Samedi 21 Mars 2015 à 06:25 | Lu 891 fois