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Coprah : des interrogations sur la filière


Coprah : des interrogations sur la filière
PAPEETE, vendredi 19 octobre 2012. Le constat n’est pas nouveau : le coprah est en difficulté en raison, notamment, de la chute des cours mondiaux. C’est pourquoi une rallonge de 300 millions de Fcfp a été consentie à la Caisse de soutien aux prix du coprah par les élus de l’assemblée de Polynésie française, jeudi dernier. Mais, cette rallonge de fin d’année fait réagir les élus. En effet, il y a 11 mois, au moment de l’élaboration du budget 2011 du Pays, le cheminement inverse était opéré. 600 millions de Fcfp avaient été alors ôtés de la caisse du coprah pour renflouer un budget aux maigres recettes. «En 2011, le Pays n’avait plus de trésorerie et la caisse de soutien au coprah avait 600 millions de Fcfp de trésorerie dormante, voilà pourquoi nous les avons pris» reconnaît Pierre Frébault, ministre des finances.
Quoi qu'il en soit, ces jeux de yoyo avec des centaines de millions font réagir. D’autant que certains élus apprenaient que la S.A Huilerie de Tahiti, est sous le coup d’un redressement fiscal de 412 millions de Fcfp (sur les années 2008, 2009, 2010). Le lien, pour certains, était vite fait entre le besoin financier et la subvention. Mais, le ministre l’a dit et répété : «ces 300 millions de Fcfp que l’on accorde à la caisse du coprah ne serviront pas à payer le montant du redressement fiscal». Pierre Frébault, qui rappelait que ce contrôle fiscal avait été lancé sous un autre gouvernement que le sien, assurait même qu’il «apporterait un correctif à ce contrôle fiscal, tout en restant dans le droit fiscal. Nous allons transiger sur ce contrôle fiscal, car il n’est pas question de laisser l’Huilerie aller vers un dépôt de bilan». La situation est donc à ce point critique.

Cette mise en lumière des difficultés du coprah a relancé le vaste débat de l’avenir de cette filière. «Depuis 2008, c’est la première fois que je vois cette caisse du coprah dans une situation si grave» notait Sandra Lévy-Agami, représentante non inscrite. Pour Robert Tanseau (To Tatou Ai’a) «on se contente de verser de l’argent pour compenser la fluctuation des cours. Il manque un plan de gestion globale de la ressource». Le modèle économique mis en place depuis plusieurs années, de régénération de la cocoteraie dans les archipels, afin d’augmenter la production de coprah et d’huile est-il viable, quand les cours de l’huile, mondiaux, sont soumis à d’importantes fluctuations ? Armelle Merceron, représentante Ia Ora Te Fenua posait la question directement : «il faudrait faire le point sur l’état de la filière. On entend des informations inquiétantes sur la situation de l’huilerie, le coût du monoi et les ventes à l’exportation. Or, ce sont des secteurs qui obtiennent beaucoup d’argent du Pays. Comment le gouvernement voit-il le retour à une meilleure santé» ?

Les réponses des ministres présents sur le banc du gouvernement sont encore un peu floues. Pierre Frébault faisait allusion à une réunion, programmée dans 15 jours auprès de la SA Huilerie de Tahiti «pour voir les choses à mettre en place». Le Pays pourrait notamment consentir à ce que certaines taxes ne soient pas payées par cet établissement privé dont il est l’actionnaire ultra majoritaire (98% du capital). De son côté Daniel Herlemme, ministre du développement des archipels et de la régénération de la cocoteraie dressait le tableau de répartition des subventions versées par le Pays à la filière : 50% pour les coprahculteurs, 22% pour les propriétaires terriens, 15% pour l’huilerie, 6% pour les armateurs et 5% pour les producteurs de tourteau et lançait : «toute la Polynésie bénéficie de ces subventions». Il expliquait que de nombreux produits dérivés peuvent être tirés de la coprahculture et qu’une étude complète de la filière pouvait être confiée au Cirad de Montpellier, l’institut français de recherche agronomique. Il précisait enfin, que le recensement agricole qui vient de démarrer, concernait également un inventaire complet des cocoteraies. On y verra plus clair lorsque tous les arbres seront comptés…

Rédigé par Mireille Loubet le Vendredi 19 Octobre 2012 à 15:44 | Lu 2169 fois