Paris, France | AFP | mardi 14/04/2020 - Plusieurs pays d'Europe, à la faveur d'un ralentissement de la propagation du coronavirus, ont pris ou s'apprêtent à prendre des mesures de déconfinement de leur population, en avertissant que la route vers la guérison et un retour à la normale serait encore longue.
Après l'autorisation donnée lundi en Espagne aux travailleurs de reprendre le chemin des usines et des chantiers, à condition de porter des masques distribués à grande échelle, l'Autriche a permis mardi la réouverture prudente de ses petits commerces et de ses jardins publics.
A Vienne, près de la gare de Westbahnhof, Anita Kakac, une retraitée de 75 ans, a enfilé son masque et dit n'avoir "pas peur de sortir". "Je me réjouis de pouvoir acheter à nouveau des fleurs. Quand on voit ces couleurs, ça fait du bien à l'âme", dit-elle.
Le restaurateur Yvan Savic espère que le retour des clients dans les rues va faire revivre son établissement. "Pour l'instant, mon chiffre d'affaires est en baisse de 90% et la vente à emporter permet juste de donner encore un peu de travail aux employés", dit-il. "J'ai 20.000 euros de frais fixes, j'ai touché 1.000 euros d'aides de l'Etat".
Les clients doivent porter un masque et respecter les distances de sécurité. L'Autriche compte moins de 400 morts du Covid-19 pour une population de 9 millions d'habitants, comparable à celle de la ville de New York.
Plusieurs nations européennes envisagent de lui emboîter le pas prochainement. L'Allemagne, où la mortalité est restée inférieure à celle d'autres pays, doit annoncer mercredi un allègement des mesures coercitives, qui varient d'une région à l'autre.
Le président de l'Académie des sciences Leopoldina, dont les avis sont suivis par les autorités allemandes, a toutefois averti mardi que les stades et les salles de concert pourraient, dans le pire des scénarios, rester vides pendant dix-huit mois.
Risque de réintroduction
Lundi, le président Emmanuel Macron a évoqué une levée des restrictions et une réouverture progressive des écoles à compter du 11 mai en France, premier des grands pays les plus touchés (près de 15.000 décès) à s'engager dans cette voie. "L'épidémie commence à marquer le pas", a estimé le chef de l'Etat français. Les bars, restaurants ou cinémas y resteront toutefois fermés jusqu'à nouvel ordre, tout comme les frontières avec les pays non-européens. Et la plupart des grands festivals culturels de l'été sont d'ores et déjà annulés.
Également à l'arrêt quasi-total depuis plus d'un mois, l'Italie (plus de 20.000 morts) a elle aussi autorisé des réouvertures localisées et très limitées de certains commerces. Dans sa librairie de Syracuse, en Sicile, Marilla Di Giovanni se réjouit de voir revenir les clients. "C'est une fête", dit-elle. "Les gens entrent un par un, je leur demande de garder la distance de sécurité, mais c'est la dimension humaine qui revient".
En Islande, l'allègement progressif des mesures de confinement va commencer à compter du 4 mai, en commençant par la réouverture des lycées et des universités.
Quatre mois après l'apparition du virus en Chine, la pandémie a fait plus de 120.000 morts dans le monde et provoqué le confinement de plus de la moitié de l'humanité. Le ralentissement de sa progression en Europe et aux Etats-Unis ne doit pas provoquer de relâchement incontrôlé, a prévenu l'Organisation mondiale de la santé (OMS), soulignant que le virus est dix fois plus mortel que la grippe H1N1 apparue en mars 2009 au Mexique.
"Le risque de réintroduction et de résurgence de Covid-19 va continuer", a averti son patron, Tedros Adhanom Ghebreyesus, soulignant que la maladie constituerait une menace jusqu'à "la mise au point et la distribution d'un vaccin sûr et efficace".
Dans le course au traitement et au vaccin, qui mobilise chercheurs et laboratoires du monde entier, la Chine a annoncé mardi que deux vaccins expérimentaux supplémentaires passaient à la phase d'expérimentation sur l'homme. Un premier avait déjà franchi cette étape cruciale à la mi-mars. Le délai estimé avant une mise sur le marché est traditionnellement de 12 à 18 mois.
Plateau
A New York, "le pire est passé si nous continuons à être intelligents" a relevé le gouverneur de l'Etat Andrew Cuomo. "Si nous faisons quelque chose de stupide, vous verrez ces chiffres remonter dès demain", a-t-il prévenu tandis que le président Donald Trump a évoqué "un plateau" de l'épidémie.
A l'échelle des Etats-Unis, où la pandémie fait encore plus de 1.500 morts par jour pour près de 24.000 décès au total, la décision de "rouvrir" l'économie sera "la plus importante de ma vie", a reconnu Donald Trump. Son conseiller scientifique Anthony Fauci a estimé que l'économie pourrait redémarrer graduellement en mai.
Inquiétudes en Russie
La reprise du travail, bien entamée en Chine après la levée des mesures de confinement, est toutefois loin d'être à l'ordre du jour dans de nombreux autres pays.
En Inde, le Premier ministre Narendra Modi a annoncé mardi la prolongation au moins jusqu'au 3 mai du confinement de son pays de 1,3 milliard d'habitants.
Au Royaume-Uni, le pays n'a "toujours pas passé le pic" de l'épidémie, a relevé le ministre des Affaires étrangères Dominic Raab, qui dirige provisoirement le gouvernement en l'absence de Boris Johnson, convalescent après avoir été contaminé. 778 décès supplémentaires ont été enregistrés mardi dans le pays (contre 717 la veille), portant à plus de 12.000 le nombre de morts.
Sur le plan économique, le FMI a prévenu mardi que cette crise, "qui ne ressemble à aucune autre" allait provoquer une récession mondiale d'au moins 3% cette année.
"Le monde a radicalement changé en trois mois (...) Nous rencontrons une sombre réalité", a résumé Gita Gopinath, l'économiste en chef du Fonds monétaire international. "Il est très probable que cette année, l'économie mondiale connaîtra sa pire récession depuis la Grande Dépression" des années Trente et dépassera celle de la crise financière mondiale, a-t-elle ajouté.
Après l'autorisation donnée lundi en Espagne aux travailleurs de reprendre le chemin des usines et des chantiers, à condition de porter des masques distribués à grande échelle, l'Autriche a permis mardi la réouverture prudente de ses petits commerces et de ses jardins publics.
A Vienne, près de la gare de Westbahnhof, Anita Kakac, une retraitée de 75 ans, a enfilé son masque et dit n'avoir "pas peur de sortir". "Je me réjouis de pouvoir acheter à nouveau des fleurs. Quand on voit ces couleurs, ça fait du bien à l'âme", dit-elle.
Le restaurateur Yvan Savic espère que le retour des clients dans les rues va faire revivre son établissement. "Pour l'instant, mon chiffre d'affaires est en baisse de 90% et la vente à emporter permet juste de donner encore un peu de travail aux employés", dit-il. "J'ai 20.000 euros de frais fixes, j'ai touché 1.000 euros d'aides de l'Etat".
Les clients doivent porter un masque et respecter les distances de sécurité. L'Autriche compte moins de 400 morts du Covid-19 pour une population de 9 millions d'habitants, comparable à celle de la ville de New York.
Plusieurs nations européennes envisagent de lui emboîter le pas prochainement. L'Allemagne, où la mortalité est restée inférieure à celle d'autres pays, doit annoncer mercredi un allègement des mesures coercitives, qui varient d'une région à l'autre.
Le président de l'Académie des sciences Leopoldina, dont les avis sont suivis par les autorités allemandes, a toutefois averti mardi que les stades et les salles de concert pourraient, dans le pire des scénarios, rester vides pendant dix-huit mois.
Risque de réintroduction
Lundi, le président Emmanuel Macron a évoqué une levée des restrictions et une réouverture progressive des écoles à compter du 11 mai en France, premier des grands pays les plus touchés (près de 15.000 décès) à s'engager dans cette voie. "L'épidémie commence à marquer le pas", a estimé le chef de l'Etat français. Les bars, restaurants ou cinémas y resteront toutefois fermés jusqu'à nouvel ordre, tout comme les frontières avec les pays non-européens. Et la plupart des grands festivals culturels de l'été sont d'ores et déjà annulés.
Également à l'arrêt quasi-total depuis plus d'un mois, l'Italie (plus de 20.000 morts) a elle aussi autorisé des réouvertures localisées et très limitées de certains commerces. Dans sa librairie de Syracuse, en Sicile, Marilla Di Giovanni se réjouit de voir revenir les clients. "C'est une fête", dit-elle. "Les gens entrent un par un, je leur demande de garder la distance de sécurité, mais c'est la dimension humaine qui revient".
En Islande, l'allègement progressif des mesures de confinement va commencer à compter du 4 mai, en commençant par la réouverture des lycées et des universités.
Quatre mois après l'apparition du virus en Chine, la pandémie a fait plus de 120.000 morts dans le monde et provoqué le confinement de plus de la moitié de l'humanité. Le ralentissement de sa progression en Europe et aux Etats-Unis ne doit pas provoquer de relâchement incontrôlé, a prévenu l'Organisation mondiale de la santé (OMS), soulignant que le virus est dix fois plus mortel que la grippe H1N1 apparue en mars 2009 au Mexique.
"Le risque de réintroduction et de résurgence de Covid-19 va continuer", a averti son patron, Tedros Adhanom Ghebreyesus, soulignant que la maladie constituerait une menace jusqu'à "la mise au point et la distribution d'un vaccin sûr et efficace".
Dans le course au traitement et au vaccin, qui mobilise chercheurs et laboratoires du monde entier, la Chine a annoncé mardi que deux vaccins expérimentaux supplémentaires passaient à la phase d'expérimentation sur l'homme. Un premier avait déjà franchi cette étape cruciale à la mi-mars. Le délai estimé avant une mise sur le marché est traditionnellement de 12 à 18 mois.
Plateau
A New York, "le pire est passé si nous continuons à être intelligents" a relevé le gouverneur de l'Etat Andrew Cuomo. "Si nous faisons quelque chose de stupide, vous verrez ces chiffres remonter dès demain", a-t-il prévenu tandis que le président Donald Trump a évoqué "un plateau" de l'épidémie.
A l'échelle des Etats-Unis, où la pandémie fait encore plus de 1.500 morts par jour pour près de 24.000 décès au total, la décision de "rouvrir" l'économie sera "la plus importante de ma vie", a reconnu Donald Trump. Son conseiller scientifique Anthony Fauci a estimé que l'économie pourrait redémarrer graduellement en mai.
Inquiétudes en Russie
La reprise du travail, bien entamée en Chine après la levée des mesures de confinement, est toutefois loin d'être à l'ordre du jour dans de nombreux autres pays.
En Inde, le Premier ministre Narendra Modi a annoncé mardi la prolongation au moins jusqu'au 3 mai du confinement de son pays de 1,3 milliard d'habitants.
Au Royaume-Uni, le pays n'a "toujours pas passé le pic" de l'épidémie, a relevé le ministre des Affaires étrangères Dominic Raab, qui dirige provisoirement le gouvernement en l'absence de Boris Johnson, convalescent après avoir été contaminé. 778 décès supplémentaires ont été enregistrés mardi dans le pays (contre 717 la veille), portant à plus de 12.000 le nombre de morts.
Sur le plan économique, le FMI a prévenu mardi que cette crise, "qui ne ressemble à aucune autre" allait provoquer une récession mondiale d'au moins 3% cette année.
"Le monde a radicalement changé en trois mois (...) Nous rencontrons une sombre réalité", a résumé Gita Gopinath, l'économiste en chef du Fonds monétaire international. "Il est très probable que cette année, l'économie mondiale connaîtra sa pire récession depuis la Grande Dépression" des années Trente et dépassera celle de la crise financière mondiale, a-t-elle ajouté.