Tahiti Infos

Covid: la cinquième vague reflue mais la suite reste incertaine


JUSTIN TALLIS / AFP
JUSTIN TALLIS / AFP
Paris, France | AFP | vendredi 11/02/2022 - Près de deux ans après le début de la pandémie de Covid-19, la France espère approcher de la fin de la cinquième vague après la déferlante liée au variant Omicron. Mais la suite du scénario reste incertaine.

Vers la fin de la longue cinquième vague ?

"On a fait le plus dur dans cette vague", assure depuis une dizaine de jours le ministre de la Santé, Olivier Véran.

Alors qu'au moins onze millions de Français ont été contaminés par le nouveau variant Omicron, considérablement plus transmissible que son prédécesseur Delta mais moins sévère, le pic des infections semble bel et bien passé.

Le ralentissement de la circulation du SARS-CoV-2 se confirme, a résumé Santé publique France vendredi dans son point hebdomadaire, relevant une diminution du taux d'incidence de 29% du 31 janvier au 6 février. 

Mais "il faut rester prudent sur l'évolution de cette épidémie", a rappelé Isabelle Parent, responsable pour les infections respiratoires et vaccinations au sein de l'agence sanitaire.

Et de noter "des niveaux d'incidence qui restent élevés (et) des disparités régionales", mais aussi une décroissance "moins marquée chez les personnes de 60 ans et plus", plus vulnérables.

Pour autant, "ça fait trois semaines que le nombre de cas décroît, c'est une tendance qui est installée, une excellente nouvelle", a jugé vendredi sur LCI Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l'institut Pasteur et membre du Conseil scientifique.

A ses yeux, "on peut progressivement lever les interdictions" mais "tout ça doit être proportionné par rapport à la menace qui reste sur les hôpitaux", et la réouverture des discothèques mercredi prochain semble "prématurée".

Si une baisse semble s'amorcer pour les hospitalisations (-15% sur la semaine écoulée), la pression reste encore forte à l'hôpital.

Le variant Omicron a certes provoqué des formes moins graves de Covid, synonymes de séjours moins longs à l'hôpital et d'un moindre risque de passage en réanimation, mais sa contagiosité a fait flamber les admissions.

Le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, anticipait en début de semaine dernière "un impact sur le système de soins jusqu'à mi-mars". "Nous ne sommes pas au bout de la vague, nous sommes dans la vague", déclarait-il lors d'une audition au Sénat.

Les décès, qui ont fortement augmenté depuis novembre, restent pour l'instant à un niveau très élevé, essentiellement chez des non vaccinés et des immunodéprimés. "Sur les sept derniers jours, l'épidémie a tué 2.000 personnes", a relevé vendredi le Premier ministre Jean Castex. Rien que jeudi, il y a eu 310 morts comptabilisées à l'hôpital sur les précédentes 24 heures.

Le variant BA.2 peut-il relancer l'épidémie ?

L'arrivée de nouveaux variants peut jouer une nouvelle fois les chamboule-tout. Un sous-variant d'Omicron, désigné par l'appellation BA.2, est ainsi scruté de près.

Devenu majoritaire en Inde ou au Danemark, il reste jusqu'ici minoritaire en France, mais augmente à l'échelle nationale. Il représentait 6,5% des contaminations le 31 janvier, selon des données préliminaires, contre 2% mi-janvier, selon Santé publique France.

Considérant qu'"une forme d'immunité collective s’est installée", Arnaud Fontanet a prévenu vendredi qu'elle "reste temporaire" et qu'"il faut quand même surveiller du coin de l'œil BA.2"

Et "on ne peut jamais exclure de nouveaux variants", a remarqué Simon Cauchemez, chercheur spécialiste en modélisations à l'Institut Pasteur et membre du Conseil scientifique, la semaine dernière au Sénat, observant qu'Omicron était déjà "vraiment un extraterrestre".

Dans tous les cas, comme d'autres, il a espéré que la combinaison de vaccinations et d'infections aura renforcé l'immunité et pourra, au besoin, limiter les effets d'une nouvelle vague.

Et après ?

Même si l'embellie se confirme, rien ne prouve que la vague de Covid née d'Omicron sera la dernière, ne cessent de souligner des spécialistes.

"On a un peu l'impression que, depuis la fin de la première vague, l'histoire se répète et que l'on cherche à se persuader que l'on a vécu la toute dernière. Cela retarde d'autant la mise en œuvre de mesures permettant de réduire les transmissions à leur origine", a récemment mis en garde l'épidémiologiste Antoine Flahaut dans les colonnes de Libération.

Sachant qu'"on ne peut pas éradiquer ce virus", hypothèse "illusoire pour un virus respiratoire", a souligné le "Monsieur vaccins" du gouvernement Alain Fischer mercredi devant des sénateurs, un "scénario plausible" est une évolution endémique, sur le modèle de la grippe avec "des vagues saisonnières, d'intensité inconnue".

le Vendredi 11 Février 2022 à 04:31 | Lu 242 fois