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Coupe du monde 2013 de beach soccer : beaucoup d’efforts et peu d’effets ?


Coupe du monde 2013 de beach soccer : beaucoup d’efforts et peu d’effets ?
L’organisation, à Tahiti, en septembre 2013 (18 au 28 septembre) de la Coupe du monde de beach soccer (football sur sable) est un évènement international unique. Nul ne le nie. Le rayonnement de l’île, via les retransmissions télévisées des 32 matches, incontestable. La Fifa forte de l’expérience des précédentes éditions de cette coupe du monde, qui n’existe que depuis 2006, annonce 120 millions de téléspectateurs dans 199 pays. En revanche, rien ne peut garantir que les téléspectateurs des matches de beach soccer qui se joueront sur le site de To’ata en septembre prochain seront les touristes de demain à Tahiti. La discipline sportive est jeune, son public aussi. Le retour sur investissements en matière de tourisme ne pourra avoir des effets potentiellement positifs qu’à très long terme.

Quant aux retombées économiques directes liées à l’organisation de l’évènement, elles sont d’ores et déjà annoncées comme «limitées». Le président de la fédération tahitienne de football (FTF), Thierry Ariiotima l’annonçait lui-même dans un entretien accordé en avril dernier au site Internet La Lucarne Opposée. «Nous avons évalué les retombées économiques directes de la Coupe du Monde de 2013 à 500 millions de Fcfp (4,2 millions d’euros). Ce flux de devises participera très modestement à l’économie de la Polynésie française mais il est souhaitable que cet évènement puisse donner aux Polynésiens l’occasion de se ressaisir et de se remobiliser pour construire ensemble une Polynésie plus solidaire et plus ambitieuse. C’est en tous les cas l’ambition partagée avec le gouvernement de la Polynésie française dont le soutien est remarquable».

«Les flux financiers qui seront injectés dans l’économie polynésienne» pour l’organisation de cet évènement,
sont estimés effectivement entre 500 millions et 600 millions de Fcfp selon les chiffres annoncés par le gouvernement, dans la loi du Pays, adoptée le 24 septembre dernier par l’Assemblée de Polynésie française, pour accorder des exonérations fiscales aux organisateurs de la coupe du monde 2013 de beach soccer, à savoir la Fifa et ses partenaires associés. Dans l’exposé des motifs de cette loi de Pays, ces flux financiers sont détaillés : «277 millions de F cfp alloués par la FIFA au Comité d’organisation locale, 150 millions de Fcfp alloués par la FIFA pour les frais de transport des sportifs sur Air Tahiti Nui, 100 millions de Fcfp de recettes touristiques, 100 millions de Fcfp apportés par l'Etat. Cet apport financier non négligeable aura une incidence directe pour les établissements hôteliers (hébergement hôtelier estimé à 130 millions de Fcfp) et les entreprises locales».

En attendant, le Pays doit financer la construction des installations sportives
pour aménager le site de la place To’ata et construire les tribunes du stade. Or, le montant de ces investissements varie, selon les sources : il est inscrit 250 millions de Fcfp dans l’exposé des motifs de la Présidence au sujet de la loi du Pays sur les exonérations accordées à la Fifa ; tandis que le rapport des représentants de l’Assemblée de Polynésie française sur ce même projet de loi du Pays estime, ces mêmes investissements, à 350 millions de Fcfp, tout en précisant que ces «infrastructures serviront également pour l'avenir dans le cadre de projets à caractère culturel, sportif ou autre». Les deux sources d’information s’accordent en revanche sur le montant de pertes de recettes fiscales, liées à ces exonérations exceptionnelles faites aux organisateurs : 90 millions de Fcfp sur un montant de biens estimé par le Comité organisateur local à 250 millions de Fcfp.

Le 24 septembre dernier, les élus de l’Assemblée de Polynésie française ont adopté majoritairement
la loi du Pays «portant aménagement d'un régime fiscal privilégié applicable aux importations réalisées dans le cadre de la Coupe du Monde de Beach Soccer de la FIFA Tahiti 2013». La loi a été adoptée par 50 voix pour. Dans la foulée, les élus territoriaux ont également adopté, par 52 voix favorables «la création d’un régime d’exonérations fiscales dans le cadre de l’organisation de la coupe du monde de beach soccer de la fédération internationale de football association (FIFA) ». Deux délibérations adoptées, en urgence, un an à peine de la tenue de l’évènement, et qui ne viennent que confirmer ce que les présidents de Polynésie française, Gaston Tong Sang puis Oscar Temaru avaient promis, de longue date à la Fifa, organisatrice de l’évènement. «Eu égard à l'importance de cet événement exceptionnel pour la Polynésie française qui réunira plus de 500 personnes (dont 16 équipes participantes), le Pays a décidé de soutenir cet événement en déployant d'importants moyens et mesures. Au nombre de ceux-ci, le Pays s'est engagé dans le cadre de la convention n°684/PR du 29 janvier 2010 conclue entre le Président de la Polynésie française et le Président de la FIFA à accorder à cette association internationale des exonérations fiscales que le présent projet de loi du Pays soumis à votre approbation vient confirmer» est-il écrit dans l’exposé des motifs de cette loi du Pays.


Rédigé par Mireille Loubet le Lundi 1 Octobre 2012 à 12:06 | Lu 1616 fois