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Condamnée pour avoir diffamé une journaliste


Tahiti, le 30 août 2022 – Une retraitée de l’éducation nationale a été condamnée mardi par le tribunal correctionnel à 150 000 Fcfp d’amende avec sursis pour avoir diffamé une journaliste de Polynésie La Première ainsi que l’entreprise elle-même. Mécontente d’un reportage télévisé, elle avait envoyé un mail à toutes les rédactions en tenant des propos injurieux à l’encontre de la journaliste et de son employeur. 
 
Drôle d’histoire abordée à la barre du tribunal correctionnel mardi matin. Une femme de 70 ans, retraitée de l’Éducation nationale, comparaissait devant la justice pour répondre de propos diffamatoires tenus à l’encontre d’une journaliste de Polynésie La 1ère et de la maison mère de la chaîne, France Télévisions. Le 19 juillet 2019, cette journaliste chevronnée avait réalisé un reportage concernant une enquête en cours sur une vaste escroquerie portant sur de la vente de vanille, organisée sur le modèle de la pyramide de Ponzi. Dans ce document télévisé, la journaliste avait recueilli de nombreux témoignages sur l’affaire. Parmi les personnes interrogées de manière anonyme se trouvait la fille de la prévenue qui avait alors indiqué que sa mère elle-même avait été victime de cette arnaque. 
 
La mère, qui était en froid avec sa fille, n’avait pas supporté que cette dernière fasse cette déclaration et avait rédigé un mail incendiaire à toutes les rédactions de presse en injuriant la journaliste et son employeur. À la barre du tribunal mardi, la septuagénaire –qui doit bientôt comparaître devant la justice dans le cadre d’une escroquerie à la CPS– a apporté des explications nébuleuses en affirmant qu’elle avait été affectée d’être désignée comme une victime. Elle a également expliqué qu’elle s’était mise en colère car elle se trouvait avec les enfants de l’une des femmes impliquées dans cette escroquerie à la vanille : ces derniers avaient été très secoués de voir leur mère mise en cause. Des explications très floues qui ont laissé un sentiment de non-dit à l’auditoire. 
 
“Courrier incendiaire”
 
En défense pour les parties civiles, Me Robin Quinquis a dénoncé une “vraie volonté de nuire” : “Lorsque l’on n’est pas content d’un reportage ou d’une publication de presse, un droit de réponse peut être organisé. Or là, ce n’est pas le véhicule qui a été utilisé par la prévenue. Elle a préféré adresser un courrier incendiaire et diffamatoire à l’encontre de toutes les rédactions de presse de Polynésie, mais aussi à France Télévisions au niveau régional, voire national. Au bout du deuxième courrier, ma cliente, qui est journaliste depuis vingt ans, ne pouvait plus se laisser agresser de la sorte et a décidé de porter plainte avec constitution de partie civile devant le juge d’instruction et une enquête a été faite. Il y eu une vraie volonté de nuire à ma cliente à titre personnelle mais aussi à ses fonctions de journaliste puisque l’on a bien compris qu’il lui était reproché d’avoir fait un reportage sur une escroquerie en cours dans laquelle la prévenue s’est sentie visée alors même qu’elle était présentée comme victime et non comme auteur des faits relatés dans ce reportage.”
 
L’avocat a également précisé que sa cliente avait “pris toutes les précautions qu’impose son métier, à savoir de flouter les personnes interrogées et d’anonymiser l’ensemble des déclarations afin de ne pas porter atteinte au secret de l’enquête et à ne pas sombrer dans la calomnie et la diffamation de sorte qu’il n’y avait rien à lui reprocher sur ses compétences professionnelles”. Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné la prévenue à une amende avec sursis de 150 000 Fcfp. Elle devra également verser 100 000 Fcfp de dommages et intérêts à la journaliste et 150 000 Fcfp à France Télévisions. 

Rédigé par Garance Colbert le Mardi 30 Août 2022 à 15:56 | Lu 6189 fois