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Crash d'Air Moorea : un procès "hors norme"


Le procès se déroulera du lundi 8 au vendredi 26 octobre au palais de justice de Papeete.
Le procès se déroulera du lundi 8 au vendredi 26 octobre au palais de justice de Papeete.
PAPEETE, le 28 septembre 2018. Le procès du crash d'Air Moorea, où 20 personnes ont perdu la vie, débutera le 8 octobre. Il durera trois semaines. Pas moins de 137 personnes se sont constituées parties civiles. Un dispositif spécial a été mis en place pour ce procès "hors norme", souligne le procureur général près la cour d'appel.

Après onze ans d'attente, les familles des victimes du crash d'Air Moorea vont enfin pouvoir en savoir plus sur les responsabilités de chacun dans le crash qui a coûté la vie à 20 personnes le 9 août 2007. Les familles des victimes veulent savoir pourquoi un aéronef dont le câble de gouverne de profondeur présentait une usure importante a pu rester en exploitation jusqu'à ce que ce câble de gouverne rompe provoquant le décès de vingt personnes.
Le procès se déroulera du lundi 8 au vendredi 26 octobre. Pas moins de 137 parties civiles ont été enregistrées. Quatre-vingt personnes seront présentes. Trente-huit d'entre elles viennent spécialement en Polynésie française pour assister au procès.

En raison du caractère "hors norme " de ce dossier, la chancellerie a accordé le "label procès sensible" à ce rendez-vous très attendu devant la justice par les proches des victimes. Ce dispositif spécial permet notamment une "avance totale des frais de transport et de nuitée pour les parties civiles vivant hors de Polynésie française par le ministère de la Justice", indique le procureur général près la cour d’appel de Papeete, Thomas Pison.

Le dimanche 7 octobre, veille du procès, le procureur général accueillera au palais de justice les parties civiles présentes afin qu'elles "se familiarisent avec les lieux et l'organisation avant l'ouverture du procès", précise Thomas Pison. La cour et les représentants du greffe se tiendront disponibles pour répondre à toutes questions des parties civiles sur le déroulement du procès et sur son organisation matérielle.

Le procès aura lieu dans la grande salle d'audience du palais de justice, qui peut accueillir environ 150 personnes. Il sera aussi retransmis sur un écran dans la petite salle d'audience.

Un procès aussi long est une première au fenua. "Pour assurer la continuité des débats qui se dérouleront sur trois semaines et ne pas devoir renvoyer le procès en cas d'indisponibilité de l'un des trois juges composant le tribunal correctionnel, la juridiction sera composée, non pas de trois magistrats, tel que prévu par la loi, mais de quatre dont un assesseur supplémentaire", explique le procureur général. Le ministère public sera représenté par le substitut du procureur général José Thorel.

"La charge émotionnelle pendant ce procès sera très forte", souligne Thomas Pison. L'association polyvalente d'actions judiciaires, qui vient en aide aux victimes, sera présente tout au long du procès pour apporter son soutien.


"La charge émotionnelle pendant ce procès sera très forte", souligne Thomas Pison, procureur général.
"La charge émotionnelle pendant ce procès sera très forte", souligne Thomas Pison, procureur général.

Les prévenus


Sept personnes sont renvoyées devant le tribunal correctionnel du chef d’homicides involontaires au préjudice des vingt victimes. Il s'agit d'abord des sept responsables d’Air Moorea, du service d’Etat de l’Aviation civile en Polynésie, et du Groupement pour la sécurité de l’aviation civile : Freddy Chanseau, Jacques Gobin, Jean-Pierre Tinomano, Didier Quemeneur, Stéphane Loisel, Guy Yeung et Andriamanonjisoa Ratzimbasafy. Ces prévenus encourent des peines de 3 ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende (5.4 millions de Fcfp),
Il y aura d'autre part la société anonyme Air Moorea, personne morale. La personne morale encourt 225 000 euros d'amende (26.8 millions de Fcfp).

Rédigé par Mélanie Thomas le Vendredi 28 Septembre 2018 à 15:06 | Lu 3104 fois