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Covid-19: le gouvernement temporise, une semaine après un tour de vis contesté


Paris, France | AFP | jeudi 01/10/2020 - Une semaine après un tour de vis contesté dans certaines villes pour lutter contre la progression du Covid-19, dont les indicateurs se sont dégradés, le gouvernement temporise et l'heure est à la concertation avec les élus locaux.

Alors que le ministre de la Santé Olivier Véran doit dresser à 18H00 à l'hôpital Bichat le tableau hebdomadaire de la situation, un exercice désormais attendu et redouté, le Premier ministre Jean Castex a pris les devants en recevant à Matignon les maires et présidents de métropoles de Paris, Lyon, Lille, avant ceux de Toulouse et Grenoble.

Selon plusieurs sources interrogées par l'AFP, les grandes métropoles, dont certaines craignaient de rejoindre Marseille en zone d'alerte maximale, synonyme de fermeture totale des bars et restaurants, s'acheminent jeudi vers un statu quo, le temps d'évaluer l'efficacité des dispositions déjà annoncées la semaine dernière.

"Ce soir est encore un peu tôt pour annoncer des modifications de classement des métropoles", a indiqué à l'AFP l'entourage de M. Castex. 

"Sauf dégradation très abrupte des indicateurs, on doit laisser un peu de temps entre les premières mesures prises la semaine dernière", comme la fermeture des bars à 22H00 et des salles de sport, "entrées en vigueur il y a 4-5 jours, et l'observation des effets", a-t-on ajouté.

"Juste milieu"

"Nous avons demandé au Premier ministre, qui l'a accepté, de nous laisser 15 jours à partir de samedi dernier, c’est-à-dire encore 10 jours, pour vérifier si les mesures qui avaient été prises par le gouvernement (...) portent leurs fruits" et se traduisent par une réduction du taux d'incidence, a déclaré devant la presse la maire de Lille, Martine Aubry, dont la ville est en zone d'alerte renforcée, le stade avant l'alerte maximale, comme dix autres métropoles, dont Paris.

Pour le gouvernement, il s'agit de se montrer plus à l'écoute des élus locaux, après le procès en manque de concertation lancé par les élus marseillais, mécontents après la fermeture des restaurants et des bars dans la métropole d'Aix-Marseille, classée en zone d'alerte maximale.

Les principaux signaux de l'épidémie se maintiennent à un niveau inquiétant. Plus de 1.200 personnes atteintes du Covid-19 sont actuellement en réanimation en France, dont 135 sur les dernières 24 heures, selon les chiffres de Santé publique France de mercredi. 

Un chiffre très inférieur aux niveaux atteints lors du pic de l'épidémie (7.000 malades en réa début avril), mais qui progresse rapidement -- on comptait moins de 500 cas début septembre.

Avec 12.845 nouveaux cas de Covid-19 confirmés en 24 heures, le taux de positivité des tests atteint 7,6%, contre 4% début septembre.

"Si on veut préserver le reste de l'hospitalisation (...) la taille des hôpitaux, la taille des services n'est pas constamment extensible et il va falloir faire la balance, agir sur les endroits où on a une grande promiscuité", a averti sur RMC Karine Lacombe, cheffe du service des maladies infectieuses de l'hôpital Saint-Antoine à Paris. Selon elle, il y a néanmoins un "juste milieu" à trouver "avant le reconfinement".

Répit en justice

En Ile-de-France, le taux d'occupation des lits en réanimation pour les patients atteints de Covid-19 atteignait mardi 32,1%, au-dessus du seuil critique de 30%.

Le tour de vis décidé la semaine dernière par le gouvernement, le plus important depuis la fin du confinement le 11 mai, a provoqué la colère des secteurs concernés, déjà durement éprouvés au printemps. Dans la foulée du médiatique chef bordelais Philippe Etchebest, l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih) a appelé "tous les chefs d'entreprise et leurs salariés" à "faire du bruit" devant leur établissement, chaque vendredi et à arborer un "signe de deuil".

Les professionnels se sont aussi tournés vers la justice pour obtenir un répit. Après des revers mercredi à Bordeaux et à Marseillle, les salles de sport de Rennes ont elles obtenu gain de cause devant le tribunal administratif, qui a suspendu jeudi la fermeture de leurs établissements.

Dans ce contexte, l'Assemblée nationale doit se prononcer ce jeudi sur la prolongation du régime transitoire de sortie de l'état d'urgence sanitaire, pour permettre au gouvernement de continuer à décréter des restrictions dans les prochains mois.

le Jeudi 1 Octobre 2020 à 05:43 | Lu 488 fois