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Communiqué du Tahoeraa: La baguette à 70 Fcfp et après ?


C’est l’histoire d’un joueur de flûte qui vivait dans un monde où le pain était la source de toutes les préoccupations. A peine son prix augmentait que le joueur de flûte ravivait les passions et sortait dans la rue, emportant derrière lui les gens de la ville, en troupes organisées, enchantées par sa douce musique.

Voilà qu’un jour, le joueur de flûte, meneur des rues à ses heures passées, vint à se retrouver installé au palais des rois, par ceux-là même qui hier le portaient avec acclamation. C’est alors qu’il commença à régner sur le destin de la ville. Très vite, il rangea sa flûte et se mit à chanter une vieille chanson, qu’on attribue, peut-être à tord, à une reine déchue, qui disait en refrain, « S’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche ».

En Polynésie française, la réalité n’a rien à envier à la fiction. Alors qu’hier Oscar Temaru, tel le joueur de flûte, n’hésitait pas à enflammer les foules à chaque occasion propice, à la moindre augmentation, même infime, du prix de la baguette de pain ou du carburant, aujourd’hui, le voilà-t-il installé au palais des rois, préférant laisser son fidèle ministre de l’économie, ex-chargé des finances, tenter de régler la situation avec les boulangers, pour qui, seule une augmentation du prix du pain à 70 Fcfp viendrait régler la situation.

Oscar Temaru et Pierre Frébault voudraient bien jouer la carte du « secteur trop aidé que l’on peut aider encore un peu plus » en renforçant le soutien du Pays sur les charges (électricité, farine…) afin que les boulangers puissent maintenir leur prix à 53 Fcfp. Ces derniers ont bien voulu rentrer dans leurs boulangeries respectives pour étudier cette proposition, sauf que pour l’instant, ils ont bel et bien maintenu leur avertissement au gouvernement et en prévision d’une grève de plusieurs jours, à défaut d’accord : pas de pain dans les magasins ce dimanche matin.

Même si on sait que le gouvernement d’Oscar Temaru ne regorge pas d’idées lumineuses pour gérer les situations de crise, à en voir tous les indicateurs de notre économie en chute libre et les prix à la hausse, il s’avère qu’encore une fois, c’est le petit qui paye. Le panier de la ménagère est en constante augmentation et le remplir est devenu un luxe, le taux de chômage avoisine le quart de la population active et le nombre de ressortissants au RSPF a augmenté de 51% en moins d’une décennie… pour ne citer que quelques exemples. La pauvreté et la faim sont les tristes réalités.

Certes notre pain est moins cher que dans bien des endroits dans le monde, et les revendications des boulangers sont à prendre en considération, mais il s’avère qu’il constitue pour beaucoup de nos familles les plus démunies, le seul repas, le matin et le soir, et parfois, même le midi. Sans pain dans le caddie un dimanche matin, c’est tout un symbole qui prend un coup et c’est le signe de toute une société qui s’effondre, comme à une époque, d’une certaine reine déchue, qui en perdit même la tête. N’est-il pas temps de se prendre en main ?

Rédigé par Tahoeraa Huiraatira le Dimanche 9 Septembre 2012 à 17:11 | Lu 719 fois