Bruxelles, Belgique | AFP | mardi 26/03/2024 - Abandon des jachères obligatoires, haies, contrôles... Les Vingt-Sept ont approuvé mardi une révision de la PAC détricotant ses règles environnementales, et discuté de pistes pour doper les revenus des agriculteurs, alors que des heurts ont opposé manifestants et policiers à Bruxelles.
Au grand dam des ONG écologistes, la Commission européenne a proposé mi-mars d'assouplir, voire de supprimer une partie des critères "verts" que la nouvelle Politique agricole commune impose depuis 2023 aux exploitations.
Réclamées par les Etats face à la colère agricole qui balaye le continent, ces révisions législatives ont été entérinées sans changement substantiel par des représentants des Vingt-Sept et seront désormais examinées en urgence par les eurodéputés.
Le sujet a aussi été discuté par les ministres de l'Agriculture réunis mardi à Bruxelles, alors qu'environ 250 tracteurs selon la police ont convergé dans le quartier européen, après de précédentes mobilisations en février.
Klaxons, jets d'oeufs, feux de foin ou de pneus, mais également des heurts: un homme a été arrêté pour jet de cocktails molotov et deux policiers ont été blessés, selon les forces de l'ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogène et canons à eau.
"Nous n'avons pas oublié les agriculteurs! On s'attaque à la PAC pour apporter plus de flexibilité, des réponses qui permettront d'augmenter leurs revenus", a déclaré le ministre belge David Clarinval.
Bruxelles propose de supprimer complètement l'obligation de laisser au moins 4% des terres arables en jachères ou surfaces non-productives. Une exigence qui faisait partie des contraintes vertes jugées impraticables par les organisations agricoles.
L'obligation de rotation des cultures serait remplacée par une simple "diversification", le maintien de prairies permanentes serait considérablement assoupli et, en cas d'épisodes climatiques extrêmes, des dérogations seraient possibles pour éviter des pénalités.
Enfin, les exploitations de moins de 10 hectares seraient exemptées de contrôles liés aux règles environnementales.
Autant de mesures approuvées par une majorité qualifiée d'Etats, malgré les réticences de l'Allemagne.
"Ce n'est pas avec d'anciennes recettes qu'on obtiendra de meilleurs résultats. Il faut éviter le piège de penser qu'en mettant en danger les récoltes dans 10, 20 ou 50 ans, nous rendons service aux agriculteurs", s'est agacé le ministre allemand, l'écologiste Cem Özdemir.
"Retour en arrière"
"L'inquiétude, c'était de déclarer des choses qui ne se concrétisent pas dans les cours de ferme: il faut veiller à ce que ces propositions soient affinées et précisées", notamment sur les prairies, "mais ce paquet tel que proposé va dans la bonne direction", s'est félicité le ministre français Marc Fesneau.
Le Copa-Cogeca, organisation des syndicats agricoles majoritaires européens, a également salué "des flexibilités accrues, prenant en compte les spécificités locales".
A l'inverse, 16 ONG environnementales, dont WWF, Greenpeace ou ClientEarth, ont appelé lundi la Commission à "retirer sa proposition législative", un "retour en arrière" susceptible de dégrader les écosystèmes. Elles se disent "consternées" de son élaboration "en moins de trois semaines (...) sans étude d'impact ni consultations significatives" à rebours des règles de l'UE.
Autre chantier: garantir des prix "équitables" aux agriculteurs dans la chaîne agroalimentaire face aux pressions des transformateurs et distributeurs.
La Commission européenne a dévoilé une "feuille de route" proposant la création d'un "observatoire" sur les prix de production et une évaluation des règles existantes sur les pratiques commerciales déloyales, sans nouvelle proposition législative pour l'heure.
En "écho" aux règles françaises Egalim, "la Commission ouvre pour la première fois cette question des rémunérations au niveau européen. Il faut continuer à travailler, mais ne demandons pas de régler en 15 jours ce qui traîne depuis 20 ou 25 ans", a commenté Marc Fesneau.
Pas de quoi convaincre les agriculteurs manifestants du syndicat wallon Fugea, qui dénoncent des "propositions insuffisantes pour s'attaquer aux causes profondes" du malaise agricole et réclament "la fin des accords de libre-échange" jugés déloyaux.
"Nous ne voyons encore aucune proposition pour résoudre ce problème des importations venant de pays tiers à des prix similaires ou inférieurs mais ne respectant pas nos normes élevées sur l'environnement, le bien-être animal", reconnaît le ministre letton Armands Krauze.
Autre sujet sensible: l'accord récent pour reconduire l'exemption de droits de douane dont bénéficie l'Ukraine tout en plafonnant certains produits agricoles. Il sera examiné mercredi au niveau des ambassadeurs des Vingt-Sept, certains Etats, dont la France, réclamant que ce plafonnement soit étendu au blé.
Au grand dam des ONG écologistes, la Commission européenne a proposé mi-mars d'assouplir, voire de supprimer une partie des critères "verts" que la nouvelle Politique agricole commune impose depuis 2023 aux exploitations.
Réclamées par les Etats face à la colère agricole qui balaye le continent, ces révisions législatives ont été entérinées sans changement substantiel par des représentants des Vingt-Sept et seront désormais examinées en urgence par les eurodéputés.
Le sujet a aussi été discuté par les ministres de l'Agriculture réunis mardi à Bruxelles, alors qu'environ 250 tracteurs selon la police ont convergé dans le quartier européen, après de précédentes mobilisations en février.
Klaxons, jets d'oeufs, feux de foin ou de pneus, mais également des heurts: un homme a été arrêté pour jet de cocktails molotov et deux policiers ont été blessés, selon les forces de l'ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogène et canons à eau.
"Nous n'avons pas oublié les agriculteurs! On s'attaque à la PAC pour apporter plus de flexibilité, des réponses qui permettront d'augmenter leurs revenus", a déclaré le ministre belge David Clarinval.
Bruxelles propose de supprimer complètement l'obligation de laisser au moins 4% des terres arables en jachères ou surfaces non-productives. Une exigence qui faisait partie des contraintes vertes jugées impraticables par les organisations agricoles.
L'obligation de rotation des cultures serait remplacée par une simple "diversification", le maintien de prairies permanentes serait considérablement assoupli et, en cas d'épisodes climatiques extrêmes, des dérogations seraient possibles pour éviter des pénalités.
Enfin, les exploitations de moins de 10 hectares seraient exemptées de contrôles liés aux règles environnementales.
Autant de mesures approuvées par une majorité qualifiée d'Etats, malgré les réticences de l'Allemagne.
"Ce n'est pas avec d'anciennes recettes qu'on obtiendra de meilleurs résultats. Il faut éviter le piège de penser qu'en mettant en danger les récoltes dans 10, 20 ou 50 ans, nous rendons service aux agriculteurs", s'est agacé le ministre allemand, l'écologiste Cem Özdemir.
"Retour en arrière"
"L'inquiétude, c'était de déclarer des choses qui ne se concrétisent pas dans les cours de ferme: il faut veiller à ce que ces propositions soient affinées et précisées", notamment sur les prairies, "mais ce paquet tel que proposé va dans la bonne direction", s'est félicité le ministre français Marc Fesneau.
Le Copa-Cogeca, organisation des syndicats agricoles majoritaires européens, a également salué "des flexibilités accrues, prenant en compte les spécificités locales".
A l'inverse, 16 ONG environnementales, dont WWF, Greenpeace ou ClientEarth, ont appelé lundi la Commission à "retirer sa proposition législative", un "retour en arrière" susceptible de dégrader les écosystèmes. Elles se disent "consternées" de son élaboration "en moins de trois semaines (...) sans étude d'impact ni consultations significatives" à rebours des règles de l'UE.
Autre chantier: garantir des prix "équitables" aux agriculteurs dans la chaîne agroalimentaire face aux pressions des transformateurs et distributeurs.
La Commission européenne a dévoilé une "feuille de route" proposant la création d'un "observatoire" sur les prix de production et une évaluation des règles existantes sur les pratiques commerciales déloyales, sans nouvelle proposition législative pour l'heure.
En "écho" aux règles françaises Egalim, "la Commission ouvre pour la première fois cette question des rémunérations au niveau européen. Il faut continuer à travailler, mais ne demandons pas de régler en 15 jours ce qui traîne depuis 20 ou 25 ans", a commenté Marc Fesneau.
Pas de quoi convaincre les agriculteurs manifestants du syndicat wallon Fugea, qui dénoncent des "propositions insuffisantes pour s'attaquer aux causes profondes" du malaise agricole et réclament "la fin des accords de libre-échange" jugés déloyaux.
"Nous ne voyons encore aucune proposition pour résoudre ce problème des importations venant de pays tiers à des prix similaires ou inférieurs mais ne respectant pas nos normes élevées sur l'environnement, le bien-être animal", reconnaît le ministre letton Armands Krauze.
Autre sujet sensible: l'accord récent pour reconduire l'exemption de droits de douane dont bénéficie l'Ukraine tout en plafonnant certains produits agricoles. Il sera examiné mercredi au niveau des ambassadeurs des Vingt-Sept, certains Etats, dont la France, réclamant que ce plafonnement soit étendu au blé.