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Croissance, déficit: Bercy maintient le cap... à dix jours de la présidentiell


ParisFrance | AFP | mercredi 12/04/2017 - A dix jours du premier tour de la présidentielle, le gouvernement a réitéré son engagement européen de ramener le déficit public sous la barre des 3%, dans des prévisions économiques aux allures de testament budgétaire.

A l'occasion de son "programme de stabilité", qui doit être envoyé d'ici fin avril à Bruxelles, le gouvernement a révisé légèrement à la hausse sa prévision de déficit public pour 2017, à 2,8% du PIB contre 2,7% annoncé jusqu'alors.

Ce chiffre, qui serait atteint à la faveur d'une croissance de 1,5% -- une prévision inchangée par rapport au projet de loi de finances pour 2017 --, reste toutefois dans les clous fixés par les traités européens.

"Nous avons pour objectif de rendre une maison en ordre avec un passage sous les 3%, en 2017, sécurisé", a déclaré le secrétaire d'Etat au Budget Christian Eckert, lors d'une audition devant la commission des finances de l'Assemblée natinale.

Ce dernier cadrage macroéconomique du quinquennat revêt toutefois un caractère très théorique, puisque le respect de la trajectoire fixée par le gouvernement incombera à ceux qui seront aux responsabilités après les élections.

"Nous avons fait le choix de retenir une trajectoire qui respecte à la lettre les règles européennes", a justifié le ministre de l'Economie et des Finances Michel Sapin devant la commission des Finances. 

"Ceci ne préjuge pas évidement ni d'éventuelles flexibilités que pourrait demander la France dans les années qui viennent ni même du choix de s'abstraire tout simplement de ces règles", a-t-il ajouté, en insistant sur la "crédibilité" de ses prévisions.

D'après Bercy, la décision de relever le chiffre du déficit a été prise en tenant compte "d'un déficit légèrement plus dégradé que prévu en 2016", à 3,4% du PIB contre 3,3% attendus, et d'une croissance plus faible que prévu, à 1,1% au lieu de 1,5%.

Elle intègre également les conséquences de la nouvelle convention d'assurance-chômage conclue par les partenaires sociaux fin mars, qui occasionnera des dépenses supplémentaires pour les finances publiques.

 

- doutes sur le déficit -

 

L'objectif des 3% est jugé peu crédible par de nombreux observateurs, alors que la plupart des candidats à la présidentielle souhaitent s'affranchir de cet engagement, accusé d'entraver la reprise.

Dans un avis publié mercredi, le Haut conseil des Finances publiques, organe indépendant évaluant la crédibilité des prévisions budgétaires, a ainsi évoqué les "risques importants" pesant sur la réalisation des objectifs fixés par Bercy.

Le président de la commission des Finances Gilles Carrez (LR) a jugé pour sa part que, compte-tenu de nouvelles dépenses concernant la Guyane ou encore Areva, le déficit se rapprocherait plutôt de "3,2%-3,3%" du PIB en 2017. "Il n'y a pas de bombes à retardement", a répondu M. Sapin.

Pour tenir ses engagements, le gouvernement a inscrit 3,4 milliards d'euros de mesures de redressement complémentaires en 2017, comprenant un nouveau coup de rabot sur les dépenses des ministères de l'ordre de "1,5 milliard d'euros".

Concernant 2018 et 2019, Bercy a également relevé ses prévisions de déficit, respectivement à 2,3% du PIB (contre 1,9% anticipés auparavant) et 1,6% (contre 1,2%). Pour 2020, il devrait s'établir à 1,3% du PIB.

Le ministère a abaissé ses prévisions de croissance à 1,5% en 2018 contre 1,75% jusqu'alors anticipés, et à 1,6% en 2019, au lieu de 1,9%. Pour 2020, le ministère anticipe une hausse de 1,7% du PIB.

Le Haut conseil des Finances publiques a jugé que ces hypothèses de croissance pouvaient constituer pour le prochain gouvernement "une base raisonnable pour la construction de trajectoires de finances publiques".

Pour 2017, l'instance présidée par Didier Migaud souligne toutefois que le chiffre de 1,5% retenu par le gouvernement "est légèrement supérieur à la plupart des prévisions disponibles".

La Commission européenne et l'OCDE prévoient une croissance limitée à 1,4% cette année, le FMI de 1,3%. Mais "au regard des enquêtes de conjoncture favorables et de l'amélioration de la croissance mondiale", l'objectif du gouvernement reste "plausible", souligne le Haut Conseil.


Rédigé par RB le Mercredi 12 Avril 2017 à 03:38 | Lu 249 fois