PAPEETE, 28 décembre 2017 - Une délégation gouvernementale s’est rendue en visite officielle mercredi à Maiao. Sur place les problèmes de cette commune associée de Moorea ont été exposés au président Fritch lors d’une réunion du conseil municipal, en présence des responsables de la coopérative agricole de l'île.
"Notre île est petite mais nos problèmes sont grands". C’est par ces mots lancés en tahitien qu’Henri Brothers a d’emblée mis en perspective les soucis du quotidien de la petite communauté de Maiao, dans son allocution d’accueil, mercredi matin. Les 353 âmes qu’il administre aujourd’hui depuis 36 ans sont sur le pied de guerre depuis quatre jours pour recevoir dignement la délégation gouvernementale conduite par Edouard Fritch et la suite de 132 personnes qui l’accompagne. Après avoir appareillé de Motu Uta la veille au soir, le Tahiti Nui a embarqué dans la nuit 87 visiteurs à Moorea, la commune mère de Maiao. Evans Haumani, le maire de Moorea, ne fait pas partie du déplacement, empêché à la dernière minute. Mais une dizaine d’élus du conseil municipal, dont John Toromona, sont du voyage. Cinq heures de navigation et voici le cargo mixte de la flottille administrative au mouillage depuis l’aube au large de Maiao. Accueil à quai, cortège de pick-up jusqu’à la bourgade de l’île... Sur place, il n’est pas encore 7 heures et les enfants viennent d’entonner l’hymne polynésien et la Marseillaise. C’est jour de fête, au petit village de Taora o Mere. Dans les coulisses de la mairie, on s’active pour préparer le petit déjeuner d’accueil. Un grand repas, simple mais copieux, sera également offert à la mi-journée : de mémoire d’anciens, c’est la toute première fois qu’un président en exercice se déplace officiellement pour rencontrer la population de l’île. Tout le monde est mobilisé.
Les dix demandes de Maiao
Le Tāvana Henri Brothers, ici en compagnie de son frère Damas, également élu du conseil municipal de Moorea-Maiao.
Commune associée de Moorea, plantée dans l’océan à 95 km à l’Ouest de Tahiti, Maiao ne présente aucun enjeu électoral, avec ses 900 hectares étalés autour du mont Rave’a, 154 mètres, et sa poignée de citoyens rassemblés dans 80 cellules familiales.
"Maiao est l’illustration même des difficultés que pose la discontinuité territoriale", observe cependant Edouard Fritch. "C’est une île, aujourd’hui plus que jamais, qui a besoin que l’on vienne à son chevet ; une île oubliée qui n’est toujours pas électrifiée, où il n’y a pas l’eau courante et bien évidement pas l’eau potable. Une île qui a des difficultés de ravitaillement… Il y a ici une accumulation de problématiques liées à la continuité territoriale. Je ne suis pas venu pour promettre (…) ; mais il y a ici un certain nombre de difficultés auxquelles il faudra que l’on apporte des réponses".
"Maiao est l’illustration même des difficultés que pose la discontinuité territoriale", observe cependant Edouard Fritch. "C’est une île, aujourd’hui plus que jamais, qui a besoin que l’on vienne à son chevet ; une île oubliée qui n’est toujours pas électrifiée, où il n’y a pas l’eau courante et bien évidement pas l’eau potable. Une île qui a des difficultés de ravitaillement… Il y a ici une accumulation de problématiques liées à la continuité territoriale. Je ne suis pas venu pour promettre (…) ; mais il y a ici un certain nombre de difficultés auxquelles il faudra que l’on apporte des réponses".
Ce voyage aurait dû avoir lieu le 9 décembre dernier. Il s’est trouvé empêché par le déplacement du président polynésien au sommet de Paris. Organisé après Noël, il sera aussi l’occasion d’une distribution de cadeaux et de bonbons aux enfants de l’île, en fin de journée.
Mais d’abord une réunion extraordinaire du conseil municipal doit avoir lieu dans la matinée, en présence de la délégation gouvernementale et des responsables de la coopérative agricole de l’île, véritable pouvoir exécutif bis qui gère tout le foncier de Maiao : autour d’Edouard Fritch, Jean-Christophe Bouissou, le ministre du Logement, Jacques Raynal, le ministre de la Santé, Luc Faatau, le ministre de l’Equipement, Steeve Le Foc, le directeur de cabinet du ministre des Ressources primaires, la députée de la circonscription, Maina Sage, et la président du groupe majoritaire à l’assemblée, Sylvana Puhetini.
Onze des 34 élus du conseil municipal de Moorea-Maiao participent à cette réunion, avec le maire délégué.
Mais d’abord une réunion extraordinaire du conseil municipal doit avoir lieu dans la matinée, en présence de la délégation gouvernementale et des responsables de la coopérative agricole de l’île, véritable pouvoir exécutif bis qui gère tout le foncier de Maiao : autour d’Edouard Fritch, Jean-Christophe Bouissou, le ministre du Logement, Jacques Raynal, le ministre de la Santé, Luc Faatau, le ministre de l’Equipement, Steeve Le Foc, le directeur de cabinet du ministre des Ressources primaires, la députée de la circonscription, Maina Sage, et la président du groupe majoritaire à l’assemblée, Sylvana Puhetini.
Onze des 34 élus du conseil municipal de Moorea-Maiao participent à cette réunion, avec le maire délégué.
Les promesses du tourisme
Les grands problèmes de la commune associée de Moorea vont être résumés en quelques points, par le tāvana Brothers : le besoin d’électrification de l’île (voir encadré) ; l’absence d’eau courante potable ; le besoin d’un abri de survie pour la population ; un phénomène d’ensablement de la darse de l’île lié à un problème de conception ; la chute de 60 % de la production de coprah en raison d’une baisse inexpliquée de rendement des cocotiers (une mission du service du développement rural est promise pour mi-février 2018) ; l'absence de traitement organisé des déchets ; les difficultés rencontrées par les ressortissants de Maiao pour le renouvellement annuel de leur affiliation au Régime de solidarité territorial, avec obligation de se déplacer spécialement à Moorea (Jacques Raynal s’est engagé à demander à la CPS l’envoi d’agents sur place trimestriellement) ; les risques liés aux accouchements sur Moorea pour les habitantes de Maiao (la population de Maiao a augmenté de 5,4 % depuis 2012, en raison d’un fort accroissement de la natalité) ; le besoin d’une navette de 40 places en plus de celle de 12 places déjà en activité pour la liaison maritime avec Moorea, où sont scolarisés 17 collégiens (la solution envisagée est une augmentation de la fréquence des liaisons) ; les difficultés liées à l’éloignement dans le cadre des demandes d’aide à l’Office polynésien de l’habitat (40 dossiers de demandes d’aides en matériaux ont été initiés mercredi en marge du déplacement gouvernemental. Cela concerne un foyer sur deux à Maiao) ; les problèmes de communication dans une île reliée à internet avec une capacité de transferts totale de 500 kb/s, où le réseau de téléphonie ne tolère que 14 connexions simultanées et où les programmes de télévision ne sont accessibles qu’en journée, l’antenne relais étant alimentée au solaire.
Après le passage tonitruant de la délégation gouvernementale et la distribution de cadeaux et de bonbons aux enfants de l’île, en fin de journée, Maiao a retrouvé ses occupations quotidiennes, partagées entre la pêche, la production de coprah et de pandanus. Elle laisse le sentiment d’une île accueillante. Après avoir été depuis les années 1930 une île "interdite" aux étrangers, Maiao s’entrouvre au tourisme depuis 4 ans, sur la base d’une activité de charter nautique depuis Tahiti. En 2017, 100 touristes ont été accueillis pour des visites de trois jours.
L’électrification de l’île
Ce point a été présenté comme une priorité par le maire. Mis à part l’installation photovoltaïque municipale, pour les besoins de la mairie et de l’école primaire de l’île, seuls quelques foyers sont équipés d’installations solaires ou d’un groupe électrogène pour alimenter frigos et congélateurs. Un réseau de distribution reste à installer. De nuit, on s’éclaire encore beaucoup avec des lampes à pétrole.
"L’électricité, il ne faut pas oublier que c’est une charge complémentaire pour les familles. Le transport du fioul est une vraie problématique", a souligné Edouard Fritch. L’île est desservie par le Taporo tous les deux mois. "Je soutiendrai à fond, un projet de centrale hybride pour ici, c’est-à-dire avec un mix solaire et thermique. De façon à ce que la charge soit la moindre possible, pour la commune comme pour la population. Sur le budget 2018, je trouverai les moyens pour financer cet investissement".
L’investissement nécessaire à l’électrification du village est estimé à 100 millions Fcfp, avec l’implantation d’une centrale hybride et d’un réseau de distribution. Par le biais d’une subvention via la Délégation au développement des communes (DDC) cette charge peut être supportée à 80 % par le Pays. La mairie de Moorea tarde à présenter un dossier de demande, tandis qu'une offre alternative faite par Edt-Engie en 2015 propose de réaliser ces travaux sur la base d’un contrat d’affermage.
"L’électricité, il ne faut pas oublier que c’est une charge complémentaire pour les familles. Le transport du fioul est une vraie problématique", a souligné Edouard Fritch. L’île est desservie par le Taporo tous les deux mois. "Je soutiendrai à fond, un projet de centrale hybride pour ici, c’est-à-dire avec un mix solaire et thermique. De façon à ce que la charge soit la moindre possible, pour la commune comme pour la population. Sur le budget 2018, je trouverai les moyens pour financer cet investissement".
L’investissement nécessaire à l’électrification du village est estimé à 100 millions Fcfp, avec l’implantation d’une centrale hybride et d’un réseau de distribution. Par le biais d’une subvention via la Délégation au développement des communes (DDC) cette charge peut être supportée à 80 % par le Pays. La mairie de Moorea tarde à présenter un dossier de demande, tandis qu'une offre alternative faite par Edt-Engie en 2015 propose de réaliser ces travaux sur la base d’un contrat d’affermage.