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Commune de Punaauia : Joshua Bordes-Pothier, agent social et homme au grand cœur


Le pôle social de la commune de Punaauia se situe à l'arrière du bâtiment principal de la mairie.
Le pôle social de la commune de Punaauia se situe à l'arrière du bâtiment principal de la mairie.
Toutes les communes du fenua ont leur lot de laissés pour compte. Les cellules sociales de chaque mairie, soutenues par les services territoriaux doivent faire face à la misère causée en grande partie par la crise économique. Le nombre d’individus ou de familles concernées augmentent d’année en année, mais malgré les difficultés, les agents sociaux communaux partagent leur quotidien. L’un d’entre eux nous parle de son implication qui relève de l’abnégation.   
 
Cela fait deux ans que Joshua Bordes-Pothier s’occupe, du mieux qu’il peut, de personnes qui ont sombré dans la misère la plus totale. Il est agent au pôle social de la commune de Punaauia. La misère, il la voit à longueur de journée. De jour comme de nuit, il tente de régler des situations dont certaines frôlent le drame. Fort heureusement, une discussion raisonnée finit toujours par ramener le calme.

Ayant été agent de la police municipale durant 14 années, il a eu l’occasion d’assister à des scènes difficiles, sauf qu’aujourd’hui, dans son nouveau rôle, il en connaît et comprend les raisons. Contrairement aux idées reçues, les personnes suivies par Joshua ne sont pas toujours dans la rue par manque d’argent. Lorsqu’il vient à leur rencontre, il s’aperçoit que ces derniers ont besoin d’être écoutés, entendus. S’ajoute à cela le rejet familial. La conjugaison de tous ces facteurs mènent parfois au drame.

De 7h00 à 22h00, Joshua peut être appelé à n’importe quel moment. Depuis ses débuts dans le social, il s’est occupé d’une vingtaine de personnes (réception des individus, accompagnement durant les procédures de prises en charge, suivi des placements en centres ou en famille d’accueil et visites régulières). Et cela continue. Récemment encore, une dizaine de personnes complètement désœuvrées, ont squatté l’étage de la mairie de Punaauia. Ils sont arrivés de manière progressive et ont vécu là au gré de la générosité des uns et des autres. Les cantiniers de la cafétéria communale s’étaient même émus de la situation, offrant parfois de la nourriture.



Ici, Joshua Bordes-Pothier, ex agent de la police municipale reconverti en agent social depuis deux ans.
Ici, Joshua Bordes-Pothier, ex agent de la police municipale reconverti en agent social depuis deux ans.
L’engagement personnel en plus.

 Les affaires sociales de la mairie ont pris la relève. « Les moyens de la commune sont restreints ». Mais parfois, l’implication de l’agent du pôle social est personnelle. « Je m’implique financièrement aussi car je veux aller jusqu’au bout de ma démarche de soutien. Je ne me sens pas obligé, mais  si je le fais, c’est parce que j’y crois et que ces personnes ont besoin d’être comprises. » explique t-il. Toutefois, il ne mélange pas les aspects professionnels et privés : « Habituellement, la commune fait de l’administration. La prise en charge d’une personne qui se présente à nous se fait par une procédure bien définie. Son cas est étudié, puis une décision est prise après cela. Tout est fait selon les règles. »

Les difficultés quotidiennes et le manque de moyens n’empêchent pas Joshua de croire en un avenir meilleur. « Biensûr qu’il est impossible d’éradiquer les problèmes sociaux, mais bien que l’argent fait parfois défaut, c’est avant tout le facteur humain qui fait la différence. Ce que je veux dire, c’est que si le cœur est gros comme ça (il fait un geste qui décrit le mot) alors qu’il n’y a que peu d’argent, on peut quand même faire de grandes choses ! » dit-il avec conviction.

D’ailleurs, il a de grands projets en faveur de ceux qu’il côtoie toute la journée : la création d’une grande épicerie sociale à Punaauia. Un projet auquel il tient par-dessus tout. « Ce sera un endroit où l’on pourra orienter les familles qui ne pourront plus s’acheter à manger dans les grandes surfaces ou les magasins de quartier. » prévoit-il déjà. « Je ferai tout pour que ce projet voit le jour. Si ce n’est pas pour aujourd’hui, ce sera pour demain, mais cette épicerie existera bel et bien ! Vous savez pourquoi ? Parce qu’il y a  beaucoup de gens généreux chez nous.» Et comme pour achever de convaincre, il rajoute sans hésitation : « Notre travail consiste à redonner, à ceux qui viennent nous voir, le peu de dignité qu’il leur reste. Vous savez, la dignité, c’est comme une plante. Quand on l’arrose, elle reprend goût à la vie. »
 
TP
 
 
 

Rédigé par TP le Mardi 5 Février 2013 à 15:03 | Lu 1097 fois