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Coût de la vie : un séminaire pour faire le point


Tahiti, le 27 juin 2023Le ministre de l'Économie, Tevaiti Pomare, a ouvert ce mardi les journées de prospectives économiques 2023 à la présidence devant une centaine d'acteurs économiques du pays. Pendant deux jours, ils vont plancher sur la fiscalité, la commande publique, le développement des entreprises, l'emploi et bien sûr, le pouvoir d'achat. Des mesures concrètes devraient en sortir et mises en place “le plus rapidement possible”.    
 
Le président du Pays, Moetai Brotherson étant empêché par un conseil d'administration de dernière minute, c'est le ministre de l'Économie, du Budget et des Finances, Tevaiti Pomare, qui a introduit le séminaire organisé à la présidence en présence d’une centaine d’acteurs économiques. Cinq thèmes ont été définis : fiscalité, la commande publique, le développement des entreprises, l'emploi et, bien sûr, le pouvoir d'achat. Des ateliers ont été mis en place dont les propositions seront présentées ce mercredi après-midi.  
“Il faut être en mesure d'écouter pour s'entendre”, a commencé le ministre, l'idée étant que les “débats aboutissent à des mesures sur lesquelles nous pourrions nous engager concrètement”, a-t-il déclaré. Quand et sous quelle forme ? Cela reste encore à définir précisément, mais “on va faire de notre mieux pour avancer le plus rapidement possible”. (Lire l’interview)

Comment concilier la compétitivité des entreprises avec l'amélioration du pouvoir d'achat des ménages ? C'est toute la question. Maintenant que les élections sont passées et que chaque parti y est allé de ses propositions, le ministre souhaite “redonner la parole aux acteurs économiques”. Sur la forme, le gouvernement veut ainsi imprimer une nouvelle méthode qui soit plus participative.

Indicateurs économiques au vert

Sur le fond, l'exécutif admet implicitement que les mesures prises par l'ancienne majorité n'étaient finalement pas si mal. On pouvait ainsi lire sur les tableaux installés devant chaque atelier quelques constats comme ceux-ci : “Les mesures directes sur les prix ont des effets visibles” ; “le prix du pain a pu être maintenu à 60 Fcfp grâce à l'intervention massive du Pays” ; ”la hausse contenue du prix des hydrocarbures a constitué un soutien majeur à l'économie polynésienne”, ou encore “la suppression de la TVA et de la CPS [TVA sociale, NDLR] sur les PPN et les [Produits de grande consommation] a eu un effet immédiat sur les prix”. Toutefois, il y a des choses à revoir car certains de ces dispositifs en faveur du pouvoir d'achat sont “très contestés par certains professionnels”, notamment sur “l'encadrement des prix”, mais “très sollicités par d'autres”

Avant de démarrer les ateliers mis en place autour des thèmes définis, les acteurs économiques ont pu entendre la directrice de l'Institut de la statistique, Nadine Jourdan, et le directeur de l'IEOM, Fabrice Dufresne, qui ont d'abord fait un état des lieux de la situation économique et financière du pays. Et force est de constater que beaucoup d'indicateurs sont au vert. Mais cela ne se ressent pas forcément dans le portefeuille des Polynésiens.

Une inflation record

Car d'un côté, les entreprises se portent très bien avec une augmentation de leur chiffre d'affaires, le secteur du tourisme est prospère avec une hausse de la fréquentation, et la reprise de l'emploi salarié se confirme pour 2023. Mais de l'autre, le pays fait face à une inflation record jamais observée depuis les années 80, et qui pèse plus particulièrement sur les ménages les plus modestes. Il faut dire que pour cette catégorie, les premiers postes de dépenses sont l'alimentation et le logement, autrement dit, ceux dont l'indice des prix a explosé.

Les salaires augmentent moins vite que les prix

Comme l'a expliqué Nadine Jourdan, même si “depuis le début de l'année, le rythme de la hausse de l'indice des prix ralentit, les prix ne baissent pas pour autant” tandis que “les salaires progressent moins rapidement que l'augmentation des prix”, a-t-elle ajouté.
Le gouvernement et les chefs d'entreprises ont du pain sur la planche pour arriver à faire coïncider les préoccupations de chacun avec les attentes de la population. Une mise en musique délicate mais ces deux journées devraient permettre d'y voir un peu plus clair d'un côté comme de l'autre. Les propositions qui auront été retenues, serviront ensuite de “socle” au gouvernement pour prendre les mesures qui s'imposent.

Rédigé par Stéphanie Delorme le Mardi 27 Juin 2023 à 14:49 | Lu 1959 fois