Depuis le box des accusés, André A. a froidement décrit devant les jurés comment il a foncé sur sa victime en voiture.
PAPEETE, le 14 février 2017 - Le procès d'André A., cet homme de 41 ans accusé d'avoir prémédité le meurtre de l'amant de sa femme, qu'il avait écrasé en voiture devant chez lui à Tipaerui en décembre 2014, s'est ouvert ce mardi devant la cour d'assises de la Polynésie française. Et c'est l'incompréhension qui domine.
Plus de deux ans se sont écoulés depuis la tragédie. Et du côté des proches de la victime, comme dans l'entourage de l'accusé, on a toujours du mal à comprendre. Comment André A., 39 ans à l'époque, décrit comme un bon père de famille, très travailleur, inséré socialement, pas vraiment violent et sans antécédents avec la justice, a-t-il ainsi pu se laisser submerger par une telle vague de colère et de violence mêlée de vengeance ? Un tsunami émotionnel qui l'avait conduit à ôter la vie, le 10 décembre 2014, à l'homme avec qui sa femme le trompait, en lui fonçant délibérément dessus en voiture, puis en roulant sur son corps à terre et en le trainant, pour finir, sur une cinquantaine de mètres.
La déception sentimentale de trop ?
Plutôt lisse et sans prise, le portrait dressé aujourd'hui aux assises par les proches de l'accusé a néanmoins laissé transparaître quelques fausses notes s'agissant de sa capacité à gérer ses ruptures amoureuses. Au fil de sa vie, le quadragénaire a en effet souvent tenté de se suicider, par pendaison ou avec des produits chimiques, presque à chacune de ses déceptions sentimentales.
"Soit c'était lui qui y restait, soit c'est moi qui me pendais", lâchera d'ailleurs l'accusé au psychiatre Jean-Marie Poulain, chargé de son expertise, pendant l'instruction. L'expert qui a relevé ce mardi devant la cour "une immaturité affective importante" chez ce "dépressif réactionnaire" supportant mal les séparations, et dont la victime aura pu payer de sa vie "une accumulation de rancœurs".
André A. avait été informé par sa compagne elle-même, environ un mois avant le drame, de la relation extra-conjugale qu'elle entretenait avec la future victime. Le mari trompé semblait comprendre la situation au début, culpabilisait même, lui qui s'était peu à peu éloigné de son foyer, pris par son travail dans le souci de ramener de l'argent à la maison. Mais incapable de choisir entre les deux hommes, la vahine allait inconsciemment influencer le destin : "Il souffrait, il s'est mis à boire beaucoup et il se mettait en colère" a-t-elle résumé à la barre, invitée à témoigner.
"J'avais déjà des doutes avant qu'elle m'en parle, son comportement avait changé, on a discuté pour tenter de se remettre ensemble, de repartir sur de nouvelles bases mais cela ne pouvait pas marcher, elle continuait à avoir des conversations avec lui sur Internet, j'ai vu sa photo sur son ordinateur", a déclaré André A. en réponse, métallurgiste sérieux après un passage par l'armée qu'il quittera au grade de caporal-chef et une distinction en poche. "Cette situation me faisait souffrir".
"Je ne voulais pas le rater"
Le jour du drame, André, calme, poli et posé raconte depuis le box des accusés avoir pris sa voiture et être allé s'acheter "plein de packs de bière". Il avait près de 2 grammes d'alcool dans le sang quand la police l'interceptera après son coup de sang. Après une première altercation avec la famille de l'amant, qui l'avait repoussé dans les cordes à coups de poing, André s'était échappé du côté du rond-point de Faa'a en bas de la RDO : "J'ai tout bu, je pleurais et je buvais en même temps".
Au lieu de lâcher l'affaire, il allait sceller le sort de son rival quelques minutes plus tard, de retour au volant de son véhicule dans la servitude familiale de Tipaerui : "Je l'ai vu devant, j'ai accéléré, je ne voulais pas le rater", a-t-il froidement expliqué ce mardi devant les jurés. "Je voulais lui faire du mal. Je savais que cela pouvait faire des dégâts. Mais je ne voulais pas le tuer" a-t-il toutefois tempéré. "Il gémissait (sous la voiture, Ndlr) mais je ne me suis pas arrêté". Le procès doit s'achever aujourd'hui. André A. encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Plus de deux ans se sont écoulés depuis la tragédie. Et du côté des proches de la victime, comme dans l'entourage de l'accusé, on a toujours du mal à comprendre. Comment André A., 39 ans à l'époque, décrit comme un bon père de famille, très travailleur, inséré socialement, pas vraiment violent et sans antécédents avec la justice, a-t-il ainsi pu se laisser submerger par une telle vague de colère et de violence mêlée de vengeance ? Un tsunami émotionnel qui l'avait conduit à ôter la vie, le 10 décembre 2014, à l'homme avec qui sa femme le trompait, en lui fonçant délibérément dessus en voiture, puis en roulant sur son corps à terre et en le trainant, pour finir, sur une cinquantaine de mètres.
La déception sentimentale de trop ?
Plutôt lisse et sans prise, le portrait dressé aujourd'hui aux assises par les proches de l'accusé a néanmoins laissé transparaître quelques fausses notes s'agissant de sa capacité à gérer ses ruptures amoureuses. Au fil de sa vie, le quadragénaire a en effet souvent tenté de se suicider, par pendaison ou avec des produits chimiques, presque à chacune de ses déceptions sentimentales.
"Soit c'était lui qui y restait, soit c'est moi qui me pendais", lâchera d'ailleurs l'accusé au psychiatre Jean-Marie Poulain, chargé de son expertise, pendant l'instruction. L'expert qui a relevé ce mardi devant la cour "une immaturité affective importante" chez ce "dépressif réactionnaire" supportant mal les séparations, et dont la victime aura pu payer de sa vie "une accumulation de rancœurs".
André A. avait été informé par sa compagne elle-même, environ un mois avant le drame, de la relation extra-conjugale qu'elle entretenait avec la future victime. Le mari trompé semblait comprendre la situation au début, culpabilisait même, lui qui s'était peu à peu éloigné de son foyer, pris par son travail dans le souci de ramener de l'argent à la maison. Mais incapable de choisir entre les deux hommes, la vahine allait inconsciemment influencer le destin : "Il souffrait, il s'est mis à boire beaucoup et il se mettait en colère" a-t-elle résumé à la barre, invitée à témoigner.
"J'avais déjà des doutes avant qu'elle m'en parle, son comportement avait changé, on a discuté pour tenter de se remettre ensemble, de repartir sur de nouvelles bases mais cela ne pouvait pas marcher, elle continuait à avoir des conversations avec lui sur Internet, j'ai vu sa photo sur son ordinateur", a déclaré André A. en réponse, métallurgiste sérieux après un passage par l'armée qu'il quittera au grade de caporal-chef et une distinction en poche. "Cette situation me faisait souffrir".
"Je ne voulais pas le rater"
Le jour du drame, André, calme, poli et posé raconte depuis le box des accusés avoir pris sa voiture et être allé s'acheter "plein de packs de bière". Il avait près de 2 grammes d'alcool dans le sang quand la police l'interceptera après son coup de sang. Après une première altercation avec la famille de l'amant, qui l'avait repoussé dans les cordes à coups de poing, André s'était échappé du côté du rond-point de Faa'a en bas de la RDO : "J'ai tout bu, je pleurais et je buvais en même temps".
Au lieu de lâcher l'affaire, il allait sceller le sort de son rival quelques minutes plus tard, de retour au volant de son véhicule dans la servitude familiale de Tipaerui : "Je l'ai vu devant, j'ai accéléré, je ne voulais pas le rater", a-t-il froidement expliqué ce mardi devant les jurés. "Je voulais lui faire du mal. Je savais que cela pouvait faire des dégâts. Mais je ne voulais pas le tuer" a-t-il toutefois tempéré. "Il gémissait (sous la voiture, Ndlr) mais je ne me suis pas arrêté". Le procès doit s'achever aujourd'hui. André A. encourt la réclusion criminelle à perpétuité.