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Cour d’appel : 5 ans requis contre la mère proxénète


PAPEETE, le 30 août 2018 - Une mère de famille comparaissait ce jeudi devant la Cour d’appel pour « proxénétisme aggravé » et « non dénonciation de mauvais traitements infligés ». La victime n’était autre que sa propre fille, mineure à l’époque des faits. L’avocat général, estimant que la peine de 4 ans fermes prononcée en première instance n’était pas « suffisante », a requis 5 ans de prison ferme. La Cour rendra sa décision le 27 septembre prochain.

L’affaire jugée ce jeudi devant la Cour d’appel a fortement ému les magistrats et l’avocat général qui ont unanimement déclaré qu’ils n’avaient, tout au long de leurs carrières, jamais vu un dossier aussi « sordide. » La Cour devait en effet juger une femme qui avait prostitué sa fille et qui l’avait laissée à la merci de son grand-père, de ses oncles et de ses cousins durant plusieurs années. Dès l’âge de 6 ans, l’enfant avait été régulièrement violée par des membres de sa famille dont deux ont été condamnés en décembre dernier à 18 ans de prison ferme par la Cour d’assises. L’enquête avait laissé apparaître que la victime avait subi pas moins de 600 viols.

« Laisser-faire »

En première instance, la prévenue avait écopé d’une peine de 4 ans de prison ferme. Elle avait visiblement estimé que la peine était excessive puisqu’elle avait fait appel de sa condamnation.

Devant la Cour d’appel ce jeudi, la prévenue a reconnu qu’elle avait bien prostitué sa fille contre une somme de 1500 francs. Le président de la Cour a déclaré qu’il n’avait jamais eu à traiter une affaire aussi « sale. » A plusieurs reprises, le magistrat a semblé consterné par l’enfer vécu par la jeune victime : « Madame, vous n’avez eu aucune réaction, vous avez laissé faire, il y a une telle absence d’empathie et de sensibilité ! »

L’avocat général a ensuite requis 5 ans de prison ferme en évoquant sa surprise : « je ne vous cache pas qu’en découvrant ce dossier, je me suis étonné de l’appel de Madame. Dans ce tribunal, on banalise parfois mais imaginez-vous une enfant qui, dès l’âge de 6 ans, est violée par toute sa famille ? Je dois dire très humblement que je n’ai jamais vu cela. Une mère doit protéger et aimer son enfant. Vous êtes l’anti-mère, vous avez bradé votre fille pour 1500 Francs ! Pendant des années, cette petite fille n’était plus un être humain mais un objet. Intellectuellement, je ne comprends pas. J’ai beau essayer mais je suis amputé. »

Lourde tâche pour l’avocate de la défense qui a ensuite affirmé que sa cliente n’avait pas les « capacités intellectuelles » pour s’opposer au calvaire vécu par la victime : « ce dossier est celui de la misère humaine et affective, l’on n’a pas tenu compte de l’impossibilité de ma cliente qui vivait dans un contexte de peur et de violence. »

La Cour d’appel rendra sa décision le 27 septembre prochain.


Rédigé par Garance Colbert le Jeudi 30 Août 2018 à 11:24 | Lu 11959 fois