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Coup de frein sur les demandes de crédits


Tahiti, le 4 juin 2024 – Selon une étude de l'Institut d'émission d'outre-mer, la production des crédits hors découvert serait en forte baisse au premier trimestre 2024. Une diminution globale de 21% portée notamment par la baisse des crédits à l'habitat des ménages (-38%) mais aussi et surtout par celle des crédits à l'équipement des entreprises (-42%).
 
La production de crédits hors découvert connaît un net ralentissement en ce premier trimestre 2024. C'est en tout cas ce qu'affirme l'Institut d'émission d'outre-mer (IEOM) dans une étude publiée au mois de mai dernier. Une baisse globale de 21% qui s'expliquerait en grande partie par des baisses significatives des crédits à l'habitat des ménages ainsi que des crédits à l'équipement des entreprises.
 
“Concernant la diminution des crédits à l'habitat des ménages, le prix de l'immobilier joue un rôle très important”, assure Sophie Natier, chargée d'études à l'IEOM. “Selon des études menées auprès des ménages, une grande majorité déclare ne pas être en capacité de débloquer les crédits nécessaires à l'achat d'un bien immobilier, que ce soit un terrain nu, une maison ou un appartement. D'autant que les offres sont également limitées, il n'y a pas un large éventail de choix en termes de prix.”
 
Autre facteur, et non des moindres, le coût des crédits à l'habitat en forte hausse. En effet, toujours selon l'IEOM, au premier trimestre de cette année, le taux moyen du crédit à l'habitat était de 3,72% alors que l'an dernier, en 2023, il était de 2,12% à la même période. Pour les ménages ayant recours à un emprunt, cela fait forcément réfléchir. “À cela s'ajoute également la hausse des coûts des matériaux depuis 2022. Toutes ces choses mises bout à bout expliquent pourquoi les ménages ne peuvent ou ne veulent plus investir”, affirme Sophie Natier.
 
Baisse de la commande publique
 
Même son de cloche pour les entreprises qui, depuis la crise du Covid-19, voient leurs investissements diminuer en raison d'une conjoncture économique mondiale folle. En effet, difficile pour ces dernières de s'équiper tant les coûts des matériaux, des outils et des équipements se sont envolés. “Les équipements budgétisés avant Covid n'ont plus du tout la même valeur après Covid. Et donc en termes d'amortissement, les délais ne sont plus du tout les mêmes pour nous. Ce qui avant mettait 3 à 5 ans à amortir, aujourd'hui met 7 à 10 ans. Nous sommes définitivement obligés de revoir nos politiques d'investissement en termes d'équipement”, témoigne l’un des responsables d’une PME de la place, qui fustige aussi et surtout les transporteurs. “Aujourd'hui, le prix du fret est tout simplement fou. Une machine, qui avant nous coûtait 250 000 francs en frais de transport, nous coûte aujourd'hui 3 millions. Ce n'est pas concevable.”
 
Et selon l'IEOM, le problème ne se limite pas à ça : “La baisse de la commande publique y est aussi pour quelque chose”, appuie Sophie Natier. “Dans le secteur du BTP, les entreprises se projettent en permanence sur l'avenir et la situation actuelle ne les encourage pas à investir davantage.” Un argument de poids qui vient s'ajouter au problème de la défiscalisation : “Certaines entreprises ont préféré reporter leurs projets, à l'exemple des hôtels qui doivent effectuer des rénovations ou encore les armateurs désireux d'acquérir de nouveaux bateaux de pêche”, précise la chargée d'études de l'IEOM avant de poursuivre : “S'il y a moins de défiscalisation, les entreprises revoient forcément à la baisse leurs investissements.” Et qui dit baisse de l'investissement dit baisse de la croissance économique sur le moyen et long terme. Le Pays est prévenu…

Rédigé par Wendy Cowan le Mardi 4 Juin 2024 à 14:15 | Lu 4009 fois