PAPEETE, le 19 janvier 2016. Les chercheurs David Lecchini du Criobe, à Moorea, et Eric Parmentier, de l'Université de Liège, ont démontré que les poissons communiquent entre eux en émettant des bruits grâce à leurs dents, leur vessie natatoire… On est ainsi loin du "monde du silence" dont parlait le commandant Cousteau pour décrire l'océan.
Les récifs coralliens représentent moins de 1% de la surface des océans et pourtant ils sont l’un des plus hauts lieux de biodiversité de la planète puisqu’ils hébergent près de 25% de la biodiversité marine. Ces récifs sont toutefois extrêmement sensibles aux perturbations naturelles et anthropiques. On estime que 20% des récifs coralliens ont définitivement disparu, 25% sont actuellement soumis à une forte pression humaine et 25% seront menacés d’ici 2050.
Dans ce contexte, il est urgent d’accroitre les connaissances scientifiques sur les récifs coralliens afin de mieux les protéger sur le long terme. Il y a dix ans, David Lecchini, directeur d’études à l'Ecole pratique des hautes études (EPHE) et au Centre de recherches insulaires et observatoire de l’environnement (Criobe), et Eric Parmentier, qui dirige le Laboratoire de morphologie fonctionnelle et évolutive de l’Université de Liège, se sont lancés dans l’étude de la communication chez les poissons dans les récifs coralliens afin de comprendre les interactions des poissons entre eux et aussi avec leur environnement face aux changements climatiques. Ils ont ainsi placé des micro-enregistreurs dans différents types d'habitats marins de Moorea (mangrove, récif… )
Les récifs coralliens représentent moins de 1% de la surface des océans et pourtant ils sont l’un des plus hauts lieux de biodiversité de la planète puisqu’ils hébergent près de 25% de la biodiversité marine. Ces récifs sont toutefois extrêmement sensibles aux perturbations naturelles et anthropiques. On estime que 20% des récifs coralliens ont définitivement disparu, 25% sont actuellement soumis à une forte pression humaine et 25% seront menacés d’ici 2050.
Dans ce contexte, il est urgent d’accroitre les connaissances scientifiques sur les récifs coralliens afin de mieux les protéger sur le long terme. Il y a dix ans, David Lecchini, directeur d’études à l'Ecole pratique des hautes études (EPHE) et au Centre de recherches insulaires et observatoire de l’environnement (Criobe), et Eric Parmentier, qui dirige le Laboratoire de morphologie fonctionnelle et évolutive de l’Université de Liège, se sont lancés dans l’étude de la communication chez les poissons dans les récifs coralliens afin de comprendre les interactions des poissons entre eux et aussi avec leur environnement face aux changements climatiques. Ils ont ainsi placé des micro-enregistreurs dans différents types d'habitats marins de Moorea (mangrove, récif… )
Les dents ou leur vessie natatoire utilisée
Ce schéma permet de mettre en évidence deux comportements des poissons (à gauche : attirance d’une femelle par un mâle, à droite : combat entre deux mâles) et des sons associés dans les récifs coralliens.
e commandant Cousteau considérait l’océan comme un "monde de silence". Pour lui, seuls les mammifères marins communiquaient dans l’océan. Mais les deux chercheurs ont pu démontrer que "les poissons parlent aux poissons". Ils ne parlent pas de "vive voix" puisqu'ils n'ont pas de corde vocale mais ils ont une multitude de mécanismes permettant d’émettre des bruits. Certains utilisent leur vessie natatoire pour émettre des sons sourds, un peu comme un tambour. D'autres font des sons de stridulation en frottant deux structures l’une contre l’autre comme les dents par exemple. Les demoiselles font ainsi du bruit avec leurs dents pour attirer les femelles ou défendre leur territoire vis-à-vis de poissons de la même espèce ou d’autres. "Cette communication acoustique est essentielle dans de nombreux processus clés du cycle de vie des poissons comme lors du recrutement des larves dans les récifs après leur phase océanique dispersive, ou lors des interactions entre les poissons adultes pour la défense d’un territoire, pour la recherche d’un partenaire sexuel", remarque David Lecchini. Au sein d'une même espèce, les individus utilisent le même langage mais au sein d'une espèce l'intensité peut varier. Elle est notamment plus faible chez les juvéniles.
Les poissons communiquent aussi de manière visuelle ou olfactive. Certains libèrent ainsi des molécules à l'arrivée d'un prédateur pour prévenir du danger.
Les différents habitats du récif portent donc des signatures acoustiques différentes : bruit des vagues qui se cassent sur les récifs, poissons qui mangent les coraux, communication entre les différents animaux. "Grâce à ces signaux acoustiques, les larves de poissons qui passent entre 10 et 120 jours dans l’océan, une sorte de désert monotone, parviendraient à retrouver leur oasis, le récif corallien", explique David Lecchini, du Criobe.
Malheureusement, les activités humaines (pollution, bruit des bateaux, surpêche, aménagement littoral) et le réchauffement climatique perturbent cette communication.
Les poissons communiquent aussi de manière visuelle ou olfactive. Certains libèrent ainsi des molécules à l'arrivée d'un prédateur pour prévenir du danger.
Les différents habitats du récif portent donc des signatures acoustiques différentes : bruit des vagues qui se cassent sur les récifs, poissons qui mangent les coraux, communication entre les différents animaux. "Grâce à ces signaux acoustiques, les larves de poissons qui passent entre 10 et 120 jours dans l’océan, une sorte de désert monotone, parviendraient à retrouver leur oasis, le récif corallien", explique David Lecchini, du Criobe.
Malheureusement, les activités humaines (pollution, bruit des bateaux, surpêche, aménagement littoral) et le réchauffement climatique perturbent cette communication.
Un projet de science participative
David Lecchini et Eric Parmentier souhaitent lancer en octobre un projet européen pour évaluer la santé des récifs coralliens grâce à une surveillance acoustique. Il s'agit pour les deux scientifiques de créer un logiciel de reconnaissance acoustique sous-marine que pourraient utiliser les plaisanciers, notamment ceux qui font des tours du monde. Un micro étanche serait placé sous leur navire. Les navigateurs pourraient ainsi identifier si l'écosystème qui est sous leur embarcation est bonne santé ou non et ces sons pourraient ensuite être envoyés aux deux scientifiques. A terme, une carte des récifs coralliens selon leur santé pourrait être réalisée.
Ce projet est financé à 100 % par la Fondation Total.
Ce projet est financé à 100 % par la Fondation Total.